L’affaire Stéphanie Djomo
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Une femme inconnue nommée Stéphanie Djomo, est passée dans une émission de télévision le mardi 3 novembre pour raconter la tragédie qu’elle a vécue durant la guérilla qui sévit là-bas au Nord-Ouest et au Sud-Ouest du Cameroun. Mais ça, ce n’est que le début de son histoire…

Que s’est-il passé le 3 novembre ?

Le mardi 3 novembre 2020 vers 21 heures, une femme est passée sur le plateau de l’émission « Paroles de femmes », sur Équinoxe télévision.

Habituellement dans ce programme, on parle plutôt de greffes brésiliennes et aussi parfois du concubinage. Mais nous étions dix jours seulement après le massacre de Kumba, qui a eu lieu le 24 octobre, et il fallait rendre hommage à ces enfants innocents qui y avaient été froidement et inhumainement assassinés.

Stéphanie Djomo a donc pris la parole pour nous relater son expérience. Elle a su émouvoir toute l’opinion nationale camerounaise, ainsi que les autres panélistes, puisqu’elle a raconté avoir perdu ses deux petites fillettes – des jumelles ! – durant cette sale guerre. Puis elle s’est mise à détailler les conditions dantesques traversées durant son calvaire : la vie dans la brousse, la peur, les assassinats à la machette, les fusillades, les égorgements, la famine, les cadavres des militaires camerounais et des civils qu’elle enjambait…

Stéphanie Djomo a été arrêtée

Dès le 8 novembre, elle a été interpellée. C’était un dimanche matin.

Des agents en civil se sont rendus à son domicile et l’ont appréhendée pour immédiatement la conduire dans la cellule du commissariat principal de Bonabéri. Elle a ensuite fait quelques navettes entre cette cellule et la légion de gendarmerie de Bonanjo, pour finalement être déférée à la prison centrale de New-Bell.

Que lui reproche-t-on exactement ? D’abord, d’avoir menti. Car les autorités judiciaires et les services de renseignements accrédités sont formels, cette femme n’aurait jamais perdu ses enfants dans le Sud-Ouest. Pire, elle n’y aurait même jamais réellement résidé, à vrai dire ! Le gouvernement la soupçonnerait aussi d’avoir été rétribuée pour effectuer ce « faux témoignage » en mondovision, afin d’exciter la population et d’accroître surtout l’impopularité envers Paul Biya. On la soupçonne aussi de vouloir semer l’indignation quant à cette sale guerre anglophone, dont on ne sait pas si finalement, elle s’achèvera un jour…

La polémique sur la toile

On n’a pas attendu René Emmanuel Sadi (le ministre de la Communication) pour s’enflammer concernant cette polémique. C’est vrai qu’il avait quand même lancé la première banderille, accusant le média Équinoxe de « violer régulièrement les règles déontologiques et éthiques du journalisme », et de s’exposer à d’irréversibles sanctions de la tutelle.

Le propriétaire du groupe de médias n’a pas tardé à lui répondre. Sévérin Tchounkeu a publié quelques communiqués en un temps record, vantant à la fois le professionnalisme de ses journalistes, la probité de ses animateurs, ainsi que la compétence indéniable de chacun de ses reporters…

Mais les internautes n’étaient pas en reste. Les uns voyant Stéphanie Djomo comme étant une victime exutoire, et les autres la reconnaissant plutôt comme une menteuse éhontée. Certains sont même allés jusqu’à prétendre qu’elle aurait été commissionnée directement par Maurice Kamto, ou du moins par ses proches collaborateurs. D’autres ont répliqué, en disant que son incarcération n’était ni plus ni moins qu’une autre forme de privation de nos libertés individuelles. Parce que, selon eux, le régime actuel fermerait la bouche de tous ceux et celles qui souhaiteraient s’exprimer sur la réelle situation qui prévaut là-bas dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun …

Les aveux sur la CRTV

Et puis, coup de théâtre !

Le jeudi 19 novembre au journal de 13 heures sur la CRTV (le média d’État, je vous le rappelle), la dame qui était considérée comme un paria par le gouvernement s’est vu dérouler le tapis rouge. Non seulement elle a révoqué tous les avocats qui s’étaient constitués pour la défendre gratuitement, mais paradoxalement, elle a été libérée le 18 novembre – sous caution – par les pouvoirs publics. Pour finalement se présenter devant les antennes de la CRTV, et « reconnaître son mensonge » ; « regretter ses actes » ; « n’avoir perdu aucun enfant ni aucun jumeau durant la crise anglophone ». Elle a terminé en déclarant qu’elle croyait bien faire, mais qu’elle a plutôt blessé.

On a ensuite découvert qu’elle appartiendrait à un fameux groupe de pleureuses. Vous savez, les femmes qu’on paye pour venir pleurer lors des enterrements. Et donc que c’était très facile pour une spécialiste comme elle d’émouvoir l’opinion publique camerounaise, ainsi que toutes les autres panélistes bien évidemment…

L’affaire Victoire Stéphanie Djomo Yepmo

Donc une femme que personne ne connaissait est passée dans une émission de télévision le mardi 3 novembre, pour raconter la tragédie qu’elle aurait vécue en 2016 au quartier Fiango dans la ville de Kumba. Mais tout ceci n’était que le début de sa longue histoire…

L’affaire Stéphanie Djomo ! Cela ressemble à un conflit médiatique entre la CRTV qui souhaite « rétablir » la vérité, et Équinoxe télévision qui menace de lui porter plainte devant les juridictions.

L’affaire Stéphanie Djomo ! Cela nous rappelle les faux observateurs de Transparency international en 2018, mais curieusement, ceux-là n’avaient été ni arrêtés, ni intimidés, ni interviewés.

L’affaire Stéphanie Djomo n’est que le reflet d’une sévère menace qui plane sur notre République, et cette menace-là s’appelle la manipulation !

Car lorsqu’une femme se met sur un plateau de télévision pour raconter des monstruosités qui n’ont jamais existé, je trouve cela absolument condamnable ! Je trouve cette attitude résolument dangereuse. Je trouve cette légèreté complètement envenimeuse pour une situation explosive qui perdure dans les deux régions anglophones, et je pense même que nous devons vilipender et conscientiser de tels protagonistes.

Surtout qu’ils sont vraiment nombreux et qu’ils mettent en péril la sécurité dans notre pays le Cameroun…

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