Réduction du train de vie de l’État : Paul Biya peine à mettre ses ministres au régime
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Ces derniers, de même que les directeurs généraux des sociétés d’État et d’autres hauts fonctionnaires, continuent de dépenser sans compter lors des missions à l’extérieur du pays.

Les dévots et les fanatiques des chiffres n’ont pas manqué de le relever : depuis le 6 novembre 2018, Paul Biya n’a pas voyagé. Au 4 avril dernier, le quotidien privé Mutations chiffrait à plus de 200 le nombre de jours (d’affilé) que le président de la République a passés dans son pays. Que le chef de l’État soit devenu sédentaire, Blériot Egama comprend. Il explique immédiatement que « les voyages à l’étranger se payent en devises. Or, comme tous les pays d’Afrique centrale, le Cameroun traverse une crise de devises ».

« Exemple »

Dans une évaluation sommaire, l’expert en politiques publiques et finance internationale estime que « les voyages présidentiels coûtent cher (…) Outre lui-même, il y a les légions d’hommes des services et de l’armée, les rangées de ministres et de conseillers sherpas, l’intendance, les cuisiniers et les journalistes ».

Paul Biya semble donc fournir un « effort d’exemplarité » sur le chantier de la baisse structurelle du poids des dépenses publiques, en réduisant lui-même le nombre de ses voyages à l’étranger. Depuis toujours, il exhorte ses collaborateurs directs et indirects à utiliser, autant que possible, le rabot afin de rogner considérablement la planche des dépenses liées à leurs déplacements. Visiblement, il n’a pas été entendu.

« Globe-trotters »

Ministres, directeurs généraux des sociétés d’État et autres hauts fonctionnaires continuent de dépenser sans compter. « Le constat a été fait de ce que plusieurs membres du gouvernement, directeurs généraux des sociétés d’État et autres hauts fonctionnaires sont régulièrement en mission à l’étranger. Il est avéré que ces nombreux déplacements obèrent le budget de l’État et compromettent le suivi adéquat des dossiers des administrations concernées », peut-on lire dans le message-fax que Ferdinand Ngoh Ngoh adresse, ce 1er avril 2019, à Séraphin Magloire Fouda.

Les instructions du chef de l’État, répercutées par le secrétaire général de la présidence de la République au secrétaire général des services du Premier ministre, prescrivent « d’adopter d’urgence des mesures appropriées, destinées à réduire à l’essentiel les déplacements desdites personnalités ». En réponse, le Premier ministre informe, via un message fax de son secrétaire général, daté du 5 avril 2019, qu’à « l’avenir, seules les missions statutaires, dont l’utilité pour le Cameroun est avérée, seront autorisées ».

Scepticisme

Selon la Banque mondiale, « Le gouvernement du Cameroun a pris des mesures visant à réduire les dépenses, mais les performances ont été inférieures aux attentes ». Les calculs de l’institution de Bretton Woods indiquent « les dépenses allouées aux biens et services (dont les missions à l’étranger NDLR), les subventions et les transferts ainsi que les dépenses en capital financées sur ressources ».

Bien plus, certains, comme Jean-Marc Bikoko, remarquent que les « recadrages » du chef de l’État, via Ferdinand Ngoh Ngoh et Séraphin Magloire Fouda, sont surtout symboliques. Le syndicaliste n’hésite d’ailleurs pas à dénoncer des « effets d’annonce ». Selon lui, les textes de l’un et de l’autre se partagent entre mesures déjà existantes, mesures sans grand impact et rappel de bon sens. « Mais peu de traces de chiffres ou de précisions d’applications depuis Bello Bouba jusqu’à Dion Ngute», assène Jean Ayi, inspecteur principal du trésor à la retraite.

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