Présidentielle 2018 : L’enjeu de la paix
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L’élection présidentielle constitue un moment délicat dans la vie de toute nation. En effet, celle-ci offre la possibilité aux citoyens de choisir la femme ou l’homme qui présidera aux destinées du pays pour un mandat à durée déterminée. Par le bulletin de vote, le citoyen peut exprimer son mécontentement ou son approbation à la politique menée par le pouvoir sortant.

Du coup, par le biais du vote, la désapprobation du peuple souverain ne trouve pas pour terrain d’expression la rue ou la violence. Au lieu d’engendrer une crise sociale, toute consultation électorale doit plutôt aider à la prévenir. A travers l’élection, ainsi que l’indique fort opportunément l’enseignant de science politique, Pierre Brechon, « le langage des urnes a remplacé progressivement le langage des armes ».

Le Cameroun, qui a rendez-vous le 7 octobre prochain avec une autre élection présidentielle de sa riche et féconde histoire politique, ne saurait s’écarter de cette voie. La présidentielle ne doit pas se transformer en un boulevard vers le chaos ou une déflagration sociale plus importante. Pour cela, il faut que les règles du jeu électoral soient, dans toute la mesure du possible, consensuelles. Il faut que la météo sociopolitique soit favorable à la tenue du scrutin dans l’ordre, la discipline et la sincérité, du moins que toutes les dispositions soient effectivement prises pour que ce soit le cas.

S’agissant du code électoral, on sait d’ores et déjà qu’il est largement perfectible. La résistance du pouvoir à pallier certaines de ses faiblesses - à la lumière de la modernité démocratique - tend à accréditer la thèse d’une réelle fébrilité que cache mal l’assurance brandie en étendard par les thuriféraires du chef de l’Etat, candidat à sa propre succession.

Surgi comme un nuage qui zèbre le ciel politico-électoral camerounais, le grief du Social Democratic Front (SDF) sur la présence de bureaux de vote dans les casernes militaires et les chefferies traditionnelles ne doit pas être botté en touche par l’organe en charge de l’organisation des élections. La direction d’Elections Cameroon (Elecam) a beau jeu d’expliquer que les sites querellés sont « des lieux publics ouverts au public », mais il est de notoriété publique qu’on n’entre pas dans une caserne militaire ou une chefferie traditionnelle comme on entrerait dans un lycée ou un collège.

A moins de soutenir le « vote embarqué », compte tenu des orientations et consignes aux allures de « viol des foules », qui pourrait aisément s’y dérouler, Elecam serait bien inspiré de revoir sa posture sur le sujet. Il n’y a aucune mollesse ni honte à corriger une disposition qui peut alimenter la contestation électorale et menacer la paix sociale. L'information claire et nette. Le 15 septembre prochain, le SDF entend organiser un meeting, suivi d’une marche en vue de « dénoncer la décision irresponsable et provocatrice d’Elecam de créer des bureaux de vote dans des casernes militaires et chefferies traditionnelles ».

Pas besoin d’être un devin pour affirmer que la déclaration de manifestation publique soumise par le président régional du SDF-Littoral au sous-préfet de Douala Ier ne trouvera pas grâce aux yeux du « chef de terre » ; qui arguera, comme par le passé, d’une « menace de trouble à l’ordre public ».

Mais ce sera certainement partie remise pour le SDF. Ce boulet (et sans doute d’autres dont le pouvoir fera le lit par son autisme) viendra s’ajouter à la situation de pourrissement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, pour finalement faire de la présidentielle 2018 une bombe à retardement, une épée de Damoclès sur le bien précieux qu’est la paix au Cameroun.

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