Marches MRC du 22 sept 2020:L’instrumentalisation du tribalisme a bien marché aussi
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Les militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), et les adhérents à leur mot d’ordre ont donc marché comme ils ont pu dans certaines villes du pays, en scandant le départ du Président Paul Biya du pouvoir. Les gouvernants, comme aime à le dire le Ministre de l’Administration Territoriale, ont déployé « les muscles de l’Etat » pour réprimer ces marches non autorisées. Tout cela a fait un grand bruit qui a résonné jusqu’à l’international. De nombreuses voix se sont élevées pour clamer l’échec ou le succès de ces manifestations, selon qu’on soit du côté du pouvoir, du MRC et de ses alliés, ou des contempteurs de Kamto/MRC dans « l’opposition » et la « société civile ».

Mais, malgré l’écho relativement retentissant des marches du 22 sept 2020, le son qui a dominé aura été celui des pulsations de la haine tribale émanant des camerounais de l’intérieur du pays et de la diaspora. Une fois de plus, on a pu noter, pour s’en inquiéter, le niveau très élevé de tribalisation de la vie socio-politique au Cameroun. Ici on entendait « si tu n’adhères pas aux marches et mots d’ordre, c’est que tu es un traitre pour notre tribu », et là « un bon fils de notre tribu ne doit pas participer aux actions de ces gens-là dont nous devons plutôt combattre les sombres desseins égoïstes ». Eh oui, on réussit au pays de Um Nyobe, à attribuer une identité ethnique aux marches de protestation d’un parti politique !

Sur les médias comme sur les réseaux sociaux, les analyses et les réactions, même apparemment fondées sur des arguments objectifs de droit ou de science politique, transpiraient les préjugés et les ressentiments ethniques à grosse goutte.

A travers des correspondances diffusées dans l’espace public, mais surtout dans les groupes whatsapp et télégram, des consignes et recommandations ont été abondamment publiées, qui appelaient les fils et filles d’une tribu à se méfier de telle ethnie désignée, ou qui les dissuadaient de s’associer aux initiatives de telle autre ethnie. Des "élites", en réalité plus motivées par leur carriérisme ou leurs intérêts alimentaires que par l’amour de leur tribu, sont allées jusqu’à constituer des sortes de milices tribales pour intimider les réfractaires aux marches, ou pour contrecarrer celles-ci et livrer ceux qui y participent aux autorités.

Dans la diaspora, des camerounais de différentes ethnies, qui ont abandonné le pays depuis plusieurs décennies, n’ont pas raté l’occasion que leur offraient ces marches pour faire leur coming out de nouveaux défenseurs de leur ethnie, et se donner ainsi bonne conscience en exprimant vertement leur aversion pour la tribu qui les freinerait dans les grandes ambitions qu’ils ont toujours eues pour la leur.

Les marches MRC du 22 sept 2020 auront été le révélateur supplémentaire d’une sinistre réalité : la haine tribale semée par les colons au Cameroun, puis entretenue et instrumentalisée par leurs héritiers, avance d’un pas sûr vers son paroxysme.

On planterait le décor d’une guerre civile ou d’un génocide qu’on ne procéderait pas autrement.

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