Elections régionales:le Mfoundi en ébullition
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Des démarches souterraines en vue de contrôler la présidence du Conseil régional divise Tsimi Evouna et une partie de l’élite du département.

A quatre mois de la fin de l’année et, en maître absolu du calendrier électoral, le président de la République, Paul Biya, tarde encore à convoquer le collège électoral en vue des toutes premières élections régionales de l’histoire du Cameroun qu’il s’est juré d’organiser en 2020. Cependant, et en dépit de la pandémie du coronavirus qui continue de bousculer les agendas à travers la planète, le gouvernement et particulièrement le ministre de l’Administration territoriale (Minat), n’ont cessé de donner des signaux qui indiquent que le scrutin pourrait avoir lieu au plus tard à la fin de l’année. Au cours des dernières semaines, Paul Atanga Nji a sommé les autorités administratives de régler en urgence les problèmes de vacance à la tête de certaines chefferies traditionnelles et de lui faire parvenir le fichier actualisé des chefs traditionnels, dans la perspective desdites élections auxquelles ces derniers sont partie prenante en tant qu’électeurs et futurs élus.

Il s’est par ailleurs entretenu directement avec ceux des représentants du commandement traditionnel qui avaient dû fuir la guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest pour se réfugier dans les régions pacifiées, sur les conditions de leur retour dans les chefferies respectives. Tous ces signaux, cela va sans dire en contexte préélectoral, ont commencé à agiter les états-majors des partis politiques et particulièrement le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) qui, fort de sa majorité obèse dans les conseils municipaux et de l’emprise de ses barons sur le commandement traditionnel, se prépare à faire une razzia à ces élections. Dans le département du Mfoundi, les épées semblent tirées des fourreaux. Le 31 juillet dernier, Philippe Mbarga Mboa, ministre chargé de missions à la présidence de la République, a organisé une réunion à son domicile, à laquelle ont pris part, outre ses collègues membres du gouvernement originaires du département, les députés, maires, sénateurs et les 230 chefs traditionnels de Yaoundé.

Démarches souterraines

Objectif : « discuter en toute franchise pour que la désignation des chefs à la tête des chefferies supérieures se passe sans problème », souffle un chef traditionnel présent à cette rencontre. En effet, le président de la République, Paul Biya, a récemment autorisé la création dans le département siège des institutions, de deux chefferies de premier degré en plus de celle des Ewondo et Bene qui existe depuis l’époque coloniale. Les élections régionales à venir ont également été au menu des échanges. « Là également, il est question d’éviter des éclats de voix le moment venu, puisque les chefs traditionnels font partie du collège électoral ». Mis sur la touche, Gilbert Tsimi Evouna aurait mal pris son absence à cette réunion, selon son entourage. Qui n’a pas tardé à dénoncer une tentative d’exclure le patriarche du Mfoundi des futures élections régionales. Mais à en croire notre source, il n’y a pas été convié parce qu’il n’occupe plus de fonction officielle. Plus disert, un autre participant à cette rencontre déclare être au courant des démarches souterraines de l’ex-délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé, en vue d’être élu président du Conseil régional du Centre.

Or, d’après lui, « le caractère cassant et peu coopératif de Tsimi Evouna ne plaide pas pour lui». Il est convaincu, en effet, qu’en dépit de son bilan de super-maire de la capitale (2005-2020) jugé positif, « le Mfoundi dans une large majorité ne souhaiterait pas qu’il soit investi pour ce poste. Toutefois, si le choix de la hiérarchie du parti est porté sur lui, nous nous y plierons ». Nos multiples tentatives d’entrer en contact avec l’ex-délégué du gouvernement ont été vaines. Néanmoins, un de ses proches que nous avons joint pense que le trésorier national du Rdpc et non moins membre du bureau politique de ce parti « a des états de service visibles et incontestables ». Persuadé que personne ne pourrait contester au patriarche du Mfoundi le droit d’être candidat à ces élections, il dénonce une campagne visant à le disqualifier auprès d’une partie des filles et fils du département et avise que celle-ci pourrait « porter les germes de la division ».

Eyeya Zanga

Absent lui aussi de la réunion du 31 juillet, l’ex-député Jean Simon Ongola Omgba avait dénoncé une tentative des initiateurs de « s’approprier une réforme voulue par le président de la République en associant les seuls chefs traditionnels et une partie de l’élite ». Pour lui, une telle démarche pourrait avoir des conséquences néfastes pour l’esprit de décentralisation. « Le dialogue doit se construire dès la base sur les objectifs de la régionalisation, entre les citoyens et les institutions locales. Cette communication ne devrait pas se limiter à un groupe de personnes. Elle doit se faire avec les citoyens de toute condition, toutes catégories confondues et de tous les âges », estime-t-il.

Il faut noter qu’en dehors de Gilbert Tsimi Evouna, des informations non officielles font état de ce que Louis Eyeya Zanga, ancien gouverneur de région originaire de la Mefou Afamba, a commencé à sonder le terrain de la présidence du futur Conseil régional du Centre. Si pour les huit autres départements de la région aucun prétendant au poste n’est pour l’instant connu, et bien que le Mfoundi n’entende pas lâcher la présidence du Conseil, fort de ce que Yaoundé est à la fois la capitale du pays et le chef-lieu de la région du Centre, il va de soi que la compétition pour le bureau de la future collectivité territoriale décentralisée va se corser dès la convocation du collège électoral.

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