Cameroun : Un bon fumet d'ordures plane sur Yaoundé !
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Avertissement ! Beaucoup de choses peuvent avoir changé au moment où vous lisez ces lignes. Mais, cette probabilité avoisine zéro. Deo gracias !

Il est 19 heures ce 23 novembre à la Nouvelle route Nsimeyong (3ème arrondissement de Yaoundé), lieu-dit « Transformateur », à quelques cinq cent mètres du carrefour avant la « Chapelle». Il pleut averse. À se dire que le ciel se vide de toutes ses eaux. 

Sur la chaussée, les véhicules roulent comme des escargots dans les deux sens. À cause du bouchon qui part du carrefour, mais surtout de ce tumulus qui, de loin, semble avoir coupé la route en deux, imposant aux voitures venant du carrefour de former deux rangs et de rouler sur le trottoir.

La pluie redouble d’intensité. Nous nous arrêtons devant le monticule. La buée enveloppe les vitres, mais deux doigts passés sur le verre laissent voir clairement le tas d’ordures haut de trois mètres environ. Si vous êtes dans une voiture Vip, vous êtes béni des dieux ! Mais, si vous êtes comme les « voisins de route » de circonstances, dans un teuf-teuf de taxi, dont les vitres ne remontent plus, alors, vous êtes dans la ouate ! L’endroit doit puer comme tous les abattoirs de Yaoundé par une journée torride. Il n’y a qu’à voir et entendre cette sexagénaire, le nez pincé comme ses cinq autres voisins d’infortune (le taxi est en surcharge), maugréer, siffler comme un charretier : « Dieu ! chauffeur, roule… Eloigne-nous de cet endroit ! ». « Je vais sauter ? », balance le conducteur.

En français simple : « faudrait-il que je prenne la voie des airs ? ». Il ne le fera pas, permettant néanmoins à ses passagers d’admirer deux chiens qui se déchirent autour de ce qui parait comme une carcasse. Dieu soit loué, la « procession funéraire » repart. Enfin !

Il est 9heures le lendemain matin. Même endroit. Le soleil tape déjà comme en Sicile. Le tumulus d’ordures s’est déversé sur la route comme une coulée de lave à Bakinguili après l’éruption du Mont Cameroun. Sur un versant, toutes les mouches de la capitale et environs, et une nuée de corbeaux semblent s’être donné rendez-vous.

Un caillou jeté dans la mêlée dévoile une carcasse de chèvre, objet du combat d’arène nocturne de la gent canine. Le bac à ordures débordé est parqué à 15 mètres de la chaussée. Là, un homme (plutôt ce qui en reste), avale avec voracité des morceaux de viande tirés d’un sac en plastique comme s’il se vaccinait contre la faim.

Au sommet, une fine vapeur monte tel un geyser d’une station thermale, et se répand dangereusement dans le quartier et dans la ville. En face, un dépôt de boulangerie (Dieu !) aussi incongru qu’une benne à ordures dans la cour de Gilbert Tsimi Evouna. L’odeur est telle qu’on aurait eu besoin de mettre un masque à gaz. Tchernobyl sous ses beaux jours…

Il en est ainsi aux lieux-dits Efoulan lac, Montée chapelle Obili, Biyem-Assi stade, etc. Vous savez, Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, avait dit que « le 11 septembre a changé et reconfiguré le monde ». Regardez, c’est bien la poubelle qui a changé Yaoundé. Et, le plat pour lequel les Yaoundéens sont prêts à vendre père et mère aujourd’hui s’appelle « tas d’ordures ». Nous en réservons bien un à monsieur le délégué du gouvernement près la communauté urbaine de Yaoundé. A consommer dans l’un de ses «restaurants chics». L’Afrique partageuse…

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