Les urgences, c'est à l'hôpital
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La sagesse des Camerounais qui nous gouvernent n'a de limite que Dieu le Père. Voyez-vous, la légende attribue la maxime ci-contre à Laurent Esso, le ministre de la Justice, garde des Sceaux. Une autre légende attribue cette autre maxime de la même eau à un autre notable de la Popolie, embastillé celui-là à Kondengui : « Il n’y a pas d’urgence, c’est nous qui sommes pressés. » Et puis, une dernière attribue le tout au créateur de ces créatures, Paul Biya. Tiens !

Venons-en aux faits. Une mutinerie est survenue à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé dans la nuit du 22 au 23 juillet 2019 suivie quelques jours plus tard par celle de Buea. Il n’y a pas eu de morts, selon la version du Ngomena, la version officielle. Dieu est au contrôle ! Pourtant, la « paulémique » monte ! Et depuis lors, le patronyme du Minjustice n'a plus quitté la Une des journaux. Parce qu’il a enfin parlé ! Quoi ? C'est bientôt la fin du monde ! Faites place ! C'est vrai que Lorenzo aurait fait fortune autrefois dans le cinéma muet aux côtés de Charlie Chaplin. Mais on découvre, oui on découvre qu'il lui arrive de parler. Publiquement.

Et même comme un charretier ! « Tiens, tiens. Le 30 juillet, il fait un message porté aux autorités judiciaires du Cameroun leur demandant de lui faire des suggestions sur la réduction des lenteurs judiciaires par voie législative ». Et patatras. Le message porte la mention « Urgence hautement signalée ». En rouge et en capitales. Une véritable soupe à la grimace. Une stratégie de brocante. Que dire de plus ? Laurent Esso est pressé. Très pressé ! C’est vrai que ses relations avec la parole publique sont proches du niveau zéro. Une seule petite mutinerie a suffi pour réduire à néant la fable rapportée à plus soif selon laquelle il ne parle jamais. Qu'écris-je ? Il lui fallut une mutinerie pour sortir de son mutisme !

Croyez-moi, c'est dur de trouver des mots qui conviennent après ce qui est arrivé à Kondengui cette nuit-là. Exception faite de la presse à décharge. J’ai lu que l’on a acheté la presse avec 25 millions de nos francs pour mitrailler le « Blanc du Littoral » Et la télévision nationale de nous apprendre que la jacquerie carcérale n'est pas une spécificité camerounaise. Bingo ! Au Brésil, plus de 50 morts parfois par décapitation dans l’Etat du Para... Pour une fois que nous ne voulons pas être devant ! Reconnaissons que toute construction humaine reste humaine c’est-à-dire imparfaite ! Le problème c'est que rien n’a jamais été construit ! Le ministère de la Justice dispose-t-il d’un budget d’investissement ? A quoi sert-il ?

Kondengui fut créé pour accueillir 2000 détenus. Aujourd’hui, ils y sont 6000. Faites l’arithmétique. Nous avons, 30 701 détenus dans tout le Cameroun contre 17 815 lits. A vos calculettes ! Plus que tout autre, ce Yuma est le condensé de tous les points d’interrogation contemporaine. Comment sommes-nous devenus nos propres bourreaux ? Certes, la prison ne saurait être la terre promise pour le détenu. Mais, il s’agit aujourd’hui, pour les Camerounais d’avoir une sorte de coeur pour autrui et se laisser émouvoir par la misère de l’autre. J’ai le droit de me dire que tel qu’on voit le grand muet de Douala danser la danse de Saint Guy sous les balles, il peut arriver que les urgences quittent l’hôpital pour prendre la direction de la prison…

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