Affrontements intercommunautaires : Quand l’Unité nationale est mise à mal
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Un différend personnel, des violences, des représailles, des morts. Le cycle de mésententes entre groupes ethniques n’en finit pas de saper le vivre-ensemble au Cameroun.

Une fois encore, la localité d’Eséka constitue un pôle d’actualité. Après l’accident ferroviaire survenu le 21 octobre 2016, voici le chef-lieu du département du Nyong-et-Kelle) s’est de nouveau mise sous les feux des projecteurs le 12 mai 2019. Ce jour-là, rapportent Mutations du 13 mai dernier, des affrontements intercommunautaires ont eu lieu entre les autochtones et les ressortissants du Grand Nord. Selon un bilan tenu par le quotidien privé, les incidents ont fait trois blessés graves (dont deux internés à l’hôpital de district d’Eséka et un autre dont le cas jugé plus critique, évacué à Yaoundé pour des soins appropriés).

Une source locale renseigne que « la récurrence d’agressions et de vols à bord des mototaxis ont amené quelques personnes s’identifiant comme des autochtones à prendre gourdins, machettes et des couteaux contre ressortissants du Grand-Nord ». La même source souligne qu’à tort ou à raison, l’insécurité ambiante est attribuée à ces derniers par les populations locales.

A en croire Peter Tchende, le préfet du Nyong-et-Kelle approché par Mutations, les affrontements se sont polarisés sur les notions pour le moins floues d’autochtones et d’allogènes.

Cette actualité vient se greffer à celle du 24 avril 2019 à Obala (Lékié). Suite au meurtre d’un jeune homme issu de la communauté « Haoussa », de vifs affrontements communautaires y ont lieu. En guise de réplique, quelques « Haoussa » ont décidé de venger leur frère. Munis de pancartes aux messages haineux, de machettes et de lance-flèches, ils ont pris à partie une partie de la population autochtone.

Regards

Dans un cas tout comme dans l’autre, tout se passe comme si les processus d’exclusion, de désaffiliation, de ségrégation et de discrimination occultent le vivre-ensemble. « Ils font structurellement obstacle à l’Unité nationale », avise le sociopolitiste Daniel Yapseu. De l’avis de l’universitaire, « l’analyse des logiques émeutières conduit à dégager un certain nombre de constantes dans l’espace et le temps. À chaque fois, ce sont des incidents survenant dans un contexte de suspicion et de rancœur réciproques entre communautés locales et allogènes ». Pour sa part, l’activiste de la société civile Josué Abessolo pense qu’ « on peut estimer que le contexte sociopolitique actuel y est pour beaucoup, ce qui conduit à masquer une incapacité structurelle à envisager de façon raisonnée et pragmatique un débat sur les questions d’ordre public ».

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