Mathias Eric Owona Nguini : «La logique veut que les candidats acceptent les règles jusqu’au bout»
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A 48 heures de la fin de la campagne électorale pour la présidentielle du 7 octobre 2018,  comment  appréciez-vous le déroulement des opérations électorales et le comportement des différents acteurs ?

Pour l’instant, la campagne électorale se déroule relativement bien. Elle est marquée par une forte attention des partis pour les programmes. Plus qu’en 2011, les partis politiques ont apporté un soin à construire leur offre programmatique. On voit également que ces partis intègrent plus professionnellement les exigences de la communication et du marketing politique et font abondamment recours à ces techniques de démarchage.

On constate également un certain engouement populaire par rapport à l’élection présidentielle de 2011 qui se traduit dans une forte affluence dans  les meetings. Ce qui est un indicateur, même relatif, du regain d’intérêt que les Camerounais ont vis-à-vis de la politique et particulièrement vis-à-vis de la politique électorale.  Cela dit,  il persiste des points de tension. Certains candidats  se  plaignent  de  ce qu’Elections Cameroon n’a pas encore donné toutes les informations nécessaires  pour  la bonne conduite du scrutin

Sauf qu’à ce niveau du processus,  certains  semblent déjà se proclamer vainqueur de l’élection et appellent à « défendre leur victoire » ?

C’est une démarche qui manque de fair-play et d’élégance parce qu’en s’engageant dans le processus de cette élection présidentielle, les candidats en ont accepté les règles du jeu. C’est sur la base de ces règles du jeu que leurs candidatures ont été

validées pendant que certains prétendants  n’ont  pas  vu  les leurs autorisées par les instances compétentes, d’abord Elections Cameroon qui étudiait les dossiers, puis le Conseil constitutionnel. A partir du moment où ils acceptent les règles du jeu, les candidats retenus acceptent l’autorité des instances compétentes pour l’organisation et la gestion de l’ensemble du processus électoral dans tous ses volets. La logique dans ce cas veut que les candidats ou les partis politiques engagés acceptent ces règles jusqu’au bout.

Le seul élément, c’est qu’ils peuvent demander que ces règles soient  appliquées  de  manière sérieuse et loyale. Mais indiquer avant  l’élection  qu’on  va  aller protester dans la rue en cas de controverse  sur  telle  ou  telle partie  du  processus  électoral, c’est une manœuvre complètement déloyale et hors-la-loi.

Il y a quand même un processus qui conduit à la proclamation des résultats des élections au Cameroun ?

Le processus est connu à travers les dispositions législatives qui règlent l’élection présidentielle, à travers les dispositions constitutionnelles qui précisent le rôle de certaines instances fortement impliquées dans la validation juridique du processus. Nous parlons ici de manière spécifique du  Conseil constitutionnel  qui est juge de l’élection présidentielle et qui est chargé de proclamer les résultats officiels de cette élection.

C’est à cette institution que revient, de manière exclusive, le droit de dire légitimement qui a gagné l’élection présidentielle au Cameroun. Aucune autre instance, qu’elle soit attachée  aux  formations  politiques, aux candidats en compétition ou qu’elle ne le soit pas, ne  peut  de  manière  légitime donner le résultat de cette élection.

A quoi s’expose-t-on dès lors que l’on se met en marge de cette législation qui est connue de tous les acteurs aujourd’hui ?

Lorsque l’on conteste les résultats d’une élection, il y  a des procédures qui sont expressément prévues. C’est le contentieux  post-électoral  qui  peut être mobilisé. Il s’agit alors pour ceux  qui  contestent,  tout  ou partie des résultats, de formuler une requête pour obtenir éventuellement l’invalidation des résultats querellés. En dehors de ces  procédures  légales,  toute contestation du processus électoral s’expose à la rigueur de la loi, notamment quand on choisit de le faire de manière violente.

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