Le faux-départ
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Depuis le 4 janvier dernier, le Cameroun ressemble encore plus à un boxeur groggy. Etourdi par les coups et contrecoups du temps qui passe, le pays reste cependant debout, sous le regard mi-amusé, mi-préoccupé de la communauté internationale, qui se demande jusqu’à quand le cirque qui se joue sous les yeux de tous va durer et comment il va s’achever.

Le peuple attendait un remaniement ministériel de rupture, un tsunami, il n’a eu droit qu’à une brise vespérale. Les choix, promotions et combinaisons au sein de l’équipe Dion Ngute interrogent tant et si bien qu’on se demande si c’est le chef de l’Etat qu’on a écouté avec attention et entrain le 6 novembre 2018, à l’occasion de sa prestation de serment pour le septennat dit des « grandes opportunités », qui a formé ce gouvernement. Le peuple se demande comment le génie politique et l’expérience reconnus au président de la République a pu accoucher de si peu face aux urgences de l’heure au Cameroun.

La question est d’autant plus anxiogène que des informations, manifestement plus réelles que supposées, circulent sur les péripéties autour de l’élaboration des décrets lus à la Radio nationale, entre les journaux de 17h et de 20h, et même la semaine ayant précédé la redistribution des cartes. Qui était à la manœuvre ? Si manœuvre il y a eu, était-elle guidée par l’intérêt national ou simplement par la satisfaction des appétits claniques ? Ne nous faisons pas d’illusions. Dans le flot grouillant de l’actualité des installations des nouveaux membres du gouvernement et des cérémonies de présentation des voeux, ces préoccupations de journaliste sont destinées à la poubelle de l’histoire.

D’ailleurs, dans leur curieuse propension à voir la paille qui est dans l’œil du voisin au lieu de la poutre qui est dans le leur, de nombreux Camerounais se sont déjà tournés vers l’actualité politique en République démocratique du Congo et au Gabon. Même le faible engouement, désormais chronique, des Camerounais à s’inscrire sur les listes électorales en cette année pendant laquelle devraient se tenir les législatives et municipales (et les régionales, pourquoi pas ?) n’intéresse pas grand monde.

Idem pour la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui comme un cancer se métastase, face à la volonté politique du pouvoir, sans doute réelle, mais inversement proportionnelle à la gravité et au déroulé des évènements, d’y remédier. A ces sujets visiblement ignorés, il faut ajouter cette guerre ouverte et décomplexée qui se joue désormais entre des pontes du régime pour le contrôle du pouvoir d’Etat. Dans l’ensemble, la note d’espoir attendue par les Camerounais en ce début d’année 2019 s’est muée en une percussion de lassitude. Le portail des camerounais de Belgique. L’équipe Dion Ngute peut-elle nous servir la gamme qui éclipsera cette mélancolie ?

La classe politique et la société civile peuvent-elles être plus structurées, éclairées et offensives pour réenchanter le peuple ? Chaque citoyen peut-il jouer sa partition dans l’hymne au changement attendu ? C’est à ce carrefour de questionnements que se trouve aujourd’hui le Cameroun. Si l’on n’y prend garde, 2019 pourrait s’achever comme 2018 et, en 2020, il faudra pousser à nouveau l’énorme rocher des défis actuels vers les cimes de l’espoir, comme Sisyphe.

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