COVID-19 : Entre union sacrée et opportunisme politique
CAMEROUN :: POLITIQUE

CAMEROUN :: COVID-19 : Entre union sacrée et opportunisme politique :: CAMEROON

Au Cameroun comme ailleurs, la cause commune connaît diverses fortunes.

Contrairement aux conflits classiques théorisés en polémologie (science de la guerre), le monde est aujourd’hui en guerre contre un ennemi sans visage, sans armée et sans organisation. Pourtant, l’agresseur est bien identifié et bien connu. On l’appelle COVID-19 (coronavirus). Cependant, dans certains États à l’image du Cameroun, au lieu d’un front commun, la classe politique s’emballe dans des empoignades partisanes. En témoigne la sortie du président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), Maurice Kamto, qui critique avec véhémence la stratégie de riposte adoptée par le gouvernement. Le 27 mars dernier, il a accusé le chef de l’État de sombrer dans « une indifférence déconcertante » et « irresponsable ». Poursuivant, le leader du Mrc est allé jusqu’à sommer Paul Biya «sous sept jours à s’adresser aux Camerounais, lui-même, pour leur dire quelle est sa riposte contre le Covid-19 et surtout pour annoncer les moyens de financement nécessaires, aussi bien aux ménages qu’aux entreprises, pour assurer l’efficacité du confinement», a-t-il martelé avec véhémence.

Une sortie qui n’a pas été du goût de Grégoire Owona et Jacques Fame Ndongo, respectivement secrétaire général adjoint du comité central et secrétaire national à la communication du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Ces deux membres du gouvernement ont opposé à Maurice Kamto une absence d’« alternative » proposée par le Mrc dans la lutte contre la pandémie. Néanmoins, une campagne de distribution des désinfectants aux effigies du Mrc a été initiée par des militants de ce parti dans les arrondissements de Douala 1er et Douala 3e. Du côté du Social Democratic Front (SDF), l’on prône la solidarité nationale. « Nous sommes tous en danger (…)

Ce virus risque d’entamer gravement la conscience nationale. Une lutte sans concession contre cette pandémie s’impose à tous. Nous sommes obligés par les circonstances de nous réconcilier en tant que peuple et de nous battre contre ce virus », a déclaré le 26 mars dernier, le député Joshua Osih, par ailleurs premier vice-président de ce parti.

Fonds de solidarité

Par la suite, le président de la République a créé, le 31 mars dernier, « un fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus ». D’un montant de base « d’un milliard Fcfa », ledit fonds a été diversement accueilli. « Les initiatives de financement de la lutte contre le covid-19 sont éminemment louables en même temps qu'elles posent un problème de transparence et de conformité dans la gestion des finances publiques. L'orthodoxie doit être respectée », a réagi, Jean Robert Wafo, ministre du Shadow Cabinet du SDF en charge de l'information et des médias. Il estime par ailleurs que « dans d'autres pays, c'est l'État qui vient en aide aux commerçants et autres opérateurs économiques en difficulté et non l'inverse. Les contributions sont volontaires et non obligatoire. Elles ne sont pas et ne sauraient être un impôt ou une taxe supplémentaire ».

À sa suite, le député du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn), Nourane Foster, a pris position. « Qu'il me soit permis de saisir cette occasion pour féliciter la création par le chef de l'État d'un fonds de solidarité nationale contre le COVID-19 (…) Nous devons en ces temps de crise faire montre d'une solidarité et d'une générosité envers nos voisins, notre communauté et notre patrie en général ». Mais avant, elle a critiqué l’initiative des « tests massifs » annoncés par le ministre de la Santé publique en estimant qu’il faut « au préalable décréter l'État d'urgence sanitaire ».

Car, selon la parlementaire, procéder à une telle opération « sans confinement total et intelligent avec mesures d'accompagnements sera infructueux. Une personne testée négative peut contracter la maladie quelques secondes après s'il n'y a pas confinement total », a-t-elle posté sur sa page Facebook, le 1er avril dernier.

Ici comme ailleurs

Par contre au Sénégal, l’urgence sanitaire a rassemblé le pouvoir et l’opposition autour d’une même table. En effet, le président Macky Sall a reçu une quinzaine de leaders politiques, lesquels ont « tous salué les mesures prises » et ont « promis de s’investir ensemble pour faire face à la pandémie », rapporte le journal Le Soleil. Au Rwanda, l’initiative du président Paul Kagame de distribuer de la nourriture à ses compatriotes a été abondamment encouragée à travers le monde.

En France, le premier ministre, Édouard Philippe, a rencontré la classe politique le 12 mars dernier (avant le discours du président Emmanuel Macron sur l’expansion du coronavirus dans le pays, Ndlr). « Je ne veux pas, au moment où nous sommes dans cette crise, affaiblir le gouvernement et donner le sentiment que nous nous livrerions à des polémiques pour l’instant inutiles », a déclaré sur Twitter Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste.

Dans son insoumission permanente, Jean-Luc Mélenchon a appelé à « préparer une relève politique ». Car, dit-il, « ce gouvernement et la doctrine néolibérale montrent leur incapacité à répondre aux dangers concrets de notre époque. L’émergence d’une fédération des forces populaires est une urgence », a lancé le président de La France insoumise.

Lire aussi dans la rubrique POLITIQUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo