Clochardisation : Des Pme endettées de plus de 250 millions
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En attente du paiement de leurs factures depuis plus de deux ans, certaines sont contraintes de recourir aux découverts auprès des banques. La charte de bonne conduite en cours d’étude vise à assainir leurs relations avec les donneurs d’ordre.

Le cas de Mathurin Nguehou Zebaze n’en est qu’un exemple parmi tant d’autres. Ce jeune entrepreneur, promoteur d’une entreprise qu’il a créée en 2005, à Douala, suffoque entrainant dans sa dèche son personnel. A ce jour, le montant des factures que doivent lui payer ses donneurs d’ordre oscille autour de 250 millions de F. Cfa. « Nous sommes à près de 250 millions de factures impayées, et à peu près dans la même fourchette pour les travaux confiés sans aucune avance de démarrage », confie-t-il. Le principal donneur d’ordre de la société Simtech est la Kribi Power Development Corporation (Kpdc).

Par quelle alchimie est-il donc parvenu à préfinancer l’exécution des marchés qu’il a gagnés jusqu’ici ? La solution la mieux partagée au sein de l’activité de sous-traitance est l’endettement. « Le seul découvert dont mon entreprise dispose aujourd’hui auprès des banques c’est 10 millions. Alors si vous avez 500 millions à débourser de vos propres poches et que la banque ne peut vous donner que 10 millions de découvert, vous comprenez qu’il y a de quoi tuer la Pme. »

À Bamenda, dans la région du Nord-Ouest Cameroun, plus de 50 entrepreneurs sont en attente de payement de leurs factures. Leurs regards sont sans cesse rivés vers la paierie trésorerie générale à la recherche d’un espoir. « Depuis 2016 et 2017 il y a des factures qui n’ont pas encore été payées, mais l’Etat nous a promis qu’il va payer dans trois ou cinq mois. Il y a beaucoup de prestataires et on attend que l’Etat nous paie pour qu’on paie nos patentes », déclare Fortoh Charls Fongang, directeur de Talentech et secrétaire général des entrepreneurs des marchés publics de Bamenda.

« C’est très pénible, parce que tout le monde en paie le prix. Le personnel paie le prix parce que les salaires ne sont pas toujours payés à temps. Parfois on est obligés de puiser dans la trésorerie interne pour financer les projets et du coup le personnel paie. On est obligés de placer tous ses avoirs,  quand même il y en a, pour pouvoir préfinancer. Parfois on fait recours à des tontines », explique Mathurin Zebaze.

Ces difficultés des petites et moyennes entreprises (Pme) justifient la tenue à Douala, le 07 février au siège du Groupement inter patronal du Cameroun, d’un forum sur la charte  des bonnes pratiques, à l’initiative de la Bourse de sous-traitance et de partenariat (Bstp) du Cameroun et du Programme d’appui à l’amélioration de la compétitivité de l’économie camerounaise (Pacom).

Selon M. Zebaze, les longs retards de paiement prêtent le flanc à la corruption. C’est ainsi que certains entrepreneurs sont parfois obligés de monnayer pour se faire payer, parfois jusqu’à 10% de la facture. En plus, la Pme n’est pas sûre du soutien des banquiers. « Les multinationales exigent éventuellement les cautionnements, c’est-à-dire des avances de démarrage des travaux. Pourtant, vis à vis de l’Etat et des bailleurs de fonds, ils ne produisent rien comme garantie ».

L’urgence d’une charte des bonnes pratiques

Selon Marthe Badjon Ndjopang, la Secrétaire générale du ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa), il est question d’établir un code de bonne conduite que les différentes parties devraient respecter, qui permettraient à la Pme qui travaille comme sous-traitante de respecter ses engagements, et à la grande entreprise de lui renvoyer l’ascenseur. « De plus en plus nous décrions le fait que les délais de paiement s’allongent. Les petites et moyennes entreprises ont un problème de trésorerie profond. »

Mathurin Zebaze, lui, espère que l’Etat au sortir de ces travaux, pourrait mettre en place un cadre devant garantir la protection de la Pme,  ainsi qu’une ligne directive obligeant les multinationales et les donneurs d’ordre à pouvoir respecter les délais de règlement,  qui vont de 30 à 90 voire 120 jours.

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