Succession : Le Mrc et le fantôme du gré à gré
CAMEROUN :: POLITIQUE

CAMEROUN :: Succession : Le Mrc et le fantôme du gré à gré :: CAMEROON

Le parti de Maurice Kamto suspecte le pouvoir de vouloir subtilement se reproduire.

En moins de deux semaines, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) s’est adressé à deux reprises aux Camerounais pour leur faire part de ce qu’un projet de « succession de gré à gré » à la tête de l’Etat du Cameroun est en chantier dans le sérail. Sans être précis sur ce que le pouvoir prépare exactement, Maurice Kamto a soutenu dans son message à la nation du 1er juin dernier, que par ce biais, Paul Biya et son régime « veulent accélérer le cours de l’histoire à leurs fins, au mépris de toutes les règles démocratiques de dévolution du pouvoir et des souffrances du peuple camerounais […] ceux qui ne veulent pas d’alternance par la voie démocratique dans notre pays sont à l’oeuvre et prêts à franchir toutes les bornes, avec l’appui de leurs soutiens extérieurs ».

« Les choses répétées plaisent », dit l’adage. Dans la tête de Paul Biya, il serait question de choisir son successeur comme l’a fait Ahmadou Ahidjo le concernant, en 1982. Et pour faire échec à un tel projet, le candidat officiellement classé deuxième à la présidentielle du 07 octobre 2018 lance un appel à la mobilisation générale des Camerounais de tous bords. Car, estime Me Roland Dieuwou, cadre du parti, « la succession de gré à gré n'est pas contre le Mrc ou contre Maurice Kamto, mais contre le peuple souverain ! C'est donc au peuple camerounais de se mobiliser avec les moyens pacifiques à sa disposition pour y faire échec ! Le Mrc se tiendra au côté du peuple du changement ». Pour cet avocat au barreau Cameroun, « la succession de gré à gré veut la dévolution du pouvoir au sommet de l'État à l'insu du détenteur effectif de ce pouvoir à savoir le peuple souverain ! La fraude électorale permanente et l'absence de transparence et sincérité électorale en son des ingrédients ».

Un tantinet hermétique, Maurice Kamto lance à l’endroit du peuple : « tenez-vous prêts, mes chers compatriotes, afin qu’ensemble nous engagions la phase ultime de la lutte pour la libération du Cameroun et l’avènement de la démocratie dans la vie politique de notre pays. Vous devez enfin pouvoir peser sur le destin de notre nation, compter sur un meilleur avenir pour vos enfants, construire un pays fort et lui assurer un rayonnement international ».

Vacance

Sociopolitiste et enseignant à l’université de Douala, Claude Abé pense que les alertes du président national du Mrc sont à prendre avec des pincettes. « Depuis le boycott par le Mrc des élections législatives et municipales de février dernier, ce parti fait face à un défi, celui d’exister sur la scène politique alors bien même que les choses se déroulent dans la sphère institutionnelle en son absence.

Du coup, il me semble que l’alternative qui a été choisie par cette formation politique c’est d’exister par le jet des contrevérités de manière à avoir la vérité de ce qui se déroule dans le cadre institutionnel », analyse-t-il. L’universitaire se souvient, notamment, de ce que le même Mrc a, il y a quelques semaines, « soupçonné le président de la République d’être décédé en donnant des ultimatums. Il s’agit de prêcher par le faux pour avoir le vrai. Aujourd’hui, il vient avec une idée de mise en place d’une forme de succession à la tête du pays par une entente en sous-main ».

De son point de vue, une succession de gré à gré dans le dispositif constitutionnel actuel, ne renvoie à rien. « Les situations de vacance du pouvoir ou même d’interruption du pouvoir par la survenue d’un décès du président de la République, sont encadrées. Et si l’on s’en tient aux dispositions constitutionnelles y relatives, il est difficile que la thèse de tractations se déroulant sous la table en termes de gré à gré soit gérée ».

Subterfuge

Toutefois, conclut Claude Abé, « puisque la politique c’est aussi un jeu de supputations, il me semble que l’ensemble des rumeurs donneraient le président de la République très fatigué depuis au moins cinq ans. Il serait, pour cela, en train de passer la main. Il serait question pour le Mrc, de ce point de vue, d’essayer d’anticiper sur une éventualité. Parce que, comme vous le savez, le boycott de février a des conséquences sur la participation de ce parti aux prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle.

N’ayant aucun élu, il ne pourra pas présenter de candidat. Il devra recourir à des signatures de personnalités pour obtenir une candidature qui ne sera pas celle du parti. A travers ce nouveau subterfuge, le Mrc voudrait donc anticiper sur un certain nombre d’événements et se remettre éventuellement en selle ».

Lire aussi dans la rubrique POLITIQUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo