La non-vulgarisation du langage des signes plombent l’expression des enfants sourds à l’école.
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CAMEROUN :: La non-vulgarisation du langage des signes plombent l’expression des enfants sourds à l’école. :: CAMEROON

Innocent Djonthé, promoteur du Centre D’Éducation Spécialisé Et De Réhabilitation Des Sourds Et Malentendants-Cersom à Bafoussam, plaide afin que le Gouvernement accorde une oreille attentive à l’éducation des enfants sourds et malentendants dans les centres spécialisées. 

Dans l’optique de la célébration le dimanche 03 décembre 2023 de la journée internationale des personnes handicapées, le gouvernement camerounais à travers le ministère des Affaires sociales a montré son engagement pour l’inclusion des personnes handicapées y compris des sourds et malentendants.

Soh Célestine tient la classe de 3eme année à l’école primaire du Complexe scalaire privé bilingue du Centre d'Éducation Spécialisé Et De Réhabilitation Des Sourds Et Malentendants-Cersom à Bafoussam

Elle se bat, à travers des signes pour faire comprendre la leçon du jour aux apprenants. Elle multiplie des gestes pour les amener à écrire  le langage syllabique BA….BA. Les apprenants essayent de multiplier des gestes et des cris pour questionner la maitresse. Mais la communication ne passe que par les signes. 

Chose impossible dans les écoles publiques ordinaires où les enseignantes ne maitrisent aucunement le langage des signes. D’où des retards ou des échecs répétitifs chez les enfants sourds-muets scolarisés.

C’est le cas d’Ange Metagne, 12 ans et enfant sourde-muette, est encore en première année de l’école maternelle du Complexe privé bilingue du Centre d’Éducation Spécialisé Et De Réhabilitation Des Sourds Et Malentendants (Cersom) à Bafoussam. 

En salle de cours sa morphologie grande et dominante contraste avec celle des autres pensionnaires dont les âges varient 03 et 05 ans. 

Princesse Kenfack inscrite en classe du Cour préparatoire (Cp). Elle a quand elle 15 ans. Et n’a pas pu faire école l’an passé parce que sa mère manquait des moyens pour l’inscrire dans un centre spécialisé. Car, inscrite en 2013 à l’école publique de FOSSONG-TCHUENTCHUE à Fongo-Tongo près de Dschang, elle a redoublé quatre fois la classe de Sil (Section spéciale d’initiation à la lecture). « Elle a été envoyé au Cour préparatoire par pitié parce que l’âge passait », explique sa mère. 

Emile Talla, coordonnateur des affaires pédagogiques au Cersom indique que les enfants sourds et malentendants ne réussissent pas à l’école parce que le langage des signes n’est pas vulgarisé. Il plaide pour le soutien du gouvernement aux centres spécialisés « Il est très difficile d’enseigner un enfant sourd ou malentendant. Le concept d’école inclusive n’est pas encore opérationnelles dans notre contexte. Les conditions pour son effectivité ne sont pas encore réunies. Il faut maitriser le langage des signes. L’État doit prendre ses responsabilités. Et travailler à ce que les programmes de ses enfants soient spéciaux. Il ne faut parler d’une inclusion qui existe sur les papiers. Il faut la vulgariser. Cela passe aussi par la vulgarisation, à tous les niveaux, du langage des signes », affirme-t-il.

L’État du Cameroun ne semble pas percevoir que, comme indiqué dans la Déclaration des droits de l’enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoins spéciaux protection spéciale et de soins spéciaux, notamment d’une protection juridique appropriée, avant comme après la naissance . Et pourtant, il y a quelques jours, madame le ministre des Affaires sociales, Irene Nguele, a exprimé la volonté du gouvernement dans le sens de l’amélioration des conditions de vie suivant la loi du 13 avril 2010 qui régit la promotion et la protection des personnes handicapées au Cameroun et le décret signé le 21 décembre 2021 qui vise à la ratification par le Cameroun de la convention de l’organisation des nations unies sur les droits des personnes handicapées.

La Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant (1989) n’est pas automatiquement prise en compte dans les pratiques et actions des dirigeants de ce pays. 

Selon l’article 13 du texte,l’enfant a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l’enfant.

2. L’exercice de ce droit ne peut faire l’objet que des seules restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires :
a)Au respect des droits ou de la réputation d’autrui; ou
b)A la sauvegarde de la sécurité nationale, de l’ordre public, de la santé ou de la moralité publiques.

La Convention relative aux droits des personnes handicapées en son article 21 prescrit la liberté d’expression et d’opinion et accès à l’information. Il est indique que les États Parties prennent toutes mesures appropriées pour que les personnes handicapées puissent exercer le droit à la liberté d’expression et d’opinion, y compris la liberté de demander, recevoir et communiquer des informations et des idées, sur la base de légalité avec les autres et en recourant à tous moyens, de communication de leur choix au sens de l’article 2 de la présente Convention. À cette fin, les États Parties :

a) Communiquent les informations destinées au grand public aux personnes handicapées, sans tarder et sans frais supplémentaires pour celles-ci, sous des formes accessibles et au moyen de technologies adaptées aux différents types de handicap;

b) Acceptent et facilitent le recours par les personnes handicapées, pour leurs démarches officielles, à la langue des signes, au braille, à la communication améliorée et alternative et à tous les autres moyens, modes et formes accessibles de communication de leur choix;

c) Demandent instamment aux organismes privés qui mettent des services à la disposition du public, y compris par le biais de (...),Internet, de fournir des informations et des services sous des formes accessibles aux personnes handicapées et que celles-ci puissent utiliser;

d) Encouragent les médias, y compris ceux qui communiquent leurs informations par l’Internet, à rendre leurs services accessibles aux personnes handicapées;

e) Reconnaissent et favorisent l’utilisation des langues des signes.

En outre, il faut souligner que la Convention de 2006 relative aux droits des personnes Handicapées favorisent le soutien de L’État aux écoles spécialisées. 

L’article 26 de cette Convention impose aux États de prendre des mesures d’adaptation et de réadaptation. Cette disposition énonce : « 1. Les États Parties prennent des mesures efficaces et appropriées, faisant notamment intervenir entraide entre pairs, pour permettre aux personnes handicapées d’atteindre et de conserver le maximum d'autonomie, de réaliser pleinement leur potentiel physique, mental, social et professionnel, et de parvenir à la pleine intégration et à la pleine participation à tous les aspects de la vie. 

À cette fin, les États Parties organisent, renforcent et développent des services et programmes diversifiés d’adaptation et de réadaptation, en particulier dans les domaines de la santé, de l’emploi, de l’éducation et des services sociaux […]2. Les États Parties favorisent le développement de la formation initiale et continue des professionnels et personnels qui travaillent dans les services d’adaptation et de réadaptation.

3. Les États Parties favorisent l’offre, la connaissance et l’utilisation d’appareils et de technologies de l’aide, conçus pour les personnes handicapées, qui facilitent l’adaptation et la réadaptation. »

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