Patrouille d’un véhicule de police avec des éléments à bord, des établissements commerciaux fermés dont certains jonchent des rues sur lesquelles l’on peine à percevoir une âme en dehors de celle qui se dirige vers l’église située à quelques centaines de mètres du centre urbain, tel est le visage que présente Monatélé, chef-lieu du département de la Lekié, région du Centre quelques temps après l’ouverture des bureaux de vote.

Le bureau de vote situé au Lycée de Monatélé ne fait pas courir grand monde. A 13 h, sur 267 inscrits, l’on dénombre 33 votants en incluant les représentants des partis politiques en lice. A la fermeture, l’on enregistre finalement après dépouillement, 97 votants avec 37 voix pour le Parti de l’alliance libérale (Pal), 35 pour le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et 25 pour le Front des démocrates camerounais (Fdc).

D’après Célestin Bedzigui, président du Pal, sous-réserve de la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, la circonscription électorale de Monatélé pour les municipales présente les statistiques ci-après : Rdpc : 4175 voix soit 49,75%. Pal : 3419 voix soit 40,74%. Fdc : 758 voix soit 9,51%. « Nous avons forcé le Rdpc au partage dans ce qui est réputé être un fief imprenable dans son glacis électoral, malgré une asymétrie des moyens et des pratiques questionnables de certains concurrents illustrées par des pratiques comme l’offrande des boeufs dans mon groupement la veille du scrutin et des enveloppes de millions Fcfa offerts dans certains villages par des membres du gouvernement », dénonce-t-il.

La déclaration de Célestin Bedzigui est battue en brèche par Daniel Awono, chargé de mission Rdpc auprès de la Commission communale de campagne à Monatélé pour qui le « Rdpc a tout raflé ». Il a par ailleurs relativisé sur l’abstention, « à Monatélé, nous avons une population cosmopolite au niveau du centre urbain, c’est ce qui explique le faible taux de participation par rapport à ce que nous avons relevé dans les villages où les populations ont voté à 45% ».

Denis Emilien Atangana, tête de liste du Front des démocrates camerounais, décrie l’organisation du scrutin en confiant avoir été séquestré au bureau de vote de l’école publique de Ngaba II, « les gens ne sont pas libres, moi-même j’ai eu des échauffourées deux fois dans ce bureau de vote, nos représentants ont été forcés de voter pour le Rdpc au risque de se voir entaillé le corps avec la machette ».