Les candidats et les slogans de campagne
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Les slogans des candidats au scrutin du 7 octobre véhiculent à suffisance leurs intentions à l’issue du vote. Ces différents messages ont un effet réel sur les potentiels électeurs.

L’homme du 6 novembre 1982, en se portant candidat pour la septième fois consécutivement, soit 36 ans au poste de président de la République, sait pertinemment que l’argument fatal que pourrait utiliser ses détracteurs pour mettre à mal une telle initiative est sa longévité au pouvoir.

Il a réussi le tour de transformer cette situation en une opportunité : la longévité est un atout, un vivrier où le candidat tire sa force. Une façon aussi claire de dire à ses adversaires politiques que la course vers Etoudi a pour principal critère l’expérience. Ainsi, selon l’acception du candidat président, plus on a de l’expérience, mieux on a les qualités pour que la gardienne du temple présidentielle vous accueille dans ses bras.

C’est en s’appuyant sur la maîtrise de cette réalité qu’il a pu dire au président François Hollande que « ne dure pas au pouvoir celui qui veut mais celui qui peut. »Traduction, on ne demande pas à un chef de l’Etat de quitter le pouvoir parce que ne peut y rester que celui qui a les moyens de sa politique. On sait que ce dernier n’a séjourné au palais de l’Elysée qu’un seul quinquennat. Bien plus, celui qui a davantage théorisé « la force de l’expérience » est le Pr. Luc Sindjoun, le conseiller spécial de Paul Biya, qui récemment martelait devant une foule conquise :

« Paul Biya est l’homme des trois temps : du passé, du présent et du futur. En des- sous de sa candidature existent d’autres candidatures certes très bruyantes mais qui vont se dégonfler au contact du suffrage populaire ! » L’homme de l’expérience avec bien sûr ses hauts et ses bas, ses échecs et ses succès.

Un slogan polémique

Par ailleurs, c’est aussi un slogan qui a suscité beaucoup de controverses sur les réseaux sociaux. La critique, la toute première est venue de sa transcription en anglais : « The force of experience ». De l’avis des spécialistes de la langue de Shakespeare, il aurait fallu écrire « Stength of experience ». Après ce mauvais bain administré au slogan du candidat président, d’aucuns ont pensé qu’il ne fallait pas en arrêter là.

Ses détracteurs se sont jetés dans les tiroirs de l’histoire pour nous dire qu’en fait le regretté président de la République gabonaise, Omar Bongo Ondimba, avait lui aussi battu sa dernière campagne, du reste remporté avec un score de 79,18 %, en novembre 2005 sous une bannière similairement estampillée : « la force de l’expérience ». Le candidat Paul Biya aurait donc plagié le slogan de sa campagne ! Crime de lèse-majesté ! En un mot, ce slogan de la candidature de Paul Biya s’inscrit dans la continuité et l’ordre des choses selon Paul Biya. On peut retenir par le passé :

« l’homme lion »,« les grandes ambitions », « les grandes réalisations »et voici la« force de l’expérience ». C’est donc un mandat où Paul Biya va montrer au Camerounais comment il a gagné en expérience, en dextérité au cours de ses 36 ans de magistère suprême.

Crise anglophone

Ceux des Camerounais qui doivent adhérer à cette acception devraient à tout le moins savoir les dossiers sur lesquels devraient compter l’expérience du président de la République : la crise des deux régions anglophones en cours, Boko Haram dans la partie septentrionale du pays, l’arrimage du Cameroun à la modernité dans les différents secteurs de la vie nationale, autant dire un chantier titanesque.

L’exemple le plus immédiat qui va se matérialiser en mondovision est l’attribution définitive et l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de football (Can) au Cameroun. Quelqu’un a dit dans le Dja et Lobo, précisément dans l’arrondissement de Meyomessala, le weekend dernier que Paul Biya est un vin qui se bonifie avec le temps.

Mais ce temps qui le rend bon ou expert, joue-t-il aussi en faveur de tous les Camerounais ? Qu’importe la réponse, au cas où Paul Biya raflerait la mise, il devient une urgence, comme le reconnais- sait un militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) rencontré à Bengbis le weekend dernier, « d’opérer un virage de 90 degrés en matière de gouvernance et permettre aux jeunes d’avoir aussi la voix au chapitre ».La pré- occupation deviendrait tout simplement une sorte d’aggiornamento pouvoir de Paul Biya.

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