Christophe Guilhou : « Je ne suis pas le porte-parole de Paul Biya »
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L’Ambassadeur de France au Cameroun a échangé hier, jeudi 25 juin 2020, en la résidence du Consul général de France dans la capitale économique, avec des professionnels des médias triés sur le volet.
«85% des nouvelles me concernant au Cameroun sont fausses». Dixit Christophe Guilhou, Ambassadeur de France au Cameroun. C’était hier, jeudi 25 juin 2020, en la résidence du Consul général de France à Douala. Le diplomate français, en séjour dans la capitale économique, a eu des échanges avec des hommes et femmes des médias, triés sur le volet et officiant dans le chef-lieu de la région du Littoral. L’Ambassadeur, d’entrée de jeu, a indiqué qu’il ne souhaite pas que cette rencontre ait les oripeaux d’une audience formelle. Par conséquent, l’échange proprement dit sera «off the record», c'est-à-dire non enregistré. Pas de prise de vue. Aucun enregistrement.Du coup, les cadreurs, cameramen et autres preneurs de sons se sont tourné le pouce durant près de 90 minutes d’entretien avec les journalistes. Au menu des échanges avec les chevaliers de la plume et du microphone, la déferlante des activistes camerounais aussi bien en France que sur les réseaux sociaux numériques, la crise sécuritaire et humanitaire dans les régions du Nord-ouest et Sudouest, le projet de reconstruction du Noso, la coopération française et le Cameroun entre autres.

Activistes et pétition
Au sujet des activistes camerounais qui écument les réseaux sociaux numériques et ceux qui battent le pavé à l’Assemblée nationale française, Christophe Guilhou fait savoir qu’il s’agit d’un délire. Preuve, «je vais voir le président de la République du Cameroun, Paul Biya, pour parler de l’affaire Ngarbuh, de la Covid 19. Au sortir de cette audience, répondant aux questions de journaliste, je dis que le président a promis faire la lumière sur l’affaire Samuel Wazizi .Un journaliste pris pour terroriste qui est décédé alors qu’il faisait l’objet d’une détention et d’une exploitation par la Justice militaire. Ces activistes rétorquent que suis devenu le porte-parole du palais de l’Unité. Je suis dans la foulée, accusé de bidouillage vidéo. Une pétition est ouverte sollicitant du président Emmanuel Macron, mon rappel immédiat en France. Un vrai délire. On m’accuse des choses que je n’ai pas faites, ni dites. 85% des nouvelles me concernant au Cameroun son fausses».

En effet, Christophe Guilhou est accusé de graves ingérences et de manipulation éhontée de l’opinion publique par une plateforme des organisations de la société civile camerounaise, avec porte-étendard, le Pr Franklin Nyamsi, enseignant de philosophie et écrivain prolixe. Dans une lettre adressée au président de la République français le 18 avril 2020 que l’écrivain camerounais fait écho de sa pétition. Suite à la rencontre entre Christophe Guilhou et Paul Biya, le 16 avril 2020 au palais de l’Unité. Ainsi, Prof Nyamsi avec l’adhésion de cette plateforme des organisations de la société civile camerounaise, a saisi par le biais d’une lettre-pétition, le président Macron, pour exiger le départ immédiat de son représentant au Cameroun. Pour ce qui est du saccage, pillage de l’Ambassade du Cameroun à Paris, le diplomate français ne passe pas par quatre chemins pour indiquer qu’en fonction des normes internationales et des accords, la responsabilité est celle de la France. La Justice doit faire son travail et établir les responsabilités des personnes impliquées dans ces casses.

2. La crise sécuritaire dans le Noso…
L’occasion faisant le larron, les Hommes des médias ont voulu savoir ce que la France joue comme rôle dans la recherche des solutions en vue de résorber le conflit ouvert et meurtrier dans les régions Nordouest et du Sud-ouest, depuis 2016. Le diplomate n’est pas allé du dos de la cuiller. «Le voeu le plus cher de la France est cette crise soit réglée pacifiquement. La France soutient tous les mécanismes mis en oeuvre pour aboutir à la paix dans ces zones. Les moyens sont le Grand dialogue national qui s‘et tenu à Yaoundé, la décentralisation qui doit s’accélérer, le statut spécial dont le contenu est à définir pour ces deux régions, la poursuite des concertations avec les acteurs de la scène politique et les parties prenantes de cette guerre. Le Grand dialogue national a bel et bien montré, que la pacification du Noso ne se fera pas par les armes. Il faut y aller plus sérieusement dans la décentralisation afin de sortir de cette spirale négative ». Sans réserve, l’Ambassadeur de France au Cameroun, déclare sans sourciller que la France n’entretient aucun contact avec les leaders Ambazoniens. Bien plus, elle ne s’est engagée dans aucune médiation pour ce qui est de la crise dans le Noso pour ne pas être accusée en retour d’ingérence.

Sur le regard de la France sur le projet de reconstruction, Christophe Guilhou reconnaît que c’est au gouvernement camerounais de fixer les paramètres. Ce d’autant que «tout le Noso n’est pas à feu et à sang. Il existe bien des zones stables. Il faudrait déployer le projet de reconstruction avec méthode». De la bouche de l’Ambassadeur, les professionnels des médias apprendront qu’environ «30% du chiffre d’affaires des entreprises françaises basées dans le Noso sont en baisse. La France soutient les efforts de reconstruction du Noso à hauteur de 40 millions Fcfa selon l’annonce du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en séjour au Cameroun en octobre 2019. «Au total, cette crise coûte à la France 200 millions Fcfa d’assistance humanitaire et des efforts pour aller à l’apaisement».

3. Lutte contre la Covid 19
Un autre centre d’intérêt de la rencontre entre le diplomate français et la presse basée à Douala, a été incontestablement la lutte contre la propagation de la Covid 19 et les mesures utilisées par le Cameroun, pour endiguer la flambée d’une maladie et la virulence d’une épidémie qui sème désolation et tristesse. «La France se garde bien de donner des conseils au Cameroun. Pour la simple raison qu’elle n’est pas sortie de l’auberge quand bien même, la situation est sous contrôle. Vous savez, dans cette guerre sanitaire, il faut faire montre d’humilité et de pragmatisme. En France, le confinement était total. Ce qui n’est pas le cas au Cameroun qui fait face à ses réalités». Faudra-t-il désormais présenter un test de Covid 19 pour obtenir un visa d’entrée en France ? Christophe Guilhou ne transige pas du tout sur cette question. Le représentant de la France au Cameroun indique qu’il s’agit d’une décision collective, à prendre par l’ensemble des 26 pays de l’espace Schengen.

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