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© Correspondance : Le REDHAC
- 24 Feb 2021 21:59:49
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REPUBLIQUE DU TCHAD, MANIFESTATION PACIFIQUE DU 06 FEVRIER 2021: Le Communiqué du REDHAC :: CHAD
Atteintes aux libertés d’association et de manifestation, violences policières, arrestations et détentions arbitraires des Défenseurs des Droits Humains et manifestants, actes de tortures et autres traitements inhumains et dégradants, à quelques mois de l’élection présidentielle.
DECLARATION
Douala-Ndjamena, le 16 février 2021 : Le Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (REDHAC), est très préoccupé par la situation des Droits Humains et des Défenseurs activistes et journalistes au Tchad depuis le début de la pandémie Covid-19, s’inquiète des graves violations des Droits Humains, des atteintes aux libertés fondamentales, des arrestations et détentions arbitraires de certains leaders des organisations de la société civile, des membres des partis politiques d’opposition, des actes de torture et autres traitements inhumains et dégradants sur les manifestants, à deux mois de l’élection présidentielle.
Les faits
Le 06 février 2021, des opposants et les Défenseurs des Droits Humains ont répondu à un appel à participer à une manifestation pacifique à N'Djamena pour réclamer « une alternance au pouvoir » et davantage « de justice sociale », et rejeter la candidature du Président Idris Deby Itno, qui se présente à un sixième mandat présidentiel le 11 avril 2021.
Au cours de la manifestation pacifique, le groupe d'intervention mobile de la police (GIMP) aurait dispersé les manifestants avec des gaz lacrymogènes et aurait par la suite arrêté le défenseur des droits humains Mahamat Nour Ibedou, Secrétaire général de la Convention Tchadienne de Défense des Droits Humains (CTDDH), et farouche critique du régime, une organisation qui documente et dénonce les violations des droits de l'homme au Tchad telles que l'impunité, la corruption, le rétrécissement de l'espace civique et l'adoption de lois draconiennes dans le pays, ainsi que 13 autres manifestants.
Le 08 février 2021, le défenseur des droits humains Mahamat Nour Ibedou et les 13 autres manifestants ont été inculpés de « coups et blessures volontaires, de troubles à l’ordre public et de destruction de biens publics » par la Haute Cour de N’Djamena. Ils ont été transférés, à la prison d’Amsinene, à N’Djamena.
De tout ce qui précède, Le Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (REDHAC), dénonce:
- l’utilisation disportionnée de la force sur les manifestants aux mains nues;
- les arrestations et détentions arbitraires, les violences policières, les actes de torture et autres traitements inhumains et dégradants sur les manifestants à deux mois de l’élection présidentielle ;
- dénonce toutes les intimidations, menaces et représailles à l’encontre des défenseurs des droits humains, militants et journalistes.
Deplus, le REDHAC, condamne avec fermeté
- Les actes de tortures et autres traitements inhumains infligés à Mahamat Nour Ibedou et 13 autres manifestants ;
- Les violences policières qui se caractérisent par l’utilisation disproportionnée de la force, les actes de torture et autres traitements inhumains et dégradants sur les manifestants.
C’est pourquoi : LE REDHAC,
- exige la libération immédiate et sans condition de Mahamat Nour Ibedou et de 13 autres manifestants arrêtés dans le cadre de cette manifestation pacifique ;
Au Gouvernement du Tchad : le REDHAC demande :
- d’assurer l’intégrité physique et morale de toutes les personnes arrêtées lors de cette manifestation en particulier Mahamat Nour Ibedou et les 13
- de mettre tout en œuvre afin que les agents des forces de l’ordre coupables des violences et actes de torture et autres traitements
inhumains et dégradants répondent de leurs actes devant les juridictions indépendantes et impartiales conformément aux textes en vigueur ; - de prendre toutes les dispositions pour assurer une protection légale des défenseurs des droits humains, militants et journalistes.
A l’Union Africaine notamment (Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP)
Le REDHAC recommande d’appeler l’Etat du Tchad à respecter scrupuleusement :
- La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ;
- La Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et la Gouvernance (CADEG) ;
- Les Lignes Directrices sur les Libertés d’Association et de Réunion en Afrique ;
- Les Lignes directrices sur les conditions d’arrestation, de garde à vue et de détention provisoire en Afrique ;
- La Déclaration de Principes sur la liberté d’expression et de la presse en Afrique.
Aux Nations Unies, le REDHAC, recommande :
- de rappeler à l’Etat du Tchad le respect strict et la mise en œuvre srupuleuse des traités et conventions des droits humains des Nations Unies en particulier :
a) le Pacte International Relatif aux Droits Civils et Politiques
b) les Lignes directrices des Nations Unies sur la liberté d’association et de manifestation.
Enfin, le REDHAC, recommande aux Nations Unies et à l’Union Africaine (CADHP) d’instamment l’Etat du Tchad :
- De libérer sans condition et à l’immédiat Mahamat Nour Ibedou ainsi que toutes les autres personnes arrêtées dans le cadre de cette manifestation pacifique ;
- de garantir l’indépendance de la justice ;
- De mener une enquête impartiale afin que les agents des forces de l’ordre coupables de violations des droits humains lors de cette manifestation de repondrent de leurs actes devant une justice indépendante.
Aux Rapporteurs Spéciaux sur la situation des défenseurs en Afrique et dans le monde, le REDHAC, recommande :
De demander au gouvernement du Tchad de prendre les dispositions appropriées pour l’adoption de la loi portant « protection des défenseurs des droits humains,
activistes et journalistes ».
Me A. Nkom, Co-PCA, Cameroun
Rostin MANKETA, Vice-Président RDC
Marc ONA Ossangui, Vice- Président Gabon
Maximilienne Ngo MBE, Directrice Exécutive, Cameroun
Me Lucie Baolo Hayali, Secretaire/Rapporteure, RCA
Hon. Annie BAMBE, Communicatrice
Rock Euloge N’zombo, Conseiller, Congo Brazzaville