Investitures : Paul Biya et Jean Nkuété défiés
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Plus que lors des dernières législatives et municipales et en dépit des récentes sanctions, les opérations en cours s’apparentent à une bravade contre la hiérarchie du Rdpc.

Abstraction faite des trois ministres originaires du département – certains, à l’instar de Laurent Serge Etoundi Ngoa, ont été mis en mission dans d’autres circonscriptions -, le gotha politico-administratif du Mfoundi s’est réuni lundi dernier autour du président de la commission départementale de réception et d’analyse des candidatures du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) aux élections régionales du 06 décembre prochain, Bidoung Mkpatt. Initialement, l’objet de cette réunion était la présentation synoptique de la circulaire du président national du parti, Paul Biya, relative aux investitures, et aussi du chronogramme de la mise en oeuvre des activités de la commission susmentionnée. Mais, grande a été la surprise de certains responsables du parti à la base et des militants présents d’apprendre qu’une réunion secrète tenue la veille et à laquelle a pris part une partie de l’élite du département a défini les quotas par catégorie de candidats dans le Mfoundi.

Pire, les participants à cette messe de minuit, selon les mots d’un maire d’arrondissement qui n’y a pas été convié, auraient même concocté une liste dont l’identité des personnes qui la composent demeure un mystère. De la répartition présentée lors de la réunion de lundi par le député Francis Lin Essono, qui est par ailleurs président de la section Rdpc Mfoundi IV, l’on a retenu que quatre hommes, deux femmes et un jeune constitueront la liste du Mfoundi – le département dispose de neuf sièges dans le futur conseil régional du Centre, dont sept délégués départementaux et deux représentants du commandement traditionnel. La procédure ayant abouti à ce choix, sans l’implication de tous les présidents de sections, des élus et particulièrement des chefs d’exécutifs municipaux de Yaoundé a été jugée inacceptable par le maire de Yaoundé 6e, Jacques Yoki Onana. « Vous nous donnez l’impression que nous subissons une dictature. Qui sont ceux qui ont réparti les sièges ? Quand est-ce qu’ils l’ont fait ? », s’est interrogé l’édile, qui regrette que la base du parti ait ainsi été totalement ignorée.

Guichets

La réception des dossiers du Rdpc au niveau départemental a été bouclée hier mardi dans le Mfoundi et dans les 57 autres départements que compte le Cameroun, sur fond de divisions profondes. Alors que des rumeurs persistantes font état de l’ouverture de guichets informels pour le marchandage des places au niveau du comité central du Rdpc, beaucoup de militants accusent la hiérarchie du parti d’avoir elle-même créé les conditions d’un jeu de massacres. Indubitablement, on va vers une pluie de requêtes au niveau des commissions régionales de contrôle. D’abord, de la part de ceux qui estiment que le temps imparti pour la composition et le dépôt des dossiers était très réduit ; et ensuite de la part de ceux qui contestent la façon dont la sélection des candidats est en train d’être faite. Des critères de sélection à l’investiture, en passant par la réception, l’analyse et le contrôle des dossiers, les opérations au sein du Rdpc sont un véritable parcours d’embuches. Sur les critères - parcours politique et engagement militant, contribution au rayonnement du parti, services rendus au parti, loyalisme la moralité…-, Charles Borromée Etoundi, un baron du régime, déclarait par exemple, lundi dernier, qu’aucun candidat ne pourrait être investi si les exceptions contenues dans la circulaire du président national du parti, Paul Biya, sont respectées à la lettre.

Démocratie locale

Un tel flou favorise forcément le chantage, le trafic d’influence et le clientélisme. Et dans l’immédiat, c’est la base militante du parti qui trinque, au-delà des carrières politiques hypothéquées. Mais plus tard, c’est les objectifs de décentralisation et de développement local qui pourraient ne pas être atteints du fait des mauvais choix qui auront été opérés. En effet, bien que le processus en cours ne soit pas celui d’une élection populaire et n’implique que les conseillers municipaux et les chefs traditionnels comme votants pour seulement 90 conseillers à élire par région, son caractère alambiqué sonne comme un mauvais signal pour l’enracinement et l’approfondissement de la démocratie locale dont les futurs conseils régionaux sont censés être le moteur ; au-delà de l’élargissement des compétences et du champ d’action des collectivités territoriales décentralisées.

Or, en plus des sanctions infligées récemment à une centaines de militants accusés d’avoir foulé au pied les consignes de la hiérarchie du parti lors des dernières législatives et municipales, le secrétaire général du comité central du Rdpc a fermement mis en garde, lundi dernier lors du lancement des investitures, les mandataires du parti. « Nous devons nous montrer rigoureux dans le choix de nos candidates et de nos candidats, afin de faire émerger des personnalités ayant une maitrise des enjeux, dotés des qualités utiles et nécessaires à la conduite harmonieuse des conseils des régions, dans le respect strict et aveugle des sacro-saints principes d’unité nationale et d’intégrité du territoire », a martelé Jean Nkuété.

Souci de l’histoire

L’ancien-Premier ministre a clairement reconnu le fait qu’en février, certains émissaires du parti « en ont fait selon leur bon vouloir, au mépris total de l’esprit et de la lettre des circulaires du président national ». Avant de frapper du poing sur la table en ces termes : « Ce sont des dérives qui ne seront plus tolérées. Pendant les opérations d’investiture de nos candidats pour les élections des conseillers régionaux, nous vous exhortons à être animés par le souci de l’histoire. Le souci de l’histoire pour notre Parti. Le souci de l’histoire pour notre pays ». Manifestement, ces exhortations ont à nouveau été ignorées.

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