Enlisement : Quand la crise anglophone déborde à l’Ouest
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Les attaques se multiplient, la vie des populations a profondément changé dans de nombreuses localités de l’Ouest, frontalières du Nord Ouest et du Sud Ouest anglophones en crise. Entre inquiétudes et résignation, le nombre de déplacés internes grimpe.

Enlisement. Les attaques se multiplient, la vie des populations a profondément changé dans de nombreuses localités de l’Ouest, frontalières du Nord Ouest et du Sud Ouest anglophones en crise. Entre inquiétudes et résignation, le nombre de déplacés internes grimpe. Les populations du Nord Ouest, même celles qui sont le plus attachées au régime en place, sont désabusées. Au sortir de 10 jours de « shutdown », un mélange de « ghost towns » et de répression des traîtres, consécutif à la célébration de la fête nationale de la jeunesse, les gens sont désabusés. « Cinq à dix personnes meurent de violence dans le Nord Ouest chaque semaine », témoignait Derick Bakah, journaliste exerçant à Bamenda lors du congrès du Syndicat national des journalistes du Cameroun, le 10 février dernier. En effet, à l’occasion, la région a connu un exode sans précédent. Entre autres, le chef Tiben, par Batibo est refugié à Foumbot. Il fait partie de près de 240 déplacés des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui vivent dans la promiscuité dans cet arrondissement du Noun.

Le kidnapping et la libération le lendemain des rares élèves du Saint Augustin College de Kumbo, un des derniers établissements catholiques qui a réussi à garder des effectifs, aura contribué à accentuer la sinistrose dans les esprits. Au lendemain de l'enlèvement de plus de 200 élèves et responsables de cet établissement secondaire, 170 d'entre eux ont pu être libérés le 17 février. Et les recherches se poursuivent pour libérer les derniers otages. camer.be. Evacué d’urgence à Yaoundé, Fru Tsi Angwafor, fils du chef de Mankon, a reçu des balles tirées par des inconnus. Les tirs nourris entre combattants sécessionnistes et forces loyalistes, puis l’incendie de l’hôpital de Kumba, dans le Sud-Ouest, l’un des fleurons de l’oeuvre médicale au Cameroun, ont fini de convaincre les sceptiques que l’heure est grave.

En attendant une solution de sortie de crise qui ne vient pas, les résistants d’hier se mettent à l’abri. L’entreprise de découragement initiée par des leaders politiques ne passe plus. Pour montrer qu’ils ne s’amusent pas, les « rebelles » ont depuis trouvé le moyen d’inquiéter les consciences, loin de leurs zones de lutte. Avant Penda Mboko et Mombo dans le Moungo, région du Littoral, ils ont fait parler d’eux à l’Ouest, zone bloquée, qui partage ses frontières avec cinq autres régions. L’Ouest est devenu la cible des sécessionnistes. Elèves, enseignants, proviseurs de lycées, chefs d’établissements privés sont régulièrement enlevés. Le mardi 5 janvier 2019, le lycée bilingue de Zavion, une localité de Babadjou frontalière (3km) de Pinyin dans l’arrondissement de Santa, a été attaqué par les sécessionnistes. Le bloc administratif de cet établissement secondaire des Bamboutos a été incendié.

De sources internes, six assaillants sont arrivés par la limite administrative, à l’aide de motos. Armés de fusils et de machettes, ils ont pillé le bloc avant d’y mettre le feu. Quelques jours plus tôt, le proviseur du lycée de Bamenyam, une localité de l’arrondissement de Galim frontalière avec le Ngoketunjia, avait été enlevé. Relâché des heures plus tard, il n’est pas sorti du traumatisme. Voici plus d’un an que les populations de Fongo Tongo, dans la Menoua, travaillent à éloigner les « Ambazoniens », qui sévissent lors des cérémonies traditionnelles.

Les écoles sont leur cible. Des quartiers entiers, frontaliers avec le Lebialem, font l’objet d’enlèvements répétés avec demandes de rançon. Des patrouilles permanentes ont été instituées dans un village vite militarisé. En pleine saison caféière, Santchou grouille d'activités, mais les gens ont peur. L’explosion démographique est plus que sensible, non pas à cause des caféiculteurs qui vivent l’euphorie de la bonne production mais à cause de l’afflux des élèves. Venus de Mbetta, Nguti, Mbokambo, etc., certains vivent dans des conditions précaires. « Il n’y a plus de maison vide à Santchou. Le portail de la diaspora camerounaise de Belgique. Les enfants habitent même là où il n’y a pas de porte. Ils veulent fréquenter », témoigne un enseignant de la localité. Le lundi, 18 février 2018, six mois après la rentrée, 3 nouveaux élèves y demandaient encore le recrutement. Les collèges d’enseignement secondaire (Ces) à Fossong Ellelem, Fossong Wentcheng, Fongo Ndeng, etc. proches du Lebialem ont été attaqués, les responsables torturés ou blessés. Fin décembre 2018 à Bangourain, dans le Noun, des maisons ont été incendiées, des personnes kidnappées et d’autres tuées. Un exode sans précédent a suivi, lors duquel des femmes allaitantes ont fait plus de 50km à pied, sans biens. La vie de plusieurs centaines de résidents est à reconstruire.

Partie des revendications corporatistes, la crise anglophone étend ses tentacules dans les Bamboutos, la Menoua, le Noun et a une répercussion sur l’économie globale de la région de l’Ouest. En attendant les attentats, certaines denrées à Bafoussam sont rares ou chères. Il n’y a plus de maison à louer et des déplacés ont envahi les marchés, où ils marchent pour collecter pour leur alimentation, les déchets de tubercules et féculents habituellement destinés à la poubelle.

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