« Pression et interpellation » de Macron sur Paul Biya: À qui réellement la faute?
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Profitant de sa présence hier samedi à la foire de l´agriculture qui se tient à Paris, en France, un activiste camerounais bien connu du grand public a bruyamment interpelé le président français Emmanuel Macron pour lui parler de la situation actuelle des droits de l´homme au Cameroun, notamment sur ce qui s´est passé le 14 février dernier dans le village de Ntumbo, dans la région du Nord-ouest.

Dans sa vive réaction et au mépris des bonnes manières en usage en diplomatie, le président Macron avec la liberté de ton que l´on lui connait, s´est engagé à "mettre le maximum de pression sur le président camerounais et l´appeler dès la semaine prochaine". Des propos qui ont aussitôt enflammé les débats au Cameroun depuis hier soir ce, pour très longtemps encore et qui, à coup sûr, auront des conséquences sur les relations bilatérales et personnelles, respectivement entre les deux pays amis et entre les deux chefs d´Etat générationnellement opposés.

Encore une ingérence internationale
Pour certains camerounais, cet engagement solennel du président Macron est une preuve de plus que la communauté internationale a encore son mot à dire sur le mauvais climat sociopolitique qui existe au Cameroun. Ce que le pouvoir en place à Yaoundé, bon an, mal an, s´est toujours efforcé de nier, alors que d´autres exemples de pressions foisonnent, notamment celles du parlement européen, de l´union africaine, du sénat américain, du regroupement d'anciens chefs d'État et de gouvernements africains, ainsi que d'autres dirigeants africains et du monde. D´ailleurs, celui-ci organise un colloque camerouno-camerounais en avril prochain au Kenya. Ce, aux fins de s'informer sur les défis actuels auxquels le Cameroun est confronté afin d´apporter son soutien à la résolution pacifique de ceux-ci"

Une attitude irrévérencieuse
Pour les nationalistes ou panafricanistes camerounais, l´attitude irrévérencieuse du président Macron á l´endroit du président Biya doit être condamnée avec la dernière énergie car elle viole les bonnes mœurs observées en matière diplomatique; celles qui voudraient que les Etats et leurs Hauts dirigeants se doivent mutuellement respect en public, au risque de créer un incident diplomatique. L´on n´en est vraiment pas éloigné, estiment-ils. Ils en viennent à demander que le ministère camerounais des affaires étrangères convoque l´ambassadeur français à Yaoundé, à défaut de lui signifier ouvertement une lettre de protestation. Pour qui connait le Cameroun avec sa politique étrangère de conciliation, une simple communication du porte-parole du gouvernement suffira.

....mais à qui la faute?
En réalité, devrait-on jamais s´en prendre seulement au président français pour son attitude irrévérencieuse, pour sa verve sans retenue et son manque de commodité envers le président camerounais? Que nenni! Le Cameroun lui-même se vend très moins cher sur le plan international ces 10, 15 ou 20 dernières années au regard de nombreux faits et gestes qui sont là pour le témoigner.

S´est-on jamais préoccupé de savoir combien l´image et la notoriété du Cameroun sont écornées à l´international par des détournements systémiques et séculaires des deniers publics, de la corruption généralisée à ciel ouvert, du musèlement des partis politiques interdits de manifester, des séjours du couple présidentiel à l´étranger inlassablement prolongés, mais aujourd’hui atténués parce que probablement perturbés par une certaine brigade anti-sardinards, par le saccage de nos ambassades par cette dernière, le verrouillage du processus électoral ( code électoral, intimidation administrative, justice électorale, Elecam) qui aboutit à des scores fleuve, le scandale récurrent des primes non payées chez les sportifs, la désillusion causée par la non tenue de CAN 2020 pour cause de chantiers jamais inachevés, etc...?

Pourtant, il ya quelques années encore les présidents Ahidjo ou Biya, ainsi que les institutions qu´ils ont incarné/ incarnent, imposaient respect et autorité á l´extérieur au point où même les présidents Giscard D´Estain, Chirac, Busch, Mitterrand, Sarkozy n´auraient jamais poussé l´audace jusqu´á ce point, comme l´a fait le président Macron.

L´on doit condamner cette attitude certes, mais avant, le Cameroun ne doit s´en prendre qu´á lui-même. Pour ce faire, il doit redorer son blason, reprendre sa vraie place dans le concert des nations en retrouvant sa légendaire paix, en instaurant la bonne gouvernance et en réintroduisant le civisme dans les écoles.

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