Présidentielle 2018 : Les Etats-Unis remettent en cause la réélection de Paul Biya
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Le département d'Etat américain (ministère des Affaires Etrangères des Etats-Unis) vient de pubier un communiqué subséquemment à la réélection du président Paul Biya dont la victoire très contestée et soutenue uniquement par l'intimidation à travers le déploiement massif des forces de sécurité et de défense pour tenir le peuple à distance considérable a été proclamée lundi par le Conseil constitutionnel du Cameroun inféodé au régime en place depuis 36 ans.

On note dans ce communiqué qui est en fait un message aux camerounais, que le département d'Etat se force cette fois-ci à la diplomatie pour ne pas dire les vérités crues qui ont souvent créé des polémiques par le passé.

Aussi se complait-il à féliciter « le peuple camerounais pour les élections largement pacifiques du 7 octobre ». et à exhorter « toutes les parties – y compris le gouvernement – à respecter l'état de droit, à régler pacifiquement tout différend par la voie légale et à éviter les propos haineux », faisant ainsi comprendre etre les lignes que la situation est tendue –comme d'habitude quand une élection ne s'est pas faite dans les règles-, et qu'elle pourrait s'aggraver en raison de la propagation de la haine, notamment ethnique, à laquelle se livre le pouvoir et ses agents.

Et si le Département d'Etat des Etats-Unis se félicitent -en toute diplomatie- de ce qu'ils considèrent comme « l'amélioration démontrable de la Commission électorale camerounaise par rapport aux élections de 2011 », il dit cependant avoir « constaté un certain nombre d'irrégularités avant, pendant et après les élections du 7 octobre. Ces irrégularités n'ont peut-être pas affecté le résultat mais ont donné l'impression que les élections n'étaient ni crédibles ni véritablement libres et équitables. ».

Dans la même veine dela formulation diplomatique de son constat amer sur la dernière élection présidentielle au Cameroun, la diplomatie états-unienne félicite « la Mission d'observation électorale de l'Union africaine pour sa déclaration préliminaire » mais s'appesantit sur un point particulier de cette déclaration préliminaire, notamment la recommandation selon laquelle «le cadre actuel doit être renforcé afin de préserver les principes démocratiques de séparation des pouvoirs, d'équité, d'indépendance et d'impartialité».

C'est tout dire pour un pays qui est connu notoirement pour la concentration des pouvoirs entre les mains du chef de l'exécutif, en dépit des dispositions constitutionnelles et réglementaires qui en disposent autrement, mais juste pour la forme.

A noter également, la déclaration du département d'Etat revient sur la lancinante crise aux allures de guerre de sécession qui a cours dans les régions anglophones du Cameroun depuis deux ans, pour attirer l'attention du président réélu et de ses antagonistes, en encourageant « vivement les deux parties impliquées dans le conflit affectant les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun à se concentrer sur le règlement des différends par un dialogue pacifique et à permettre un accès sans entraves aux travailleurs de l'aide humanitaire".

Reste cependant que le message des Etats-Unis n'est pas seulement adressé au pouvoir en place au Cameroun, mais aussi à l'opposition qui en conteste la légitimité. Car toujours en lisant entre les lignes, on se rend compte que le pays de Donald Trump –l'un des présidents américains élus seulement pour avoir remporté la majorité des suffrages des "Grands Electeurs" alors que son adversaire le devançait avec environ deux millions de voix dans les urnes-, a pris acte de la « réélection » aux forceps du président sortant, et adjure l'opposition incarnée par le Pr. Maurice Kamto, de faire l'économie d'une débauche d'énergie qu pourrait n'aboutir à rien, mais pourrait coûter des vies pouvant être utiles au camp du changement à l'occasion des prochaines échéances politiques. Message identique aux séparatistes anglophones dont les Etats-Unis comprennent la légitimité des motivations, mais ne pensent nécessairement qu'ils méritent d'être particulièrement soutenus dans leur démarche.

Il n'en demeure pas moins que le destin du Cameroun est avant tout une affaire de Camerounais, qui dans leur immense majorité, malgré le calme dont ils font montre depuis la proclamation des résultats de l'élection présidentielle, ne sont pas prêts à digérer cette entourloupe de trop. Idem pour les partisans de la création d'un Etat dit « d'Ambazonie » qu'il faudrait plus qu'un appel au règlement pacifique des différents pour les ramener à de meilleurs sentiments après que le gouvernement a massacré des milliers de leurs parents, incendié des dizaines de leurs villages entiers et poussé des centaines de milliers des leurs à l'exil.

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