Jean-Paul Tchakoté : «Le seul enjeu du scrutin couplé est le taux de participation»
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Ancien président du Social democratic front (Sdf) France, parti dont il est démissionnaire, il pose son regard sur les enjeux de la double concertation populaire de ce dimanche 9 février.

Quels sont les enjeux, pour les citoyens Camerounais qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, du double scrutin du 9 février 2020?
Ces élections couplées auraient donné l’occasion aux Camerounais de l’intérieur et de l’extérieur d’apporter des réajustements aux choix de leurs dirigeants surtout à cette époque où le pouvoir, sous pression, parle de décentralisation. Il n’en sera rien car le Président de la République s’est, une fois de plus, soumis au contrôle du Président du Rdpc, le Chef de l’Etat est sous l’emprise du Chef de parti. Les Camerounais de l’étranger n’auront toujours pas des représentants choisis par eux-mêmes. Pourtant ils ont des problèmes spécifiques. Après les promesses faites à ses camarades de parti en juillet 2009, nombreux sont les Camerounais de l’étranger qui sont traités par M. Biya comme étant des Etrangers. Il l’a encore rappelé récemment (lors de son adresse à la nation le 31 décembre 2019 ndlr). 216 Camerounais de la France Métropolitaine ont voté, le 07 octobre 2018, pour le candidat déclaré élu. Les observateurs peuvent comparer ce nombre aux Camerounais présents au meeting de Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc), le 1er février dernier, à Paris,

Cette double consultation se déroule dans un contexte particulier, marqué à la fois par la crise dans les régions du NoSo, mais également au fait de l'appel au boycott lancé par plusieurs formations politiques dont le Mrc de Maurice Kamto. En quoi ce contexte peut-il avoir des répercussions sur le verdict des urnes?
En analysant les différentes candidatures, le seul enjeu qui reste est le taux de participation. Le Rdpc sera majoritaire au-delà des 2/3 à l’assemblée nationale et plus de 80 % à la tête des municipalités. Le taux réel de participation sera dérisoire. Le Président national du Rdpc a pris l’habitude de donner le départ de la course lorsque son parti est déjà lancé. Ce n’est pas très fairplay. La question de la légitimité des élus sortis de ce scrutin risque de se poser. La confection des listes a révélé des pratiques douteuses. Les têtes de liste sont inconnues. Difficile de se mobiliser si on ignore qui est candidat à la tête de la mairie (cas de Douala, de Yaoundé et des autres villes à régime spécial). L’exécution de nombreux jeunes dans le NoSo, l’arrestation des autres, n’aideront pas à drainer du monde dans les bureaux de vote. Dans l’Extrême-Nord, la misère des populations continue d’alimenter l’effectif du groupe terroriste Boko Haram.

Le président Paul Biya, au pouvoir depuis 38 ans, a placé son nouveau mandat sous le signe "Des grandes opportunités". Le scrutin du 9 février peut-il avoir des retombées au plan national?
Le Cameroun aurait pu offrir des grandes opportunités au monde des investisseurs si les différents chantiers d’infrastructures étaient déjà achevés et mis en service. Hélas, ce n’est pas le cas. Aucune autoroute n’est fonctionnelle, l’électricité est toujours rationnée, l’eau potable est rare, les routes sont poussiéreuses, la pression fiscale est intenable… Le choix des élus étant biaisé, il faut espérer que ce Septennat ne soit pas celui de La descente aux enfers.

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