Situation tendue dans les villages du lac Tchad
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12.000 personnes ont fui leurs villages ces derniers jours.

«La situation était devenue intenable». Mahamat a tout laissé derrière lui, à Tchika, un grand village peuplé de quelques 5.000 âmes et situé à une quinzaine de kilomètres de Hilé Alifa. A la tête d’une famille de cinq personnes, il n’a plus qu’une seule idée en tête : rejoindre Kousseri, où est installée son petit frère. «Pour l’instant, je n’ai pas d’argent pour poursuivre ma route. Je n’ai rien emporté avec moi et je n’ai non plus rien là-bas, on m’a dit que tout a été brûlé», se lamente Mahamat. L’attaque de Tchika, dans la nuit du 26 septembre 2015 a été, il est vrai, dévastatrice pour ses habitants. En sus des huit personnes tuées, les combattants de Boko Haram ont pris le soin de mettre le feu aux cases.

Mais le village de Tchika n’est pas le seul à s’être vidé depuis lors de sa population. Dans de nombreux villages aux alentours du lac Tchad, précisément les arrondissements de Hilé Alifa et Darak, c’est désormais à un long exode des populations que l’on assiste au quotidien. Kamouna, Mourdas, Hilé-Andalgui et Kadouna-Roua ont ainsi été désertés. Pas une seule âme qui vive. «Les armées nigériane et tchadienne exercent une forte pression sur Boko Haram dans une certaine partie du lac Tchad. Ceux-ci viennent trouver refuge chez nous où le dispositif sécuritaire présente encore des failles. Ils viennent aussi s’approvisionner dans nos champs. Quand nous abandonnons nos villages parce que nous ne pouvons faire autrement, ils restent récolter ce que nous avons semé», fulmine un autre habitant de Tchika, installé à Hilé Alifa.

Au total, selon diverses sources, ce sont 12.000 personnes environ qui ont quitté leurs villages ces derniers jours. D’autres villages de ces deux arrondissements sont également menacés, au point où certains de leurs habitants ont même anticipé sur d’éventuelles attaques de la secte en déguerpissant tout simplement les lieux. Parmi les villages menacés, l’on signale Goré-Algoutoum, Terbou, Naga’a, Katikimé, Tororoya, Hilé-Wanzam, Ramin-Dorina et Doro-Liman. «L’unique point d’appui principal de l’armée dans cette vaste zone se trouve à Bargaram, à 8 km environ de la frontière avec le Nigeria contrôlée par Boko Haram. Les populations sont donc vulnérables et c’est la raison pour laquelle elles fuient vers Bargaram ou plus à l’intérieur », explique une autorité administrative locale.

Globalement, le dispositif sécuritaire est à renforcer dans ce secteur. «Quand vous partez de Dabanga pour Bodo, c’est 98 km environ qu’il faut parcourir le long d’une frontière où Boko Haram est loin d’avoir dit son dernier mot. Or il n’y a que les postes du BIR de Dabanga et de Bodo pour quadriller ce vaste territoire. Malgré tous les efforts de l’armée, il est cependant très difficile de protéger efficacement toutes les populations », signale Issa qui, lui, a trouvé refuge à Kousseri depuis deux mois. Les arrondissements de Hilé Alifa et de Darak ne sont pas les seuls concernés par cette nouvelle vague d’insécurité.

Celui de Fotokol, du même département du Logone et Chari, a replongé dans la peur après le brin d’espoir qu’a suscité la reprise récente de la ville de Gambarou par l’armée nigériane. Ici, ce sont les bourgades de Soueram, de Dega, de Fima, de Djokana, de Milimari, de Koubougoué, de Waromari, de Makambara, de Nigué, de Leimari, de Warou, de Madia et de Blangafé qui vivent sous la menace quotidienne de Boko Haram.

© L’Oeil du Sahel : RAOUL GUIVANDA

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