Après la mort d’Idriss Deby Itno… : Les enjeux de la visite de Macron au Tchad
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FRANCE :: Après la mort d’Idriss Deby Itno… : Les enjeux de la visite de Macron au Tchad

Au-delà d’une inhumation, le président français joue le redéploiement stratégique, politique et économique de son pays au Sahel et en Afrique centrale. Tout est possible à Ndjamena. Le chef de l’État français, Emmanuel Macron le sait. Annoncé aux obsèques de son allié stratégique, le défunt chef de l’État tchadien Idriss Déby Itno, sa présence dans la capitale Tchadienne ce 23 avril 2021 pourrait être placée dans le registre des civilités entre deux pays partenaires.

Mais il ne s’agit pas seulement de bons procédés. Cinq jours après le décès de l’homme fort du Tchad, les menaces et ultimatums du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) s’intensifient. Le groupe rebelle indique sa détermination à marcher sur la capitale. Au sein de l’armée régulière, la quiétude n’est pas aussi de mise. De nombreux généraux, officiers et hommes de rang contestent toute légitimité à la junte conduite par Mahamat Déby Itno. Dans l’opposition classique, des voix s’élèvent pour dénoncer la mainmise des militaires sur les institutions du pays. 

Homme à penser du président français, Jean-Yves Le Drian donne un aperçu de la posture de Macron à Ndjamena. Dans une stratégie bien huilée, celui que les fins connaisseurs du système Macron présentent comme l’expert des questions stratégiques positionne le président de la République de France comme un médiateur et un pacifiste. Ainsi, Emmanuel Macron se rendrait à Ndjamena pour exorciser les tensions et appeler à la mise en place d’un système démocratique. Une annonce faites alors même que le Conseil militaire de transition se donne une période de 18 mois (éventuellement renouvelable) pour accéder à cette éventualité. 

De même que la rue Ndjamenoise rythme au son du sentiment anti-français. Ancienne puissance coloniale accusée d’avoir installé et entretenu le régime oligarchique de feu Idriss Déby Itno. Des accusations dont le gouvernement français a du mal à s’en défaire. D’autant que les observateurs ne perdent pas de vue la forte présence dissuasive des troupes françaises stationnées au Tchad. Contingents qui a volé au secours du régime Idriss Déby chaque fois que ses opposants réclamaient son départ du palais de la Concorde. Nul doute donc que la présence d’Emmanuel Macron à Ndjamena participe d’abord du souci de s’assurer de la maîtrise du contexte par les troupes françaises. Autant que chef de l’Etat garde à l’esprit de s’assurer que les intérêts de son pays ne courent aucun danger dans cette ambiance inflammable. 

Conciliation des intérêts

À demi-mots, les stratèges et communicants de l’Elysée évoquent la nécessité pour le président Macron d’essayer de contenir les pulsions qui sont à fleur de peau au Tchad. Tous, à commencer par le porte-étendard de la République tricolore savent qu’il faut d’abord trouver un consensus pérenne entre les officiers supérieurs qui constituent le Conseil militaire de transition. Un groupuscule qui donne l’impression d’une dynamique soudée mais dans lequel la convergence de vue faisait déjà défaut du temps de Déby lui-même.

Macron ne peut aussi ignorer l’éventualité de la reprise des combats entre le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad déterminé à en découdre avec la galaxie Déby. Un mouvement armé qui pense aussi que l’ancien colon partage de nombreuses responsabilités dans la situation que connait le pays. Vu sous ce prisme, la domiciliation en base arrière en Lybie voisine n’est pas un hasard. Du coup, toute manœuvre aléatoire pourrait mettre en péril les intérêts français dans toute la zone sahélienne et une partie de l’Afrique centrale où le pays de Macron est par ailleurs soupçonné d’entretenir des visées expansionnistes. 

Des parties avec lesquelles, le chef de l’État français doit composer. Autant qu’il a intérêt à prendre en compte l’existence de la dynamique mise en place par les partis politiques de l’opposition, la société civile et une grande partie de la population qui dit sa détermination à descendre dans la rue pour enrayer les derniers bastions du système structuré par feu Idriss Déby Itno. Tout à côté, Emmanuel Macron qui a adoubé le maréchal tchadien de son vivant, au nom de la lutte contre le Djihad, au mépris des autres chefs d’État de la sous-région Afrique centrale et du Sahel doit pouvoir constituer une nouvelle dynamique politique et sécuritaire dans ces espaces géographiques où il est en concurrence économique avec la Chine et la Russie qui rognent l’essentiel des marchés disponibles. 

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