Législatives et municipales 2020 : Verrou sur les listes du Rdpc
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Depuis la fin officielle du dépôt des candidatures auprès d’Elecam, le 25 novembre dernier, le parti n’a pas osé faire connaître les candidats investis.

Le couteau à double tranchant des investitures utilisé par quelques cadors tapis au sein du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) pour régler leurs comptes à des ennemis politiques ou simplement pour marchander les mandats de futurs conseillers municipaux et députés, s’est retourné contre ceux-ci. Depuis la fin officielle du dépôt des dossiers de candidatures pour les législatives et municipales du 09 février 2020 auprès de Elections Cameroon (Elecam), le 25 novembre dernier, la plupart des responsables des commissions départementales et régionales de supervision, de contrôle et de présélection des candidats désignés par le secrétaire général du Rdpc, Jean Nkueté, ont perdu le sommeil. Ils ont peur de subir la colère du président national du parti, Paul Biya, dont les instructions en rapport avec la conduite de ces opérations ont été globalement ignorées sur le terrain. L’ampleur du courroux est telle que dans plusieurs localités, l’on a assisté à des manifestations et à des appels au vote-sanction contre le Rdpc.

Incapables d’éteindre le feu qu’ils ont eux-mêmes allumé et attisé avec un rare entêtement, des responsables de commissions ont refilé la patate chaude à la commission centrale d’investiture. Cette instance a dû trancher sur plusieurs des cas où aucune liste n’a pas pu être confectionnée faute de consensus, notamment pour les législatives. De sources introduites, une commission ad hoc mise sur pied par le président national, Paul Biya, et chapeautée par René Emmanuel Sadi et l’ex-ministre délégué auprès du ministre de laJustice, Jean-Pierre Fogui – qu’on sait proche de Jean Nkueté -, a même siégé et réexaminé en dernier ressort les listes et la kyrielle de requêtes formulées par les militants convaincus d’avoir été injustement écartés ou mis en minorité.

Conseil de discipline

Des indiscrétions font état de ce qu’il y a eu beaucoup de réajustements, l’objectif du parti étant par ailleurs d’éviter des rejets éventuels de ses dossiers pour non-conformité avec la loi électorale, comme cela avait été le cas lors des sénatoriales de 2013. Les listes du Rdpc avaient été disqualifiées dans l’Adamaoua et l’Ouest, le privant ainsi de 14 postes de sénateurs au profit du Social Democratic Front (SDF) pour certains manquements.

Tout ceci explique sans doute l’omerta qu’il y a autour des listes définitives du « parti du flambeau ». Selon une source proche du dossier, elles ne seront pas connues avant leur publication par Elecam, au plus tard le 11 décembre prochain. Une rupture inattendue avec les usages dans le Rdpc ; car par le passé, il accordait l’exclusivité de la publication des listes de ses candidats à « L’Action », son journal d’information et de propagande. Le parti de Paul Biya gère en catimini en son sein un pré-contentieux électoral qui menace une fois de plus sa cohésion. Le portail des camerounais de Belgique (Camer.be). Des missions d’apaisement pourraient être dépêchées sur le terrain dans les jours à venir pour calmer les foyers de tensions. Mais y aura-t-il suffisamment de temps pour panser les plaies avant le double scrutin du 09 février ? Avec quels mots les émissaires du parti vont-ils s’adresser à ceux des militants qui ont encore en travers de la gorge les tripatouillages de 2013 et qui viennent une fois de plus, pour certains, d’être lésés ?

Au sein du Rdpc, des cadres appellent déjà à des sanctions contre la plupart des responsables des commissions. A les en croire, ceux-ci doivent être traduits devant le conseil de discipline du parti. « Jusqu’à présent, ces élites n’ont pas pris conscience que l’environnement politique a changé et que les choses ne peuvent plus se faire comme avant », écrit-il. Le secrétariat général du comité central n’est pas moins visé par les critiques, lui qui a échoué à designer des personnes jouissant d’une présomption de neutralité à la tête des commissions en charge de la pré-sélection des candidats, ouvrant ainsi la voie à des règlements de comptes.

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