Cameroun: Les Vœux du Professeur Chief P. Mila ASSOUTé, Président du Rassemblement Démocratique pour la Modernité du Cameroun
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Cameroun: Les Vœux du Professeur Chief P. Mila ASSOUTé, Président du Rassemblement Démocratique pour la Modernité du Cameroun :: CAMEROON

Mes chers compatriotes, Camarades militants et sympathisants du RDMC; Nous voici donc en 2018...! J'ai voulu m'adresser à vous mes compatriotes de toutes opinions, en cette circonstance de fin d‘année, pour vous présenter les vœux, ceux du RDMC et les miens propres.

Le Cameroun est plongé dans des guerres armées, à tort ou à raison, au moment où son peuple entre dans une année politique décisive.

Nous fêteront ce nouvel an dans la tristesse parce qu'il est impossible d'ignorer les morts qui endeuillent les familles et les souffrances de nos frères et sœurs situées dans les zones d'insécurité et de conflits.

Le train de notre destin collectif, se présentera néanmoins en gare, le 1er janvier 2018, jour de notre indépendance, pour son ultime voyage des plus périlleux, soit vers la destination de notre unité menacée et notre cohésion, dans un contexte particulier, soit vers le chaos...

Le temps a exposé aux yeux de tous dans le monde entier, le bilan négatif de la gestion du pays par le " Renouveau".

Les carences exploitées par des extrémistes et qui sont devenues un conflit sécessionniste, se trouvent bien dans le refus des réformes entérinées pourtant par le Constituant de 1996, notamment la mise en place bloquée, des institutions de régulation de la vie commune et de décentralisation au niveau des régions, du pouvoir de programmer et de gérer le développement endogène sous une autorité locale élue.

Il n'y a plus que dix mois devant ceux qui ont cru au miracle en 2011, pour admettre que sans grandes ambitions possibles, et sans un leadership visionnaire, les "grandes réalisations" ne seront pas livrables ici et maintenant, mais plutôt à une terre promise inaccessible aux êtres vivants...

L'année 2017 ferme ses portes. Le Cameroun porte le deuil et les familles des larmes... Les misères humaines se poursuivent avec l'apparition de réfugiés Camerounais.

Trois de nos frontières sont en guerre.

Le souvenir de l'hécatombe du train de la mort à Éseka reste douloureux, les règlements de compte meurtriers dans l'armée avec des armes de guerre se multiplient et dénotent de l'incurie au sein de ce corps d'armes. Les crimes rituels sur des enfants et des femmes sont apparus, les accidents routiers prolifèrent, les assassinats de religieux persistent, les projets et promesses farfelus inondent les vœux, une crise politique profonde profite aux extrêmes ....

2018 arrive avec ses espoirs et surtout ses peurs. Cette année sera en principe, sur le plan politique, surchargée par des échéances critiques - si elles sont tenues - qui n'étaient finalement pas si lointaines...

Il ne s'agit donc pas au Cameroun d'une année ordinaire comme les autres. Il s'agit bien d'une année de toutes les incertitudes et de toutes les conjectures...

Dès le 1er janvier 2018, l'avenir commun qui traîne déjà devant un précipice se joue. Il s'ouvre une ère d'incertitudes et de peur : c'est la croisée des chemins.

Il ne faut pas s'y tromper, il y a péril en la demeure et pas seulement dans les régions en crises ouvertes...

La responsabilité des dirigeants et nous tous aussi, sera engagée si aucune action n'est menée pour ligaturer l'expansion des crises à des niveaux de chaos programmé.

À ceux qui dans ce contexte de meurtrissures, font de la propagande d'un système électoral verrouillé aux mains des pontes du RDPC, et qui trompent quelques crédules, de pouvoir gagner une élection, contre les organisateurs et les vainqueurs connus d'avance, nous leur souhaitons, d'y penser par deux fois, si elles se tiennent, qu'elles réunissent toutes les conditions requises, car il n'y aura pas de test au brouillon ni pour eux ni pour le pouvoir...

Je rappelle à chaque Camerounais, et je l'assume, que le système des élections à un tour, qui verrouille le scrutin entre les mains des pontes du Rdpc, est un concept mécanique et scientifique, de reproduction systématique du pouvoir en place. C'est un piège pour les gibiers.

Les espoirs qu'un tel processus suscite chez quelques-uns, relèvent donc simplement comme par le passé, de la naïveté.

Il en est de même de l'utopie de faire croire abscons, aux ralliements des ambitions vertueuses au trône suprême des partis traditionnels, à une candidature unique messianique...

Je décevrais sans doute certains de le dire; mais il n'y aura pas en 2018, sans un second tour de scrutin, de coalitions hétéroclites des partis ayant déjà fait preuve de leur autonomie à investir leur candidat. L'appât des prébendes électorales est un obstacle objectif à des coalitions. Ceux qui croient à l'étendue de leur socle politique, ne se prêteront pas aux "guignolades" dont le seul programme de changement se résumerait à changer au hasard de la loterie, Paul par Pierre à la tête de l'État.

Il n'y a d'ailleurs pas meilleur projet d'atomiser ce qui reste de l'opposition que d'ouvrir en son sein, la veille des élections, une concurrence déchirante au fauteuil suprême, dans un pays corrompu, où la morale est un luxe, sans disposer ni des moyens de l'organiser ni du budget de campagne électorale pour la suite...

Le changement n'aura lieu que si dès le 02 janvier 2018, ceux qui veulent ce changement, mettent en place une organisation dont l'objectif et le dessein sont de mettre fin au processus électoral actuel et d'instaurer une transition politique.

Il est inutile de spéculer sur la candidature du président sortant en 2018. Aucun commandant ne quitte le navire dans la tourmente...

Il n'existe aucune autre bataille clef, dans le cas camerounais, que la synergie d'ensemble pour aboutir soit à des reformes politiques soit à un coup d'arrêt de la Constitution.

Maintenant que nous sommes en 2018, pour ceux d'entre nous à qui le ciel a permis de survivre et de voir le bilan de ce septennat, il est venu le moment pour chaque Camerounais lucide, y compris ceux du Rdpc, de prendre ses responsabilités.

Nous devons nous projeter dans un nouvel avenir et imposer le Cameroun que nous méritons pour le septennat prochain.

Le constat que l'on dresse sur l'état de la nation au terme du septennat finissant, est désobligeant. Il présente un visage de deuil et de faillite implacables, même pour les plus sceptiques. Nous sommes dans la discorde nationale avec le déploiement violent des sécessionnistes que je condamne fermement et qu'il faut neutraliser. La guerre est aux frontières, nous avons connu les enlèvements des personnalités ou de leurs épouses.

L'arbitraire judiciaire se perpétue, le chômage des jeunes et des seniors est croissant, les accidents meurtriers d'origine humaine et des mauvaises décisions d'État se succèdent, les assassinats non élucidés ont pris le plis, le ré-endettement excessif de la nation sans contrepartie équivalente a repris du poil...

Il n'est pas excessif de dire que notre pays est en voie de désintégration nationale et de faillite politique au bout de ce mandat.

Et surtout il n'est pas rédhibitoire de demander vers quoi le pays serait-il dirigé maintenant après avoir tout expérimenté depuis 1982 : "Le bout du tunnel"(?), "Les grandes ambitions"(?), "Les grandes réalisations"(?), "Le plan triennal"(?), "Le plan d'urgence"(?), "L'unité nationale"(?), "La paix légendaire"(?)...etc.

Mes chers compatriotes,

Cela ne peut plus continuer pendant 7 ans encore. Que vous soyez du Rdpc ou de l'opposition, mes vœux de 2018, s'adressent à vous tous dans ce sens...

Notre bout du tunnel à nous, Camerounais de tous bords, je vous y exhorterais, nous le devrons à nous-mêmes en 2018.

Peut-être est-il venu le moment d'une utopie collective autour d'une synthèse, dans la classe politique nationale, dans l'armée et la police, dans la société civile et parmi notre Peuple, pour redonner un souffle nouveau aux destinées de notre nation.

C'est le sens que je donne à mes vœux sans doute pieux, et que je formule de tout cœur pour vous mes compatriotes, en 2018.

L'exclusion politique ne réglera pas le mal qui a si durablement gangrené le Cameroun.

Il n'est pas possible non plus, de diriger ce pays en l’état, vers son progrès sur un facteur tribalo-régional, et encore moins sous un prisme d'affrontements meurtriers dans des aires linguistiques ou ethnologiques.

Les Camerounais ne doivent pas devenir les coupables de ce qui n'a pas marché. Et qui ne marchera pas par un prolongement de bail aux mêmes acteurs qui ont conduit le pays à la faillite morale, à la ruine politique, économique et sécuritaire...

La voie n'était-elle pas pourtant ouverte à l'accomplissement des promesses faites depuis 35 ans, sous une politique de représentation tribale des amis triés par décret...?

En me soumettant au rituel des vœux de nouvel an, ceux de 2018, certainement une année "des grandes finitions" pour d'aucun (?). je vais être honnête.

L’année 2018 sera une année difficile, voire rebelle si le pouvoir tourne le dos aux reformes électorales.

Le Cameroun est un bien indivis. Il nous faut se le réapproprier maintenant avant que ne survienne sa désintégration totale.

Mes chers frères et sœurs, le diagnostic que je pose est connu. Il doit nous servir de levain pour reprendre espoir et beaucoup moins pour servir de motivation de vengeance contre ceux qui ont échoué..

Le temps est passé certes; mais notre conviction en cette année 2018 est la même: une société qui valorise la déchéance morale de l'élite dirigeante est vouée à sa perte et au chaos...

Le déclassement politique et le décrochage économique et social de notre pays dans de telles conditions sont d'une évidence triviale.

N'avions-nous pas prescrit à cette aventure triste que vit note nation, une thérapie prospective il a 16 ans de cela, avant la création de notre mouvement politique le RDMC, aujourd'hui ostracisé ?...

Notre Manifeste en 2002/2003, dénonçait une prise en otage de l’État, une recrudescence de la corruption et du tribalisme d'État, la perte des repères et des valeurs, les écarts entre les promesses et les espoirs, la navigation à vue... Les maux de cette époques là, sont les mêmes à l'aune de 2018 avec en prime les guerres et l'intégrité du territoire menacée ...

Le rejet systématique des réformes politiques souhaitées, pour le bien commun, nous a conduit devant cette fosse commune où il faut soit se laisser ensevelir soit s'en échapper.

C'est pourquoi en 2018, notre rejet de l'imposture, de l'illégitime et l'illégal, ne peuvent plus relever du seul ressort de la dénonciation...

Les seuls choix que nous offre 2018, de notre point de vue sont, soit de poursuivre l'incurie ou de porter l'action de la stopper.

Um Nyobe disait ce qui suit pendant son combat: { il ne sert à rien de dénoncer une injustice s'il n'est pas mis en place une organisation pour y mettre fin}

Entre 2011 et 2018, parmi les plus "grandes réalisations" du "Renouveau", il y a incontestablement à ce jour, les injustices, les crimes, les guerres ouvertes, la mort qui essaime partout, et l'incapacité de maintenir la justice à tous et de préserver l'unité et la cohésion nationales hérités des Pères Fondateurs.

Il s'agira donc d'y mettre fin soit par les urnes pacifiques consensuelles s'il y a lieu, soit par d'autres moyens.

La synthèse à laquelle je pense devrait entreprendre d'y mette fin.

Je souhaite que nous ne soyons pas contraints de combattre au lieu de débattre en 2018.

J'inviterais très sincèrement tous les officiers de l'armée du Cameroun et ceux de la police, en leur adressant mes vœux de courage pour le travail accompli contre Boko-Haram, à s'approprier le nouvel avenir. Il est de l'intérêt national de faire chorus avec les forces de changement que de faire front à une rébellion de changement.

Cette année sera donc une occasion électorale pour nous tous, Peuple du Cameroun, avec les réformes préalables ou ne le sera pas.

Mes vœux sont donc ceux d'espoir, de lutte et d'actions qui mettraient fin à l'injustice, ceux de courage et de résilience dans la recherche du mieux-être individuel et collectif.

L'unité du Cameroun, face aux défis émergents qui s'imposent à notre existence en tant que nation, à cet égard et de mon point de vue, n'est pas une option parmi d'autres ...

Peut-on appeler à la fois aux vertus de l'unité d'une opposition juridiquement piégée dans des rivalités, et promouvoir les "vertus" des divisions nationales dans les ethnofascismes ?

Nous avons fait un choix au RDMC en 2011 devant l'imposture: lutter et avec tous les moyens...

Notre choix est toujours d'actualité. Le pays est politiquement bloqué. La perte totale de confiance dans le contrat social est établie. Les valeurs éthiques et les repères de progrès sont substitués par les crimes et les outrances...

Comment est-il possible de mettre en mouvement politique des hommes et des femmes qui consacrent des énergies immenses et des ressources, si tout cela dépend au final d'un trait de plume des hommes liges du pouvoir installés dans Élecam, l'organe électoral, et dans les ordre juridictionnels soumis à l'exécutif pour exclure l'expression des suffrages des pans entiers des indésirables...?

Nos compatriotes y compris au RDPC et dans l'armée, ne peuvent plus envisager un avenir paisible tous seuls dans un océan tourmenté par des vagues sismiques qui justifient aujourd'hui la sortie des soldats des casernes pour investir des fronts des revendications politiques...

Il est impossible dans un tel contexte, d'analyser le budget public et son utilisation, de programmer le développement commun et de projeter notre avenir vers le progrès.

Il faut sans doute maintenant se rendre à l'évidence que notre pays sera ingouvernable avec une légitimité falsifiée en 2018, et convoquer des assises des reformes politiques.

Nul ne peut plus parmi nous dire, sans le déni, que le Cameroun n'est pas en guerre contre lui-même et sur plusieurs fronts, externes et internes...

Cela nous demande, à nous qui voulons accéder au pouvoir, en 2018, au-delà des appareils, pour sauver le pays du chaos annoncé, de prendre conscience des enjeux, de nous armer de beaucoup de courage, et de détermination dans notre action.

Peut-on y parvenir sans les synergies possibles, sans probité et patriotisme réel...?

Les ethnocentrismes ne sont pas des patriotismes. Ils ne mèneront pas à la victoire du grand soir... Or, Ils s'expriment de plus en plus chez nous, à l'envers du patriotisme et des projets d'avenir, surtout au sein de ce qui reste de l'opposition...

Nous pouvons transcender nos différences pour construire une communauté nationale nouvelle à partir de l'opposition.

La défense de nos idéaux et la lutte pour l'avènement d'un ordre de pouvoir nouveau, ne sont pas incompatibles avec ce besoin.

Mes vœux s'adressant aussi à l'armée et à la police, je voudrais signifier qu'aucune opposition ne peut se passer de l’armée. Elle ne gagnera pas d'élection présidentielle et surtout n’accéderait pas au pouvoir sans la neutralité de l'armée et de la justice de notre pays.

Je ne vais pas ici revenir sur notre projet de société largement diffusé depuis 2009 pour expliquer le bien fondé de notre offre politique et de nos aptitudes à rendre possible un autre Cameroun dans ce que je nomme " le nouvel avenir"

Que faire devant ce constat?

La seule voie de sortie paisible du blocage, est le dialogue et la fixation d' une société des règles acceptées et respectées par tous et/ou qui s'imposent à tous et dont le garant Constitutionnel du respect desdites règles, est un ordre juridictionnel indépendant : la Cour Constitutionnelle.

Cela s'appelle tout simplement l'État de droit et l'urbanité politique.

Je vous dis bonne et heureuse année 2018 et que Dieu nous protège !

Vive le Cameroun

Professeur Chief P. Mila ASSOUTÉ
Président du RDMC

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