Afrique: De la nécessité de prouver la compétence par la capacité de mimer et de transposer correctement
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Afrique: De la nécessité de prouver la compétence par la capacité de mimer et de transposer correctement :: AFRICA

Dans la perspective de l’émergence du pays en 2035, le Sénégal vient de se lancer dans un ambitieux projet établi à 30 km de Dakar et à 15 km au nord du futur aéroport international Blaise-Diagne (en construction  et qui sera relié à la capitale par un train à grande vitesse (TGV), et au carrefour des grands axes routiers menant vers l’intérieur du pays. Diamniadio, la ville nouvelle dont l’un des objectifs sera de désengorger Dakar, disposera aussi, à l’ouest, d’une ouverture maritime sur la grande côte atlantique et, surtout, de 2 000 ha de terrains disponibles. Selon les urbanistes, le futur pôle urbain, qui fait partie du plan Sénégal émergent (PSE), est un premier grand pas vers la rationalisation de l’aménagement du territoire. En effet, Diamniadio Valley (qui fait résonance à la Silicon Valley américaine) entre autres choses, devra en outre être doté des équipements sanitaires, socioculturels et sportifs, un hôtel cinq étoiles, des centres commerciaux, des kilomètres de voirie et de pistes cyclables et plus de 10 000 m2 d’espaces verts.

Parmi les développeurs de ce projet, c’est à dessein qu’en plus des locaux, il y a beaucoup d’étrangers au nombre desquels on trouve des Indiens, des Marocains et des Emiratis dont le concours financier sera certes déterminant, mais surtout le groupe Eiffage, un grand du BTP français.

C’est un projet sur lequel nous pourrions naturellement sur le plan idéologique, avoir beaucoup de choses à dire mais dont nous nous limiterons simplement à relever dans le cadre de ce travail d’information et d’éducation patriotique, deux aspects essentiels concernant premièrement, le mimétisme et deuxièmement, la qualité des choix et l’efficience managériale.
 
De l’origine supposée du projet
 
Sans absolument devoir aller jusqu’à  pousser les choses à la caricature de la métaphore  « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es », sur la base de la solide amitié qui lie depuis le  20 août 1960, date de l’indépendance du pays, tous les gouvernements qui se sont succédés à la tête du Sénégal, aux pays du Golfe arabique où par ailleurs, l’on a déjà expérimenter la démarche de faire sortir pratiquement du néant, une cité moderne comme Dubaï, on pourrait se risquer de dire  en quelque sorte que Dakar a emboiter le pas aux Emirats avec lesquels ses dirigeants entretiennent de très bonnes relations financières notamment facilitées par la pratique commune de l’islam. 

En effet, les gouvernants sénégalais ont fait le choix d’exécuter concrètement à leur tour dans leur pays, à l’instar de ce qui se passe chez leurs amis du golfe persique notamment, un projet de grande envergure dont  le schème est calqué sur le modèle occidental du développement en général et de l’aménagement du territoire en particulier. Ils ont en effet décidé de bâtir une ville nouvelle et de la doter de tous les services modernes annexes que nécessite notre époque. Une offre capable par ailleurs, de satisfaire de manière optimale à la classe moyenne appelée à vivre dans cette cité du vingt-unième siècle : habitat, université de dernière génération, commerce et transport aérien et ferroviaire. Une ville qui n’aura absolument rien à envier sur les plans infrastructurel et urbanistique aux métropoles occidentales. Un choix dont la complexité et la qualité des ouvrages et des travaux à réaliser en BTP, nécessite théoriquement et pratiquement, forcément un certain niveau d’expertise et une parfaite et absolue maîtrise de l’ingénierie dans différents domaines.

Un préalable que très objectivement et très concrètement, dans l’état actuel des choses, ne nous en déplaise, ni le Sénégal ni aucun des pays africains au Sud du Sahara, ne peut prétendre satisfaire, que ce soit dans la conception ou même la réalisation des grands ouvrages nécessairement constitutifs d’un tel projet.

Faute donc de pouvoir justifier localement d’une  telle expertise et d’un tel savoir-faire,  les Sénégalais ont décidé de faire ce que d’ailleurs les Nigérians ont dans une certaine mesure, probablement dû aussi faire lors de la construction d’Abuja, leur nouvelle capitale. Ils ont fait appel à des savoir-faire étrangers qui, moyennant finances, sont tout à fait prêts de mener avec leurs ingénieurs, leurs architectes, leurs urbanistes et même avec leurs propres corps de métiers intermédiaires dont les ouvriers sont hautement qualifiés, le projet de A à Z dans tous ces compartiments techniques et administratifs, jusqu’à sa livraison clés en mains. Ils ont fait le choix du mimétisme, de la transposition et de l’exécution par des intervenants exogènes. Une démarche qui est toutefois aux antipodes de ce qui s’est passé au Brésil lors de la construction de Brasilia, la nouvelle capitale du pays. Le Brésil, au-delà de sa surface financière indiscutable, lui, en effet, dans toute la panoplie des travaux à réaliser, disposait de la quasi-totalité des qualifications et des compétences requises dans les différents  domaines et corps de métiers qui étaient nécessaires à la conduite des travaux. A titre indicatif à ce sujet,  les plans architecturaux des bâtiments de référence de Brasilia, ont été conçus par un Brésilien, le célèbre architecte Oscar Niemeyer aujourd’hui disparu, mondialement connu pour avoir notamment été le concepteur du monumental immeuble qui abrite le siège du Parti communiste français (PCF), à la Place du Colonel Fabien à Paris, devenue pour cause, un haut lieu du tourisme étranger.

A la différence des Brésiliens, dans les Emirats arabes, à Dubaï notamment, à l’instar du Sénégal, c’est le choix du « tout clés en mains » qui a été fait. Un choix qui a donné de très bons résultats  sur le plan pratique et qui fait désormais de cette partie du désert de la péninsule arabique seulement riche depuis la découverte du pétrole il y a 30 ans, l’un des endroits les plus huppés et les plus visités du monde aujourd’hui. Un succès qui à nos yeux, au-delà de tout ce que l’on pourrait à raison avoir à en dire sur les plans idéologique, sociologique et même politique notamment, prouve à tout le moins que, si l’on a une vision, beaucoup d’argent - et les pays africains n’en manquent pas -, du flair, du bon goût et surtout un bon sens managérial des opportunités économiques, l’on peut faire en très peu de temps, relativement aussi bien qu’à New-York, en partant de rien. En effet, il ne s’agit ni de concevoir, ni d’exécuter mais simplement de payer des services de très hautes factures effectués par les meilleurs praticiens dans les domaines de l’ingénierie, de l’architecture, de la construction et des BTP, disposés à vous livrer clés en mains, les plus belles œuvres de leur fertiles imaginations et cogitations.
 
La preuve de notre impéritie à mimer et à transposer correctement
 
Sur la base de faits probants, l’on peut donc dire que ceci est simple, puisque l’on voit des pays dont on ne parlait même pas hier et que l’on avait du mal à pouvoir situer sur une carte du monde le faire sous nos propres yeux, et peut donc amener certains d’entre nous à se demander pourquoi, même dans ce domaine du simple mimétisme et de la transposition, que nous nous gardons encore une fois dans le cadre de ce propos,  de fustiger ou de qualifier d’humiliant, en dehors d’abord, de l’Ethiopie puis de l’Afrique du Sud dont les histoires ethno-socio-politiques sont particulières et que nous ne pouvons donc pas retenir ici comme éléments valables de comparaison, et ensuite du Rwanda et du Sénégal qui à son tour vient d’en emprunter le chemin, nos pays ne sont-ils pas capables d’offrir à nos peuples à domicile, au bord de nos nombreux cours d’eau et de nos vastes espaces inhabités parce que désormais notamment dépeuplés par un exode rural massif, le rêve occidental pourtant à portée mains puisque ne nécessitant en toute vraisemblance que la possession, d’une volonté politique et d’un compte en banque bien garni ? La question se pose sérieusement et sans aucun esprit de polémiquer puisqu’en la formulant nous prenons ici encore fois, le soin d’évacuer préalablement la dimension des choix idéologiques et politiques de ceux qui décident. Des déterminants qui pourraient laisser transparaître objectivement même en filigrane, et cela va sans le dire, notre sensibilité politique patriotique, nationaliste et panafricaniste. En effet, il s’agît ici ni plus ni moins que d’efficience managériale et de la capacité de faire des choix de développement et de mener leur exécution à bon terme. Et c’est uniquement de cela qu’il a été question à Dubaï où l’on a parfaitement bien démontré que l’on pouvait en un temps record, uniquement grâce à des revenus provenant de la vente de l’or noir, mimer et faire de la transposition de la manière la plus aboutie. Il n’y a pas bien longtemps en effet, Dubaï n’était qu’un modeste bourg  inconnu  du monde où l’on vivait essentiellement de la pêche. En une trentaine d’années seulement, grâce à des réalisations pharaoniques concrètes à l’architecture osée et démesurée fortement médiatisées, sa renommée a dépassé toutes les espérances de ses riches initiateurs. C’est à Dubaï en effet que se trouve actuellement l'immeuble le plus haut du monde, la tour Khalifa haute comme trois Tour Eiffel et de nombreuses autres curiosités qui émerveillent tous ceux qui s’y rendent.

Un ensemble de réalisations qui fait non seulement la fierté des autorités de ce pays, mais que l’on présente également et surtout comme étant destiné à devenir d'ici quelques années, comme la première destination mondiale du tourisme de luxe et l'un des pôles mondiaux du tourisme familial, d'affaires, commercial, etc. Une démarche qui semble avoir inspiré les gouvernants sénégalais qui ont eux aussi mis la barre bien haute à la Diamniadio Valley.
Comme on le voit donc à la suite de tout ce qui précède, il y a manifestement de bonnes raisons de se demander pourquoi ce qui est possible ailleurs et qui ne dépend que de la volonté politique et d’un bon compte en banque, ne voit pas le jour au Cameroun plus de 60 ans après notre indépendance.

La légitimité et la pertinence de cette question tiennent en plus au fait que, lorsque l’on observe la façon de vivre de nos élites gouvernantes, elles ne répugnent pas d’afficher un intérêt certain pour le faste et le luxe qu’elles n’hésitent d’ailleurs pas d’aller chercher régulièrement dans les palaces des grandes villes des pays européens où elles effectuent de fréquents séjours fort dispendieux. Ce qui étonne malheureusement et frappe même plutôt paradoxalement l’imagination, c’est qu’alors même qu’elles semblent si attachées aux belles choses, elles se soient plutôt outrageusement en effet montrées incapables à procéder à leur reproduction dans leur milieu naturel ne serait-ce que pour éviter de courir le monde pour les chercher. Une simple reproduction qui ne nécessite pourtant pas un grand génie et ne dépend entièrement que de la capacité de vouloir et de payer.

Nos élites gouvernantes peuvent-elles nous en donner les raisons  ou alors devons-nous définitivement conclure qu’elles sont congénitalement incapables et incompétente

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