244 détenus sortis de Kondengui : Où sont-ils ?
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Le sort des 244 détenus exfiltrés de la prison centrale depuis les évènements du 22 juillet dernier préoccupe et mobilise familles, avocats et ONG qui dénoncent des atteintes à l'intégrité physique de ces prisonniers interpellés.

Le collectif des avocats pour la défense des personnes déportées de la prison centrale de Kondengui ne démord pas. Vendredi dernier, le président de Commission nationale des droits de l'homme et des libertés a été saisi par une correspondance de ces avocats "pour dénonciation des cas de disparition forcée" à la suite de la mutinerie de certains détenus à la prison centrale de Yaoundé survenue lundi le 22 juillet dernier. La correspondance, consultée par le Jour, relève que "plusieurs détenus ont été arrêtés aux aurores (ndlr le 23 juillet dernier) sur leurs lits et déportés dans certaines unités des forces de l'ordre notamment le secrétariat d'État à la gendarmerie (Ses)", note le collectif des avocats.

Coups sur les parties génitales Et de poursuivre : " Tout au long du trajet de la prison centrale de Kondengui à la gendarmerie nationale (Sed), ajoute le collectif des avocats des personnes déportées de la prison centrale de Kondengui, ces détenus ont subir des tortures innommables et des atteintes graves à leur intégrité physique, notamment, des coups de poing, coups de pied, des gifles assourdissantes, des coups portés sur leurs parties génitales, à la tête, au ventre, au sternum etc, coups portés par les forces de l'ordre, à mains nues, à l'aide des fusils visiblement chargés ou au moyen de tout objet à portée de main."

Ces avocats indignés par ce qu'ils apprennent de diverses sources, insistent dans leur correspondance au président de la Cndhl sur le cas de Mamadou Mota, vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), "ce dernier, disent-ils, dont les images insoutenables de l'arrestation ont circulé sur les réseaux sociaux où on l'a vu hagard, assis nu dans une pick up de la gendarmerie, blessé à la tête avec de nombreuses contusions sur le corps, a vu son bras gauche brisé en voulant se protéger des violences inouïes perpétrées par les soldats venus l'arrêter." Le collectif des avocats ne doute pas que les autres détenus arrêtés ont subi "les mêmes traitements cruels" et souligne que plusieurs militants ou sympathisants du parti politique Mrc "sont à ce jour introuvables dès lors qu'aucune information n'a pu être donnée aux avocats, ni à leurs familles quant à leur nombre réel, leur identité et le lieu de leur détention après la déportation hors du pénitencier de Yaoundé Kondengui."

Entorses aux conventions signées

Dans une nouvelle communication lors d'un point de presse vendredi dernier sur le sujet, s’agissant de la prison centrale de Kondengui, le ministre René Emmanuel Sadi a indiqué que "Les détenus identifiés comme les meneurs de cette insurrection, à savoir : 177 le jour des faits et 67 par la suite, pour un total de 244 insurgés interpellés, et placés sous exploitation auprès des services de la police et de la gendarmerie, ont déjà tous été entendus, et les diverses enquêtes pratiquement bouclées. En ce moment, les dernières vérifications des formalités procédurales sont en cours d’achèvement." Si M. Sadi a précisé que le chiffre actualisé des détenus interpellés est de 244 dont 67 nouvelles interpellations, leur identité et le lieu de leur détention n'est cependant pas précisé. On s'interroge aussi sur la nature des auditions de ces détenus, sans la présence de leurs avocats, ainsi que ces derniers l'affirment.

Surtout que des allégations récurrentes de tortures infligées à ces détenus fusent. Mercredi dernier au siège du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) à Bali Douala, la directrice exécutive, Maximilienne Ngo Mbe en demandant au gouvernement de lever le voile sur la situation des détenus introuvables, afin qu’ils bénéficient des soins appropriés, a rapporté elle aussi "des actes récurrents de tortures, et autres traitements inhumains et dégradants, enregistrés dans les centres de détention à travers le Cameroun", ce qui constitue selon elle, "des entorses graves aux lois et conventions signées par les dirigeants camerounais, en matière de protection des droits des détenus."

Strict respect des lois

Avant le Redhac, Mandela Center International, Centre international d'assistance pour les victimes d'injustices sociales, de violations des droits de l'homme et de torture, dans un communiqué signé le 30 juillet par le secrétaire exécutif permanent, Jean Claude Fogno déplorait déjà des "disparitions forcées et graves tortures" suite à une mutinerie "dans les prisons camerounaises" de Yaoundé et Buea. Dans la foulée, Mandela Center condamnait "avec la toute dernière énergie, cette répression sauvage et barbare dont continuent de faire usage les autorités camerounaises; (ndlr demandait), avec une extrême fermeté, aux autorités camerounaises de mettre immédiatement un terme à cette stratégie visant à faire régner la terreur au sein de la population ; (ndlr exigeait), avec détermination, une enquête internationale pour faire la lumière sur les atrocités commises à la suite des mutineries dans les prisons camerounaises; (ndlr rappellait) clairement aux autorités camerounaises l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour tenir pénalement responsables tous les auteurs de cette disparition forcée, les ordonnateurs ou les commanditaires ainsi que les complices."

Mandela Center International avisait aussi l'opinion de la saisine par ses soins du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées créé par la Commission des droits de l'homme dans sa résolution du 29 février 1980. Réponse invariable de René Emmanuel Sadi : "(...) les diverses procédures légales initiées à l’encontre des meneurs de cette insurrection ont été conduites dans le strict respect des lois et règlements de la République."

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