Retour dans le NoSo : Le dilemme des chefs traditionnels
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Craignant pour leur vie et sous la pression du gouvernement qui les appelle à regagner leurs chefferies, des gardiens de la tradition restent coincés à Yaoundé et Douala.

Il ne se passe presque plus de jour sans que le ministre de l’Administration territoriale (Minat) ne s’affiche au milieu de déplacés internes qu’il sensibilise pour un retour dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Le 29 août dernier, Paul Atanga Nji était à Ebebda dans la Lekié (région du Centre), non seulement pour remettre du matériel de couchage, des denrées alimentaires et une aide financière à une centaine de familles qui avaient trouvé refuge dans cet arrondissement après avoir fui les violences en zone anglophone, mais aussi pour leur dire que le gouvernement a pris des dispositions pour accompagner celles d’entre elles qui souhaiteraient retourner chez elles.

Dans la perspective de la reconstruction et, leur rappelant le rôle qu’ils sont appelés à jouer au sein des futures Assemblées régionales prévues par le statut spécial accordé aux régions anglophones par la loi du 24 décembre 2019 portant Code général des collectivités territoriales décentralisées, le Minat avait réuni à Yaoundé, le 19 août, plusieurs dizaines de chefs traditionnels qui avaient déserté leurs chefferies pour se réfugier à Yaoundé ou Douala ; et les a pratiquement sommés de les regagner.

« Il est impérieux qu’ils regagnent leurs chefferies. Ils sont des auxiliaires de l’administration et ont des populations sous leur autorité », a insisté Paul Atanga Nji, au terme de la rencontre. A ces représentants du commandement traditionnel qui répondent à peine du bout des lèvres que le message du gouvernement ne tombe pas dans les oreilles de sourds, le Minat qui assure qu’une sérieuse évaluation sécuritaire a déjà été faite et que la situation se normalise progressivement, n’a cessé de répéter : « Nos administrés s’identifient à nous et ceuxci sont éparpillés un peu partout. Si nous ne sommes pas là, ils ne peuvent pas non plus être là. Qui va les diriger ? »

Equivoque

Il faut noter que ces appels incessants à un retour au pays natal des déplacés de la crise anglophone coïncident avec une campagne médiatique qui consiste ces derniers jours pour certains médias nationaux, à radoter sur la fin de la guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Les Ong et tous les observateurs en conviennent : le niveau de violence a baissé considérablement sur le terrain. Mais des attaques, des assassinats et des enlèvements avec demande de rançon pour certains continuent d’y être enregistrés. Au moment où nous mettions sous presse hier mardi, l’on signalait des affrontements entre l’armée et des combattants séparatistes en plein Bamenda, dans le Nord-Ouest.

Le ministre de l’Administration territoriale est très peu loquace sur les dispositions concrètes prises par le gouvernement pour assurer la sécurité de ceux des gardiens de la tradition qui pourraient prendre leur courage à deux mains et regagner leurs chefferies dans les jours ou semaines à venir. Or, ces derniers à qui les séparatistes reprochent l’allégeance à Yaoundé ont besoin de gages de sécurité sans équivoque ; surtout que nombre de leurs homologues ont perdu la vie dans cette crise. Le cas Ta Nformi, chef du village Tadu dans le département du Bui (Nord-Ouest), tué dans une attaque avec l’imam Aliyu Bongmbah, le 13 avril dernier.

Ou encore de Chief Tata Njila Isaiah, tué dans le Donga-Mantung, dans la même région, le 31 août 2019. Dans le Sud-Ouest, le chef traditionnel du peuple Balondo à Ekondo Titi, Esoh Itoh, avait été violemment assassiné par des sécessionnistes présumés, le 12 août 2018.

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