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© Le Messager : Jean François CHANNON
- 22 Dec 2015 17:01:08
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CAMEROUN :: Guerre contre Boko Haram : Paul Biya grand absent au front :: CAMEROON
Le chef de guerre n’est non seulement jamais allé sur place réconforter les soldats qui combattent au front, mais aussi, est resté loin des populations victimes des actes criminels de la secte islamique et terroriste Boko Haram. Il tire pourtant le bénéfice de la victoire quasi certaine de cette guerre.
Il y a peut-être lieu d’attendre le message de fin d’année du président de la République, au soir du 31 décembre prochain, pour décrypter le sentiment profond qu’il aura de la guerre contre Boko Haram, deux ans après. On imagine que Paul Biya va largement en parler. Et à coup sûr, le chef de l’Etat va se « bomber le torse » face aux nombreuses victoires engrangées par les forces de défense et de sécurité sur l’ennemi Boko Haram ces derniers mois.
De sources sécuritaires, en cette fin d’année 2015, la guerre contre la secte islamique a largement tourné en faveur de l’armée camerounaise et des forces alliées. Au point où beaucoup en sont à penser que cette guerre que Boko Haram a voulu faire au Cameroun a permis d’anéantir cette nébuleuse qui en est réduite à un affrontement asymétrique, avec notamment des attentats kamikazes. « Cette guerre, le Cameroun et les forces alliés l’ont pratiquement gagnée. Vous verrez que depuis presqu’un an, il n’y a plus eu de face à face entre l’armée camerounaise et les assaillants terroristes de Boko Haram. Les terroristes acculés et déroutés, ont décidé de commettre désormais des attentats. Il s’agit d’une attitude de panique, de l’ennemi qui a fait muter son offensive vers la lâcheté, à savoir s’en prendre aux populations civiles sans défense à travers des attentats terroristes. Et même là, l’ennemi est de plus en plus en train d’être vaincu», commente un haut gradé de l’armé camerounaise contacté par Le Messager.
Récupération
Evidemment, une telle situation dite victorieuse (même s’il faut continuer à rester vigilant) pourrait logiquement et opportunément être récupérée par Paul Biya, président de la République et chef des armées. En effet, c’est lui qui a déclaré la guerre à Boko Haram à Paris il y a un peu plus d’un an et demi. Et depuis, les hommes sont au front. Vaillamment, nos forces de défense et de sécurité ont tenu tête aux assauts de Boko Haram. Nos vaillants soldats ont harcelé l’ennemi jusqu’à ses derniers retranchements. Aidés entre autres par l’armée d’un pays frère et ami qu’est le Tchad, Boko Haram a subi la force de frappe de notre armée. Malheureusement, comme il fallait s’y attendre d’ailleurs, il y a eu des morts du côté camerounais. De nombreux soldats ont payé de leur vie cette sale guerre voulue par Boko Haram. Des nombreux civils ont aussi péri. Au total des sources bien introduites avancent le chiffre d’environ deux cents morts. Beaucoup, pour un pays qui a été attaqué, et qui n’avait pas besoin de cette guerre. Les déplacés camerounais qui ont été obligés de quitter leurs villages pour aller se réfugier ailleurs sont tout aussi nombreux. Le Cameroun a aussi accueilli de nombreux réfugiés venus du Nigéria voisin où Boko Haram a semé le chaos.
Face à cette situation, où Boko Haram semble avoir été réduit à une portion congrue, le regret lisible dans le subconscient collectif est cette lointaine position du chef de guerre, Paul Biya, qui pourtant tire le plus grand bénéfice politique de la situation telle qu’elle se présente. A aucun moment on ne l’a vu au front, aller soutenir les forces de défense et de sécurité qui jours et nuits défendent la souveraineté de la nation. Les victimes des actions néfastes de Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun n’ont eux aussi pas eu la faveur d’une simple visite du chef de l’Etat camerounais. Plus frustrant encore, les morts tomùbés sous les balles ou égorgés par Boko Haram, que ce soit les soldats tombés sur le champ de bataille, ou les civils cruellement assassinés par les adeptes de la secte islamique n’ont pas reçu les hommages officiels de la nation au cours desquelles le président du Cameroun ait personnellement pris part.
Pourtant, inévitablement, le chef de guerre qui est resté loin du front et loin des cadavres y provenant, va faire sienne la victoire quasi-totale qui se dessine de l’armée sur la nébuleuse Boko Haram. Évidement, les thuriféraires du régime vont accentuer les rodomontades dans ce sens-là. La vérité reste implacable. A savoir que, dans un pays qui se veut sérieux et qui fait face à une attaque extérieure à l’instar de celle à laquelle les criminels de Boko Haram se sont adonnés depuis un temps, peut-on véritablement comprendre qu’un président de la République, chef de guerre, puisse ne jamais s’être rendu personnellement au front ou aux abords du front, pour encourager ses soldats, ou encore aller rendre personnellement hommage à ceux qui en ont payé le prix fort d’une guerre qu’il a lui-même déclarée? Il s’agit d’une question morale dont la réponse entrera inévitablement dans les annales de l’histoire du Cameroun.
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