Ce que Michel Rocard laisse à l’Afrique
AFRIQUE :: FRANCEAFRIQUE

Ce que Michel Rocard laisse à l’Afrique :: AFRICA

L’Afrique n’a jamais cessé d’habiter l’ancien Premier ministre français durant son long parcours politique qui s’arrête ce jour dans sa 85e année.

C’est en signant un rapport sans concession sur les conditions inhumaines d’internement de civils dans des « camps de regroupement » de la guerre d’Algérie, que Michel Rocard, alors inspecteur des finances, se distingue pour la première fois, en 1959. Le rapport fuite dans la presse et provoque un choc dans le monde politique français. Opposé à la politique algérienne de Guy Mollet, il rompt avec le Parti Socialiste et prend position pour l’indépendance de l’Algérie.

Trente ans plus tard, en 1988, fraichement nommé Premier ministre de François Mitterrrand, il s’adresse aux députés : « En Afrique du Sud, nous devons tous condamner le régime d'apartheid, cette plaie ouverte dans la conscience humaine. »

En 2000, il estime que c’est avant tout par l’entreprenariat que l’Afrique se développera. Il collecte quelques capitaux auprès de grandes entreprises françaises et se lance en pionnier dans le capital-risque africain avec le fonds Afrique Initiatives. « Notre expérience dans le capital risque nous a confirmé que l’économie africaine se développera d’abord par ses PME et ses TPE. » L’aventure ne durera toutefois que quelques années, faute de rentabilité.

Son dernier combat africain, Michel Rocard l’a mené contre Vincent Bolloré. Il accusait le milliardaire breton d’avoir volé le projet de grande boucle ferroviaire d’Afrique de l’Ouest à Africarail, une structure à laquelle il apportait son soutien politique : « Vincent Bolloré est en train d’essayer de nous voler (…) Cette idée est pour moi la clé absolue de la restructuration de ces Etats, à près de 1000 km des côtes et l’enjeu est énorme, quasi civilisationnel (…) S’il n’est pas question de le réaliser sans Bolloré, il faut qu’il comprenne qu’il doit respecter le droit. Et qu’il ne peut pas le mener à bien seul », confiait-il en septembre dernier au journal Le Monde.

Florilège de citations de Michel Rocard à propos de l’Afrique

A propos de la Françafrique

  • « La Françafrique m’a empoisonné la vie. J’ai parfois tenté d’empoisonner la sienne, mais elle a la vie dure… Ce qu’on appelle Françafrique, aujourd’hui, correspond peu, ou pas, à des décisions ou à des volontés politiques françaises et beaucoup plus à la présence persistante de collusions d’intérêts et de réseaux locaux créés à l’époque.»

Le Franc CFA

  • « C’est incontestablement un frein à l’export et cela prive les gouvernants du recours à la dévaluation. Mais l’Afrique souffre déjà de l’instabilité politique, faut-il y ajouter l’instabilité monétaire ? »

La démocratie en Afrique

  • « Nous avons commis l’erreur de croire que la démocratie, c’était seulement le multipartisme et les élections… Résultat, nous avons permis à des dictateurs en fin de légitimité de se maintenir au pouvoir plus longtemps en simulant des élections pour faire plaisir aux bailleurs de fonds. »

La corruption en Afrique

  • « Il faut tenir compte de la sociologie locale. En imposant des contrôles trop rigoureux et une tolérance zéro, on a parfois tué des entreprises et fait disparaître des ONG locales qui étaient, malgré tout, très utiles. Je pense qu’une tolérance de l’ordre de 10% de corruption est un mal nécessaire pour faire avancer les choses. »

Les inégalités

  • « Implicitement, on admet que la croissance suffira à éradiquer la pauvreté. Je le nie. Il n’y a pas de croissance sans aggravation des inégalités (…) Je suis moi-même l’héritier d’un grand courant historique, le socialisme, qui a cru à ce principe. Or le socialisme n’a pas éradiqué la pauvreté, il a juste réussi à empêcher la croissance... »

Lire aussi dans la rubrique FRANCEAFRIQUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo