Dictature, Unité nationale et COVID 19 à Yaoundé
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CAMEROUN :: Dictature, Unité nationale et COVID 19 à Yaoundé :: CAMEROON

Le 19 mai 2020, veille de la célébration de la fête nationale du Cameroun, le «Nôm Gui» (Chef des chefs) est sorti de son trou, où il se cachait depuis près de 2 mois, pour s'adresser à la nation.

C'était une brève allocution pauvre en substance comme à son habitude, notamment sur les questions pouvant concerner l’amélioration de l’allocation des ressources de l’État, la répartition des richesses, la qualité des services publics, le soutien nécessaire à apporter aux plus défavorisés ou les soins médicaux qui pourraient leur être facilités, etc... Absolument rien de tout cela n’a effleuré l’esprit des conseillers du « Nôm ngui »

En effet, après ce discours, nous ne savons toujours pas quelle est la stratégie et les plans du gouvernement pour répondre efficacement à la crise sanitaire qui se répand dangereusement et à ses conséquences, planifiées ou involontaires, en termes de tests et de ralentissement de la diffusion du COVID 19, ou comment conjurer à l'impossible distanciation sociale dans un pays avec un secteur économique largement informel, en décuplant notamment les capacités ou possibilités réelles de lavage des mains .

Le président a, oui, enfin pu émettre un vœux sur la nécessaire « union sacrée » sans montrer plus de compassion pour l'unité nationale torpillée par ses partisans depuis trois décennies, et pour laquelle notre organisation se bat précisément, même comme le « Nôm Gui » continue lui de considérer les médias sociaux comme des ennemis hostiles à « sa patrie », refusant d’accorder du crédit à une organisation comme le CL2P qui s’insère dans une logique de contribution et nullement d’agitation stérile et nihiliste.

Si le Nôm Gui reçoit régulièrement des critiques sévères de notre organisation, il ne peut et ne doit s’en prendre qu’à lui-même.

Parce que le président a prononcé son discours sur un ton qui se voulait de réconciliation nationale sans jamais une seule fois condamner clairement le comportement insultant, irresponsable et cruel de certaines de ses créatures du gouvernement, qui ont délibérément bloqué l'aide humanitaire destinée aux Camerounais ordinaires au motif des opinions politiques des donateurs, sapant de la sorte la nécessaire protection des médecins et des agents de santé en première ligne dans la guerre contre une pandémie dont il nous a dit déterminer à éradiquer dans son discours.

Ce discours a ainsi démontré que les préjugés et clivages politiques ont non seulement la vie dure au Cameroun, mais en sont devenus un des facteurs aggravant de la contamination du Covid-19, dont le danger prend racine dans une approche extrêmement bureaucratique, trop centralisée et (disons-le franchement) dictatoriale des politiques de santé.

Plus grave encore, il convient de noter que ce discours se déroule dans un contexte où le « Nôm Gui » est plus que jamais aux abonnés absents dans la gouvernance du pays, n'apparaissant plus qu’à l’occasion de rares audiences accordées de concert avec la France à l'ambassadeur de ce pays, puis à quelques rares personnalités choisies certainement avec l'accord de celle-ci.

Clairement Paris est désormais à la manœuvre à Yaoundé et veut influer sur la "transition inéluctable", à un moment où foisonnent toutes sortes de rumeurs sur l'état de santé du vieux dictateur au pouvoir depuis 1982 et où il fait face à une vraie opposition politique du professeur Maurice Kamto.

Celle-ci laissera-t-elle la Françafrique dicter le choix du "successeur convenable"? On peut clairement en douter...

D'où la nécessité pour une fois d’œuvrer en faveur d'une transition ouverte et transparente au Cameroun, y compris aux concurrents (internes) particulièrement redoutés et maintenus par le dictateur en prison sous les accusations fallacieuses de détournements de deniers publics, comme Marafa Hamidou Yaya ou Jean-Marie Atangana Mebara, pour ne citer que ceux-là.

En effet quand on est démocrate, on accepte le jeu du suffrage universel jusqu'au bout, non de manière sectaire, parcellaire et discriminante. Ceci s'adresse bien évidemment d'abord aux hommes politiques dits de l'opposition et à nombre de leurs partisans, puisque Paul Biya semble de moins en moins concerné.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P

http://www.cl2p.org 

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