Corona virus : gabegie financière en préparation
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Depuis le 18 mars 2020, 261 passagers des vols Air France et Sn Bruxelles arrivés la veille à l’aéroport de Douala, ont été confinés dans des hôtels à Douala, dans le cadre de la prévention contre le corona virus. Le 17 mars 2020 en effet, le gouverneur de la Région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua avait reçu une correspondance urgente du ministre de la Santé publique Manaouda Malachie, qui agissait « conformément aux hautes instructions de monsieur le ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence de la République.»

J’ai l’honneur, disait le courrier, de vous demander de bien vouloir prendre désormais, en liaison avec les aéroports du Cameroun, toutes les mesures de police administratives destinées à la mise en quarantaine systématique de tous les passagers débarquant à Douala. Vous voudrez bien à cet effet, réquisitionner des hôtels ou des espaces susceptibles d’héberger lesdits passagers pendant une durée minimum de 14 jours.»

D’après l’information officielle, il était question de les garder pour cette durée, qui correspond scientifiquement au temps que met le virus dans l’organisme humain pour déclencher la maladie.

Communication tronquée

Depuis lors beaucoup d’informations ont circulé au sujet de ces passagers. La dernière, concernant l’attitude jugée irresponsable de ces derniers, a été confirmée le 25 mars 2020 à Yaoundé par le ministre de la Communication René Emmanuel Sadi, au cours d’un point de presse conjoint avec le ministre de la santé publique. René Emmanuel Sadi notait pour le déplorer, la fuite des hôtels par certains de ces passagers, qui avaient échappé à la vigilance des gardes et fondu dans la nature, avec le risque de propager le virus au cas où ils en étaient porteurs. En dehors de ces faits regrettables, rien n’est pourtant dit de précis sur la situation de ces passagers, qui puisse rassurer les Camerounais. Pour ce qui est de la ville de Douala par exemple, combien de passagers sur les 261 accueillis à l’aéroport se sont échappés des hôtels, et combien en reste-il ? Et ceux qui restent, que font-ils là-bas au juste ?

L’idée initiale était de les confiner pour éviter qu’ils ne propagent le virus. Mais pour propager le virus, il faut l’avoir. Et comment savoir s’ils ont le virus s’ils ne sont pas testés, et s’ils ont été testés, que disent les résultats. Le Dr Linda Esso, spécialiste en charge du dépistage des malades, expliquait à un journal en ligne que la première étape dans le dépistage consiste en ce qui est appelé « écouvillonnage », c’est-à-dire le prélèvement d’échantillons au fond de la gorge et dans les deux narines à l’aide d’une sorte de coton-tige adapté à l’examen. Peu importe le lieu de dépistage, tous les prélèvements sont acheminés vers le Centre Pasteur de Yaoundé qui est en charge des analyses. Une fois les résultats disponibles dans un intervalle de 1 à 2 jours, l’équipe de prise en charge prend le relais.

Séjour onéreux

Un ou deux jours pour avoir les résultats. Ce qui est d’ailleurs confirmé par des experts français dans diverses publications, qui expliquent que trois à six heures sont nécessaires pour analyser un échantillon, sans tenir compte des délais d’acheminement, et les résultats des tests doivent être transmis au patient sous 24h 00. Ce qui veut dire que si les 261 passagers, moins ceux qui se sont échappés, avaient été systématiquement prélevés, les résultats devaient être connus dans les jours qui suivaient, ils ne devaient pas être gardés pour 14 jours quels que soient ces résultats. Parce que s’ils avaient été testés positifs, ce n’est pas dans les hôtels qu’ils devaient être, mais dans des centres spécialisés de prise en charge. Et s’ils étaient négatifs, ils n’auraient non plus rien à faire là-bas, ils devraient être libérés puisque ne représentant pas pour la population le danger qui était redouté.

Quel intérêt a donc le gouvernement à garder ces passagers dans les hôtels, qui pourtant coûtent cher à l’Etat ? Parce qu’il faut le dire, ce n’est pas gratuitement qu’ils séjournent dans ces établissements, c’est le trésor public qui va supporter les frais, aujourd’hui ou demain, tôt ou tard. Certains de ces passagers sont logés dans des hôtels haut standing à 80 000 franc cfa jour, sans compter les repas qui sont facturés autour de 10 000 Fcfa pour être modeste. Avec deux repas par jour le coût de prise en charge d’un simple suspect revient à 100 000 F par jour. En nivelant les tarifs selon les standings des différents hôtels, on peut supposer que chaque passager de ces vols coûte en moyenne 60 000 Fcfa à l’Etat chaque jour, à multiplier par au moins 200, à supposer qu’une soixantaine s’est soustraite des hôtels. Soit une moyenne de 12 millions de francs Cfa par jour. En 14 jours 200 passagers auront coûté 168 millions de francs. À ce sujet justement, le confinement des passagers des vols du 17 mars à Yaoundé et Douala a coûté jusqu’ici 630 millions de FCFA à l’État du Cameroun, selon le ministre de la Santé publique. Et ce n’est pas tout.

Si donc de simples suspects de la maladie coûtent autant d’argent, que coûteront les vrais malades ? D’aucuns diront que si c’est le coût à payer pour sauver la population du corona virus, il faut le payer. Sauf que justement ce n’est pas le coût à payer, il saute aux yeux du premier venu que l’on pouvait procéder autrement pour économiser, en soumettant prioritairement ces passagers au test dans l’hypothèse où les dispositifs de dépistage ne permettraient pas de prendre des centaines de sujets à la fois. Ailleurs les personnes suspectées de porter le virus sont immédiatement testées et prises en charge si elles sont positives, elles ne sont pas gardées dans des hôtels comme si l’on attendait qu’elles fassent la maladie.

Le Cameroun, comme tous les autres pays, a été surpris par le virus certes, mais il importe d’être regardant sur la qualité et même de l’opportunité de la dépense, car en ces temps de détresse où tout est fait dans la précipitation, il y en toujours des opportunistes qui saisissent l’occasion pour adopter des comportements de morguiers, qui profitent des malheurs des autres pour s’enrichir.

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