LES ABORIGÈNES ÉLECTORAUX ET LES MALFRATS POLITIQUES DE PAUL BIYA ou,La cour du lion d’Étoudi
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Ma réflexion dans les lignes qui suivent s’articule autour des points suivants : 1. Le concept d’ « aborigène électoral », 2. Le Louvre d’Étoudi, 3. Les animaux de la cour de Biya, 4. Cameroun : le règne des aborigènes électoraux et des malfrats politiques, 5. De quels serviteurs et courtisans Paul Biya est-il le roi ?

1. LE CONCEPT D’ « ABORIGÈNE ÉLECTORAL »

C’est Ambroise Gwitnnett Bierce qui eut un regard anthropologique exercé sur les aborigènes. Dans Le dictionnaire du Diable, il les présente comme « des personnes de moindre importance qui encombrent les paysages d’un pays nouvellement découvert ». Notons d’entrée de jeu que ce ne sont pas les premiers habitants de notre terre politique en voie de démocratisation ; ce sont plutôt les derniers occupants des territoires monopartites caractérisés par la fraude électorale et une corruption endémique. Ils sont nés dans le temps où le bourrage des urnes était de rigueur. Leur ivrognerie électorale congénitale les pousse à s’abreuver à toutes les étapes alcoolisées du scrutin, de l’inscription biaisée des électeurs jusqu’à la désignation unilatérale de copains ignares à la candidature aux charges électives, en passant par la soustraction des bulletins de vote des adversaires et la mise à tabac des scrutateurs des listes concurrentes. Ivres de leurs manipulations, ils ne s’acclimatent pas dans la nouvelle donne politique du Chef de l’État qui leur commande d’entretenir le brin de scrupule qui retient les voleurs et les criminels au souvenir irrépressible de la main immuable de la justice.

Les aborigènes électoraux manifestent l’esprit du temps, l’ultime mue du régime en place dans notre pays. Ces journaliers de la nuit et du désespoir contribuent par leurs retentissants forfaits à l’inflammation des gaz du thermomètre du trône. Les calices qu’ils portent à l’autel royal ne sont pas remplis de trésors suite à des croisades législatives et municipales méritées. Ils portent des procès-verbaux d’expéditions avilissantes sensées leur donner un peu de légitimité, un sursaut d’accréditation de la base militante, en somme l’ultime sursis espéré sur leur chemin de Damas. Ces offrandes sanglantes dépeignent en fait les paysages de leur insondable solitude, qui est sous-tendue par de multiples abominations électorales ritualisées. En ce sens, Bruce Chatwin a raison de dire, dans le Chant des pistes, que « les aborigènes mobilisent toute leur énergie mentale pour laisser le monde dans l’état où il est ». Ces acteurs rustiques, survivants d’une époque éculée et anomique, dictent la loi de l’absence de toute loi positive. Cette race politico-administrative faite de cœurs de pierre va s’éteindre peu à peu, reléguée inévitablement aux antipodes de l’histoire par les nouveaux occupants de notre espace publique, les réformateurs du régime. Mais cet âge d’or est encore fort lointain...

2. LE LOUVRE D’ETOUDI

Pour l’heure, si vous ne connaissez ou ne comprenez ni Paul Biya ni ses ministres, si vous voulez décrypter la situation actuelle du pays et que vous ignorez les intrigues post-électorales dans le sérail, laissez-vous guider par Jean de La fontaine. Lisez l’instructive et époustouflante fable « La cour du roi ». C’est l’histoire de sa Majesté Lionne qui organisa un festin pour « connaître de quelles nations le ciel l’avait fait naître ». Roi lion invita donc dans son palais ses bêtes sauvages :
« Quel Louvre ! un vrai charnier, dont l’odeur se porta D’abord au nez des gens. »

Les convives commencèrent à arriver. L’ours se boucha les narines devant l’odeur insupportable : il fut exécuté illico ! Le singe flatta le Lion pour les senteurs suaves et exquises que dégageait son palais : ses flatteries inconvenantes conduisirent à sa mise à mort ! Le renard, lui, prétexta d’un grand rhume et soutint qu’il ne sentait rien, ayant l’odorat bousillé : il fut épargné ! La leçon de vie de la Fontaine pour prospérer dans la cour d’un roi est sans appel :
« Ne soyez à la Cour, si vous voulez y plaire,Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère ;Et tâchez quelquefois de répondre en Normand ».

Dans la Cour du roi, le Normand fait l’enrhumé éthique toute l’année : il ne dit ni oui ni non ; il veut quand même arriver au sommet de l’échiquier politique. C’est le cas des serviteurs, mandataires et courtisans de la Cour d’Étoudi.

À suivre…
4. LES ANIMAUX DE LA COUR DE BIYA

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