LE MESSAGE SUBLIMINAL DE LA CONSECRATION DE L'AUTOCHTONIE COMME CRITERE D'ELIGIBILITE
CAMEROUN :: POINT DE VUE

CAMEROUN :: LE MESSAGE SUBLIMINAL DE LA CONSECRATION DE L'AUTOCHTONIE COMME CRITERE D'ELIGIBILITE :: CAMEROON

L'article 246-1 du projet de loi portant code général des collectivités territoriales décentralisées dispose: « Le Maire de la ville est une personnalité autochtone de la Région de rattachement de la Commune Urbaine ».

L'article 307-2 du même projet de loi dispose: “le président du Conseil Régional  est une personnalité autochtone de la region, élu en son sein pour la durée pour la durée du mandat du Conseil”.

Cette disposition qui ressemble à priori à une plaisanterie de profane du droit est l'expression même du cynisme avec lequel le Régime BIYA, a durant des décennies réussi, en dépit d'une gestion et d'un bilan calamiteux, à se maintenir au pouvoir.

Les notions d'autochtone et d'allogène ne peuvent être envisagées dans le contexte qui est celui du Cameroun, État qui se dit républicain, qu'en violation de la notion de citoyen. Son adoption et son application sont donc sanctionnables, devant toutes les juridictions nationales et internationales compétentes.

En effet, la distinction autochtone – allogène viole le principe d’égalité en droit et notamment  de l’égale admissibilité aux fonctions publiques qui trouve sa source dans l’article 21 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948, texte à valeur constitutionnelle au Cameroun et partie intégrante de sa Constitution.

Tous les citoyens étant égaux, ils sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.

L'INOCULATION DANS L'OPINION DE L'IDEE DE LA PEUR D'UN ENVAHISSEUR

Comment le régime BIYA a t-il donc décidé contre tout bon sens juridique d’engendrer un concept qui ne peut être ni sociologiquement, ni juridiquement, ni politiquement opérant, sauf au sacrifice de l’unité nationale ?

L'effet recherché par le régime BIYA qui ne doit sa survie qu'à la manipulation des matériaux fissiles de l'ethnicité, pour en tirer l'arme atomique de sa survie, est de désigner les ennemis de l'intérieur, qui représenteraient pour les autres communautés le mal absolu, l'envahisseur contre lequel il faut se prémunir et qui seraient surabondamment les soutiens d’un adversaire politique qui ose lui discuter le pouvoir suprême, les Bamiléké.

DANS LES TENEBRES DE L'AUTOCHTONIE ET L'ALLOGENIE, UN ÉTAT VILLAGEOIS

Le Cameroun tel que pensé et promu par les idéologues du régime tribalo-fasciste de BIYA, trouve son expression la plus éloquente dans la Région du Sud, à Sangmélima et Ebolawa notamment, présenté comme l'aire géographique d'origine de Paul BIYA, où s'est construit une prééminence de la tribu sur la citoyenneté, de l'arbitraire et de la barbarie sur le droit. La chasse aux allogènes, le pillage de leurs biens et la sanctuarisation du terrain politique pour le compte du seul RDPC, par des commis de l'Etat, qui interdisent toute manifestation de l'opposition, par des milices privées et des agents des forces de maintien de l'ordre, qui violentent et répriment dans le sang tout regroupement de partis politiques d'opposition, sont des corollaires à ce propos.

C’est aussi un Cameroun dont le génie politique vient d'inventer la sédentarisation forcée des peuples, comme modèle de développement, notamment en discrimination ses habitants entre autochtones et allogènes, concepts auquels personne n'a à ce jour, pu donner un contenu au Cameroun.

Un Cameroun dont le projet national se résume aujourd'hui à l'assignation forcée à l'entre-soi.

Un Cameroun qui résiste de toutes ses forces à l'implacable marche du monde qui se résume en une formule, le métissage!

Un Cameroun qui ne comprend rien du devenir, de l'existence et pense résolument qu'il faut figer l'essence.

Un Cameroun qui oppose un ethnicisme régressif à la démocratie.

Un Cameroun pour qui l'identité a une primauté sur la vie, sur la circulation de la vie et du vivant.

LA NOTION D'AUTOCHTONE ET D'ALLOGENE ET LA PROTECTION DES MINORITES: LE CAS DE LA MINORITE ANGLOPHONE AU CAMEROUN

Si l’on peut constater que l’autochtone est « le membre d’une population installée sur un territoire donné avant tous les autres, qui a établi des relations particulières, anciennes et toujours actuelles avec ce territoire et son environnement, et qui a des coutumes et une culture qui lui sont propres », il est surtout considéré comme membre d’une population dominée à qui il faudrait rendre justice pour le mal qu’elle a subi. En tant que « dominé », l’autochtone s’apparente au membre d’une minorité, elle aussi dominée, et la différence entre les deux concepts n’est pas toujours évidente, entre l’autochtone minoritaire et le peuple minoritaire non autochtone dont les cultures et les biens sont mis à mal par une majorité dominante qui est plus récente dans la trame historique ;

Plus encore, le concept de minorité,  interpelle, à cause de son étymologie touchant à la fois à la notion de nombre et à celle d’incapacité. Les « minoritaires » sont censés être 1) moins nombreux, 2) moins « civilisés » puisque « dans l’enfance » par rapport à la culture majoritaire, 3) avec moins de droits que les autres puisque « mineurs » et minoritaires à la fois. Corollairement, ils ont en face d’eux une majorité (parfois composée de minorités alliées entre elles) considérée comme adulte (civilisée) et disposant seule de la capacité d’administrer majoritaires et minoritaires. Des idéologues ont donc confondu la minorité ethnique ou culturelle, ou la minorité linguistique, avec la minorité politique : ainsi, seules les ethnies majoritaires, par le pouvoir des élections, auraient le droit et la maturité de gouverner en imposant leur loi aux ethnies minoritaires immatures, cela indéfiniment puisque les minoritaires n’auraient jamais le pouvoir à cause de l’incitation au vote ethnique. Cette confusion est la cause et l'origine d'un certain nombre de génocides à travers le monde. Les Bamiléké au Cameroun pourraient être considérés comme une minorité du fait de l'alliance recherchée par le pouvoir pour rendre pérenne la domination politique dont ils sont victimes.

Le deuxième problème des minorités est leur rattachement ou non à un territoire, et l’ancienneté ou non de ce rattachement, qui pourrait en faire des autochtones ou des premiers occupants par rapport à la majorité ou à l’État qui les gouverne. Quels droits devrait-on reconnaitre donc aux populations nomades comme les Bororo et en quels espaces géographiques?

Sur la base de quels critères est-on considéré comme une minorité? Contre quoi et contre qui doit-on protéger cette minorité?

La protection d'une minorité se résumant en des postes électifs réservés est-elle pertinente?

De ce qui précède, il ressort une manipulation cafouilleuse de la protection des minorités par le pouvoir tyrannique de Yaoundé à des fins inavouées.

Les motivations de cette démarche sont profondes . Le pouvoir politique de Yaoundé qui organise sa survie, essaye par ce stratagème, de démolir ce qu'il croit être l'axe majoritaire au Cameroun qui a voté pour son départ et demande pas moins que la démission du Président usurpateur Paul BIYA.

La protection de ce qui pourrait au sens le plus pertinent du terme, être considéré comme une minorité au Cameroun, notamment les anglophones, n'a jamais été une préoccupation pour les dirigeants camerounais. Au contraire, les revendications anglophones qui avaient une déclinaison identitaire connue, sont réprimées dans le sang, ce qui débouche de nos jours sur ce qu'il est convenu d'appeler le Génocide Anglophone au Cameroun.

Résolument, le modèle politique, social  et économique qu'inspire cette distinction de nationaux camerounais entre autochtones et allogènes est celui d'un Cameroun ratatiné, recroquevillé, un Cameroun du passif et du passé, qui refuse d'aller à la conquête du monde, pour s'enrichir des ressources dont  il a besoin.

Un Cameroun qui valide cette guerre civile mondiale livrée contre ses fils migrants, captifs et esclaves en Libye et ailleurs, rejetés hors des frontières de l'occident.

Un Cameroun qui ignore ses fils, capitaines d'industries, chefs d'entreprises, inventeurs, Parlementaires, Maires, Hommes politiques, Hommes des Sciences, Juristes éminents, Philosophes, Hommes des lettres, penseurs talentueux, sportifs talentueux... Cette galaxie d'Hommes, qui sont désormais adoptés reconnus et élus dans les pays et contrées du Cameroun et du monde où ils ont choisi de s'établir, mais qui n'ont jamais cessé de se penser comme Camerounais.

Non! Nous refusons ce Cameroun de la peur qu'on nous offre.

NB: Me Amédée TOUKO TOM est un militant engagé et analyste Politique

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