Edéa : Alucam organise l’esclavage  à ciel ouvert
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Les responsables de cette entreprise ont savamment mis sur pied un système mafieux leur permettant de se faire pleines les poches au détriment d’une masse salariale sous-payée et désemparée. Toutes les revendications des syndicalistes dont l’objectif est d’améliorer la qualité de vie des travailleurs de l’alumine sont restées lettres mortes. À cause de l’aphonie de l’élite locale et de l’anomie des pouvoirs publics, ces prolétaires contemporains ont perdu tous leurs moyens.

Né en 1954 à Marseille en France et diplômé d’études comptables supérieures, Alain Malong est Directeur général de la société Alucam depuis 2009. Il est aussi le Consul honoraire du Canada depuis le 13 juin 2018. Anciennement Directeur des affaires administrative et financière pendant plusieurs décennies, il est donc ce haut cadre qui connaît très bien tous les rouages de cette entreprise qui le recruta en 1986. Sa prise de fonctions à la tête du Groupe industriel Alucam/Socatral coïncidait avec l’entrée en 2010 du géant minier Rio Tinto Alcan dans le portefeuille d’Alucam.

Le projet d’extension de l’usine Alucam était à l’ordre du jour et sa réalisation devrait booster l’économie camerounaise d’autant plus que le géant anglo-australien comptait investir près de 700 milliards de F CFA et générer de milliers d’emplois. Il incombait donc à Alain Malong et à son équipe d’imprimer leurs marques dans la réalisation de cet ouvrage. Mais contre toute attente, le 18 octobre 2014, la nouvelle tombe comme un couperet. Le mastodonte Rio Tinto Alcan annonce son intention de se retirer de l’actionnariat de l’Alucam où il détenait des actifs à l’ordre de 46,67% ; à part égale avec l’Etat du Cameroun.

Laxisme

Le projet d’extension de l’usine Alucam était à l’ordre du jour et sa réalisation devrait booster l’économie camerounaise d’autant plus que le géant anglo-australien comptait investir près de 700 milliards de F CFA et générer de milliers d’emplois. Il incombait donc à Alain Malong et à son équipe d’imprimer leurs marques dans la réalisation de cet ouvrage. Mais contre toute attente, le 18 octobre 2014, la nouvelle tombe comme un couperet. Le mastodonte Rio Tinto Alcan annonce son intention de se retirer de l’actionnariat de l’Alucam où il détenait des actifs à l’ordre de 46,67% ; à part égale avec l’Etat du Cameroun.

Les employés Alucam réclament régulièrement leur intéressement qui est une prime à eux allouée mensuellement en raison de leur statut d’actionnaire à l’ordre de 1,1%. Fondée depuis 1957 avant l’indépendance du Cameroun, la société Alucam n’a connu aucune cure de jouvence depuis la nuit des temps. L’outillage est vétuste, la matière première (brai, coke, alumine) est manquante, les conditions de travail laissent à désirer, les normes de sécurité ne sont plus respectées, le matériel de bureau se raréfie au dur et à mesure etc… Le chapelet des manquements est long … très long ; difficile à égrener. Toutefois, les responsables de cette entreprise roulent carrosse à cause d’une mafia savamment mise sur pied.

Mafia tropicale

Sur le site officiel d’Alucam on peut lire que : « L’entreprise compte environ 600 employés permanents et s’appuie également sur un important nombre d’emplois indirects ». En tenant compte de l’importante main d’œuvre ouvrière qu’on retrouve aussi bien chez les intérims Shooting Star et Emploi Service que chez les sous-traitants, nous avons dans les 2000 travailleurs à Alucam. Selon nos informations, la plupart n’est même pas déclarée à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps).

Voici comment la mafia est organisée. La même entreprise a trois catégories de travailleurs : primo les employés de la société Alucam en elle-même ; secundo les intérimaires et tertio les prestataires. Les intérimaires et les prestataires quant à eux émargent chez Shooting Star et Emploi Service. Ce sont des sociétés écran mises sur pied pour spolier les travailleurs. Elles sont contrôlées par les responsables d’Alucam. Mme Minka d’Emploi Service et Mme Epee de Shooting Star ne sont que des faire-valoir, à en croire nos sources. On parle ici de délit d’initié car les dirigeants d’Alucam sont aussi des prestataires de service. En d’autres termes, ils sont au début et à la fin du processus.

Traversée du désert

De prestataire ou intérimaire à Employé Alucam, le chemin est généralement très long et sinueux, plein d’embuches et d’aspérités. Ceux qui ont la chance font 20 ans d’attente d’embauche sinon il faut compter toute une vie pour être agent Alucam. Il s’agit d’emplois indirects qui représentent 80% des effectifs puisque des gens vont à la retraite mais ne sont pas remplacés. Ces intérimaires sont au cœur du métier dans les opérations de laminage, de coulée, de lingots, de production sur les cuves à l’électrolyse, de gestion de la sous station etc… Des taches importantes qu’on ne saurait confier aux sous-traitants.

C’est eux en réalité qui font tourner la machine (plus que les agents Alucam) mais les dirigeants se sucrent des retombées de leur dur labeur et comme qui dirait, le travail dépasse toujours l’argent. En d’autres termes il s’agit d’une forme d’esclavage moderne qui ne dit pas son nom. Et la plupart de ces intérimaires et prestataires n’ont pas ce fameux intéressement puisqu’ils ne sont pas encore agents Alucam. Plus grave, leurs primes de transport et de logement viennent d’être revues à la baisse.

Gardiens ou agents de sûreté

Une autre catégorie de prolétaires d’Alucam se trouve dans les métiers de sureté, de sécurité et de gardiennage. Pourtant Alucam n’utilise pas les gardiens mais plutôt des agents de sûreté capables d’utiliser les radios et autres. La plupart est embauchée en 1ère catégorie suivant la convention collective du gardiennage (32. 000 F CFA salaire de base) mais leur grille salariale est celle des bars et restaurants (42.000 F CFA salaire de base). Ils sont sans perspective d’évolution et passent 15 ans voire 20 ans sans avancement de catégorie. Ils dépendent de l’Hostellerie de la Sanaga dont le Directeur général est l’irréfragable Angèle Modi Koko qui est en même temps directrice des ressources humaines d’Alucam/Socatral.

Le commun des mortels sait pourtant que l’Hostellerie n’a pas les compétences d’une société de gardiennage comme Africa Security par exemple mais les activités de sécurité et de sûreté de l’entreprise sont gérées par l’Hostellerie. C’est que le gardiennage est le business de Titi Manyaka, (l’ancien Dg d’Alucam) d’Alain Malong le Dg actuel, de Modi Koko et de Blaise Kanga le Directeur Financier qui veille au grain. C’est peut-être pour cette raison qu’on le voit tous les soirs à l’hostellerie.

Sous-traitance ou maltraitance ?

Les employés des sous-traitants sont encore une autre catégorie qui ne dépend pas d’Alucam. Ici encore l’ombre des dirigeants d’Alucam plane. On parle de racket, chantage et pots de vin. C’est un vaste réseau de corruption et de magouilles. Il faut graisser la patte des dirigeants sinon on n’a pas le marché. Ici, les chef-services d’Alucam ayant la bonne maîtrise de l’activité sont sur le devant de la scène et sont directement en contact avec les opérateurs économiques. Les travailleurs quant à eux sont jetés aux orties : pas de contrat de travail, pas de cotisations à la Cnps, pas de sécurité au travail, pas de prises en charge sanitaire, baisses de salaire, arriérés de salaire etc … C’est le véritable enfer. C’est la géhenne. La souffrance est intolérable.

On déplore aussi un manque de syndicat des sous-traitants qui sont incapables de s’entendre afin de se positionner comme de véritables interlocuteurs à Alucam ; l’idée étant de contribuer à l’amélioration des conditions de travail des employés. Ce milieu est un véritable panier à crabes. La bataille entre eux est mortelle et tous les coups sont permis.

Luxe ostentatoire

Au regard de la crise qui secoue Alucam ces derniers temps, certains travailleurs notamment ceux qui émargent chez les sous-traitants ont deux voire trois mois d’arriérés de salaire. La situation est suicidaire. Le climat social est surchauffé. La plupart des sous-traitants locaux sont actuellement ruinés à cause des factures qu’Alucam refuse de payer sous le fallacieux prétexte que les caisses sont vides. Mais l’opinion publique aimerait bien savoir où les dirigeants trouvent-ils de l’argent pour s’offrir des Fortuna et Prado de luxe ? Où trouve t-ils de l’argent pour entretenir des maîtresses importées de l’Europe et logées dans les chambres douillettes de l’hostellerie et ce pendant des mois ?
Les dirigeants ne ménagent aucun effort pour faire rayonner l’image d’Alucam hors de leur clôture. Les signes de bien-être sont visibles de l’extérieur, quand on les voit passer dans de rutilants véhicules derniers cris. Ils habitent dans de luxueux logements mais leurs employés sont réduits à l’esclavage et à la mendicité.
L’esclavage est considéré comme un crime contre l’humanité et avait été aboli au 19e siècle partout dans le monde. Son histoire est liée à la canne à sucre, aux charbonnages mais aussi aux mines. Alain Malong, à travers Alucam, a réussi à reproduire tous les schémas scandaleux et innommables de la traite négrière à Edéa.

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