Gesticulation : Maurice Kamto ou l’illusion de la vacance du pouvoir
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Le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun a saisi le président de l’Assemblée nationale afin d’enclencher la procédure de vacance de la présidence de la République. Paul Biya l’a désillusionné en recevant jeudi 16 avril l’ambassadeur de France au Cameroun.

Décidément, Paul Biya hante Maurice Kamto. Si bien que le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) multiplie les sorties, même les plus insensées, sur le président de la République. En un peu plus de quinze jours, il lui a consacré pas moins de trois interventions. Dans un tweet le 15 avril 2020, le président du MRC annonce avoir saisi le président de l’Assemblée nationale (PAN). Par « un moyen laissant trace », il demande à Cavaye Yéguié Djibril de saisir à son tour le président du Conseil constitutionnel afin que ce dernier lance la procédure devant aboutir au constat de la vacance de la présidence de la République. Le candidat classé deuxième à l’issue de l’élection présidentielle d’octobre 2018 explique que « la loi réserve au seul président de l’Assemblée nationale le privilège de la saisine du Conseil constitutionnel».

Et comme ladite loi ne spécifie pas la qualité du requérant, Maurice Kamto déduit que la loi « ouvre ainsi cette possibilité à tout citoyen ou organisation politique peut ». Le président du MRC légitime sa démarche par «la situation inédite dans laquelle se trouve notre pays, caractérisée par l’absence prolongée et inexpliquée du chef de l’Etat en fonction ». D’où son option de prendre ses responsabilités, comme il s’y était engagée dans sa déclaration du 3 avril.

Dans cette déclaration, Maurice Kamto se met une fois de plus dans une posture qu’il affectionne en appelant pratiquement à la désobéissance civile. Sans lien ténu avec ce qu’il reproche à son pire cauchemar, il se rêve en président de la République pour décréter : « Les sociétés de distribution d’eau et d’électricité ne devront pas recouvrer le paiement des quittances d’électricité, d’eau pendant trois mois : avril, mai et juin. Le paiement des patentes par les transporteurs est suspendu pour la même durée. Le paiement des droits de marché par les vendeurs en détail et les bayam-selams est suspendu ». Une véritable recette pour vaincre la pandémie de coronavirus. Qui devrait à son sens pallier la défaillance de Paul Biya qui a abandonné le peuple face à cette crise sanitaire.

Appel à la désobéissance civile

Une fois encore, Maurice Kamto rencontre Jacques Fame Ndongo sur sa route. Comme le 4 avril quand il soutient que « le président élu… du MRC persiste dans la fantasmagorie ». Quand « sa myopie, voire sa cécité politiques l’empêchent de constater une évidence : le plan de bataille du président Paul Biya contre le Covid-19 est visible et intelligible au quintuple plan sanitaire, administratif, économique, social et communicationnel ».

Comme par le passé, le secrétaire à la communication du RDPC ne se fait aucune illusion sur le destin de la démarche de Maurice Kamto. Jacques Fame Ndongo rappelle que, au regard du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, le président du MRC n’a pas qualité pour saisir le PAN. « Les pétitions, précise-t-il, doivent être adressées au président de l’Assemblée nationale par un ou plusieurs députés ». Or celui qui est par ailleurs ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur ne considère Maurice Kamto que comme un citoyen ordinaire.

Conjectures

De plus, fait-il, la Constitution ne laisse pas de place aux conjectures. Le texte fondamental dispose que la procédure conduisant au constant de la vacance à la présidence de la République est déclenchée à la suite du décès, de la démission ou d’empêchement définitif. Pour Jacques Fame Ndongo, « aucune de ces hypothèses n’est avérée, vérifiée ou validée ». Il n’est pas loin de conclure que la démarche de Maurice Kamto relève davantage de la gesticulation. Et est fatalement vouée à l’échec, d’autant plus que son parti ne dispose d’aucun député à l’Assemblée nationale. C’est oublier aussi que le parti présidentiel a remporté la majorité absolue des députés au terme des élections législatives du 9 février dernier.

De surcroit, rappellent des observateurs, des actes montrent que le président de la République est bel et bien au travail. La preuve est administrée par ce décret que Paul Biya a signé le 15 avril portant commutation et remise des peines en faveur des prisonniers. D’ailleurs pour mieux confondre le président du MRC, Paul Biya a fait ce tweet bien illustré le 16 avril : « Je viens de recevoir au Palais de l’Unité, l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou. Au menu de notre échange de cet après-midi : la gestion de la pandémie Covid-19 au Cameroun, en France et dans le monde ». Trêve d’illusion..

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