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© alwihdainfo.com : NESTOR NGA ETOGA
- 17 May 2015 16:45:44
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CAMEROUN :: Un policier échappe à un lynchage public à Guidiguis :: CAMEROON
Le gardien de la paix « Moussa », en service au commissariat de sécurité publique de la petite ville de Guidiguis, tentait de s’accaparer du ballot de pagnes de « Bello », commerçant au marché de Guidiguis ; a constaté sur place, l’envoyé spécial d’Alwihdainfos dans le Mayo Kani, région de l’Extrême-Nord Cameroun.
Gare routière de Guidiguis, vendredi, 15 mai 2015.Il est 16h 43 minutes, heure locale. Il fait très chaud. Le thermomètre avoisine les 45 degrés. Nous sommes sur l’axe Magada – Yagoua, en face de l’agence de voyage Danay Express. Plus de 200 kilomètres nous séparent de Maroua. A cinq mètres de moi, sur du sable mouvant, près du vendeur du « soya », des femmes, assises sur des nattes, exposent sous des tentes en pailles, une boisson locale alcoolisée, faite à base du mil ou du sorgho : « c’est du bil-bil, vous en prenez un verre ? Vous voulez le goutté ? » Dans un mélange de français et d’arabe, Soureina, la « brasseuse » de vin traditionnel, la vingtaine à peine consommée et qui affiche fièrement ses dents rougeâtres au premier venu ; m’invite à déguster du vin. « C’est du gorro qui a rendu ses dents comme çà ! » ;comme pour se moquer, m’explique Farky, un père d’une cinquantaine d’années, qui brandit comme un trophée, sa calebasse du « bi-bil » à moitié pleine. Farky se présente à moi comme instituteur du coin qui attend bientôt sa retraite. L’«instituteur », visiblement ivre, répondait ainsi à la question de l’envoyé spécial d’Alwihdainfos, qui souhaitait savoir si c’est du colorant du « bil-bil » qui a rendu ainsi les dents de Soureina?
A Guidiguis, la survie quotidienne des populations en majorité analphabètes, dépend en grande partie du petit commerce et de l’élevage du bétail ou de volaille.
Comme de coutume, ce vendredi soir, pendant que chacun vaque paisiblement à ses occupations, un bus de 45 places de l’Agence Danay Express, en provenance de Maroua, la capitale régionale de l’Extrême-Nord Cameroun, marque un arrêt à la gare routière de Guidiguis. Le temps, pour les passagers musulmans, en partance pour Yagoua dans le Mayo-Danay, frontière avec la République du Tchad, de procéder à la prière rituelle. « On ne badine pas avec nos heures de prières, surtout en ce temps où Boko Haram sévit actuellement dans notre région, nous, voyageurs, sommes exposés aux braquages et enlèvement. Dans ce cas, à chaque étape du voyage, nous appelons Allah, le très haut et miséricordieux à veiller sur nous, jusqu’à destination » ; me confie Cheik Ahmadou.
A environ dix mètres de moi, les convoyeurs, aidés par quelques porteurs, déchargent les ballots de pagnes sous le regard très attentif de « Bello », jeune commerçant très réputé du marché de Guidiguis. « Bello » revient de Maroua, où il est allé s’approvisionner en pagnes de luxe. Comme un héro, il est accueilli par des porteurs qui se disputent des colis encore en déchargement.
Coup de théâtre
A peine les ballots de pagnes posés au sol, le gardien de la paix « Moussa » surgit pour demander les factures. « Bello » s’empresse de fouiller son sac en bandoulière pour retirer la paperasse. « Moussa », le policier, n’attend pas. « Retrouvez -moi avec vos factures au commissariat. J’avance avec vos ballots !» ; lance d’un ton autoritaire, le gardien de la paix. Par la suite, ce dernier, intime l’ordre au jeune pousseur « Aboubakar », de charger immédiatement deux ballots de pagnes dans le « porte- tout » et de le suivre au commissariat. « Bello », le commerçant, crie à l’injustice en présentant publiquement ses factures. Le policier fait la sourde oreille et décide de conduire personnellement le pousse-pousse au commissariat.
« Moussa » et « Bello »engagent un bras de fer qui aboutit au « tire-tire ».Toutes les attentions du public se focalisent sur les deux personnes. Les curieux accourent de tous les côtés pour assister au duel. Une marrée humaine se forme autour du policier et du commerçant qui se disputent les ballots de pagnes. Quelques commerçants et motos taximen, scandalisés par l’attitude du policier, prêtent main forte au commerçant pour arracher les colis. Le policier tente de résister mais en vain. « Bello est très réputé ici à Guidiguis. C’est le rare commerçant qui peut vous offrir gratuitement les pagnes à chaque fois que vous voulez prendre votre cinquième, sixième et même dixième épouse ! On ne peut pas accepter qu’un policier viennent arracher sa marchandise comme çà ! » ; lâche en bondissant sur le dos du policier, Aboubakar, moto taximan à Guidiguis. Du coup, c’est la ruée sur le policier en tenue qui s’écroule. Plus de temps pour lui de faire usage de son arme ! « Voilà le commandant qui arrive ! » ; crie en fulbé, Ahmadou, le colleur de roues de la gare routière de Guidiguis. C’est la débandade. Le « commandant » est en civil.
Il traine un imposant ventre. A sa vue, d’un geste brusque, le policier se redresse, sert ses jambes et ses bras pour un salut des rangs. Il chuchote quelques mots à l’oreille du « commandant ». Pendant que le public rugit à distance de colère, les deux « barbouzes » trainent avec eux le « pousse-pousse » portant un ballot de pagnes. Vers le commissariat ou la gendarmerie ? Difficile de répondre avec exactitude. Toujours est-il qu’au moment où le « commandant » et le gardien de la paix disparaissaient de ma vue, mon véhicule quittait Guidiguis pour Moulvoudai. Assurément, pour une nouvelle aventure.
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