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© rolandtsapi.com : Roland TSAPI
- 03 May 2020 12:17:00
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CAMEROUN :: Covid-19 : Mesures gouvernementales et constants tâtonnements :: CAMEROON
On n’est jamais mieux servi que par soi-même, dit un proverbe. L’explication donnée à cette assertion est que pour qu’une réalisation soit conforme à nos attentes, le meilleur moyen d’y parvenir est de l’accomplir nous-mêmes. Le président de la République du Cameroun, Paul Biya est celui qui en ce moment devrait s’approprier le proverbe, parce qu’au regard du tâtonnement constant qui caractérise la gestion de la pandémie du corona virus, jusqu’ici faite par gouvernement interposé, il est fort probable que les résultats escomptés soient compromis à la fin. Le 30 avril 2020, soit 48 jours après les premières mesures pour limiter la propagation du virus au sein de la population camerounaise, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a fait une troisième déclaration, dans laquelle il revient sur certaines mesures prises le 17 mars 2020 et renforcées le 9 avril, en même temps qu’il annonce des mesures d’accompagnement pour l’ensemble de ces mesures.
Accompagnement
Le premier ministre justifie les dernières décisions par le constat fait après coup : « Néanmoins, elles ont entrainé des distorsions économiques et sociales, dont les effets se font ressentir dans plusieurs secteurs d’activités. Les plus concernés sont sans doute le transport, l’hôtellerie-restauration et le commerce d’une manière générale. Face à cette situation, le Chef de l’Etat a instruit le Gouvernement de réaliser une étude, dans le but d’évaluer l’impact du COVID-19 sur l’économie nationale, et de déterminer les mesures d’accompagnement à mettre en œuvre pour soutenir les secteurs en difficulté, ainsi que les ménages les plus fragiles. »
L’étude en question qui se résume aux rencontres avec quelques acteurs de la vie économique a conduit à l’élaboration de 17 mesures d’allègement, sur les 18 contenues dans la déclaration. Les 17 mesures d’allègement qui concernent le secteur économique, étant une reformulation des revendications contenues dans le rapport d’enquête de l’impact du corona virus sur l’économie camerounaise publié par le Groupement inter patronal du Cameroun en date du 24 avril 2020. Sans être complètement satisfaits, les opérateurs économiques s’en sortent au moins avec un nouveau souffle.
Mais les ménages les plus fragiles dont parle le Premier ministre restent des laisser pour compte. L’ouvrier qui se débrouille dans les chantiers pour survivre ne se sent pas concerné, la femme qui vent les beignets ou le poisson en bordure de route, la femme rurale et le paysan qui ne connaissent pas ce que la Caisse nationale de sécurité sociale veut dire, pourtant ils subissent à leur manière les effets du corona virus. Le gouvernement sait très bien que cette tranche de la population qui n’est pas maîtrisable par le circuit économique classique est majoritaire, et elle a aussi besoin d’être prise en compte. Ceux-là attendent des mesures directes comme l’aide sociale, la prise en charge des factures d’eau et d’électricité ou la réduction du prix du litre du carburant à la pompe, ce qui aurait pour conséquence directe la réduction du coût de transport tant des personnes que des biens, et entrainerait sans doute la baisse du prix des vivres frais sur le marché.
Doute sur le but recherché
Pour ce qui est de l’objectif ultime qui est l’éradication du virus, l’inquiétude reste. Dans la déclaration du 30 avril, le premier ministre est revenu sur deux mesures, en ré autorisant « l’ouverture au-delà de 18 heures, des débits de boissons, des restaurants et des lieux de loisirs, avec obligation pour les clients et usagers de respecter les mesures barrières, notamment le port du masque de protection et la distanciation sociale », et en levant « la mesure réduisant le nombre réglementaire de passagers dans tous les transports en commun par bus et taxis, tout en précisant que « le port du masque restant obligatoire et la surcharge interdite.»
Il justifie l’abandon de ces mesures par « les résultats encourageants observés dans la mise en œuvre de la stratégie de riposte contre le Covid-19 au Cameroun », « le nombre de personnes déclarées guéries de cette maladie dans notre pays qui ne cesse de croître, le taux de mortalité des suites de ce virus qui demeure faible ». Bref, « il est apparu lors des récentes concertations hebdomadaires consacrées à l’évaluation de la riposte contre le Covid-19, que les actions engagées par le Gouvernement pour endiguer cette maladie commencent à porter des fruits. »
C’est le souhait de tout Camerounais en cette période. Sauf qu’il n’est pas évident de démontrer que les mesures qui restreignaient les activités des commerces de nuit ou celles qui réduisaient le nombre de passagers dans les véhicules de transport en commun y soient pour quelque chose. Parce que les mêmes personnes qui pouvaient se retrouver dans les restaurants le soir ou les autres lieux de loisirs, se retrouvaient en journée dans les marchés et autres espaces publics, lieux par excellence de frottement des humains entre eux.
Et s’il est difficile de le démontrer, surtout qu’au 17 mars 2020 le Cameroun comptait encore à peine une vingtaine de cas positifs et qu’aujourd’hui il a dépassé la barre de 15 00 officiellement, cela voudrait dire que le gouvernement a fait perdre 48 jours d’activités à des commerces, sans contrepartie pour les charges locatives et autres. A ce jour on en est 39 mesures sans avoir l’assurance que l’on tient le bon bout. De quoi penser que même si ces mesures annoncées sont régulièrement précédées de la mention « sur haute instruction du chef de l’Etat », il reste constant que ce Chef de l’Etat, le seul comptable devant le peuple, reste celui qui pouvait personnellement mettre fin à ce tâtonnement permanent, car faut-il le rappeler une fois de plus, l’on est jamais mieux servi que par soi même
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