DEMANDE D’UNE ENQUÊTE AUX SERVICES SECRETS ET À LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
CAMEROUN :: POINT DE VUE

CAMEROUN :: DEMANDE D’UNE ENQUÊTE AUX SERVICES SECRETS ET À LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE :: CAMEROON

Monsieur le Secrétaire Général de la Présidence de la République,

Mesdames et messieurs les membres des services secrets,

Il y a un principe de base de la vie politique que vous maîtrisez bien de par la position que vous occupez dans le système gouvernant : on ne s’attaque pas à un intellectuel ou à un philosophe gratuitement, impunément. On ne fait pas la sorcellerie du pouvoir avec ces gens parce que ça ne marche pas avec cette espèce de mammifère. D’habitude l’homme d’État s’en méfie ; il les ignore, les tue ou se ressource auprès du ruisseau de leurs critiques ! Vous l’avez bien compris il y a quelques années lorsque Marcien Towa avait écrit une lettre confidentielle cinglante et poignante au Président de la République, pour exprimer son indignation devant le système de santé de notre pays qui avait causé la mort de son fils. À travers cet acte, mon maître perpétuait une tradition millénaire qu’avait initiée Lucien. Ce philosophe des années 120-200 de notre ère avait établi avec force le principe de l’engagement social du philosophe : « Je fais métier de haïr la forfanterie, le charlatanisme, le mensonge, l’orgueil et toute l’engeance des hommes infectés de ces vices ». Autrement dit, le philosophe est en même temps l’exorciste de nos passions, le guérisseur de nos comportements grégaires et le médecin de nos instincts morbides. Tout cela pour vous rassurer sur mes intentions : PERSONNE ne peut me manipuler pour porter préjudice à autrui à son avantage ! Un philosophe véritable est son propre patron. Il est le souverain de sa conscience …

Si je suis encore en vie, je considère que mon impertinence vous est ni très dommageable ni véritablement profitable. Je présume que vous avez choisi pour le moment le moindre mal, c’est-à-dire m’écouter. Voici donc l’affaire terrible que je porte à votre attention. Je vous écris aujourd’hui pour deux raisons : d’abord vous exposer les résultats de mon enquête sur le comment et le pourquoi mon désormais ami, le Professeur Jean Bahébeck, et moi-même avions été suspendus de l’université de Yaoundé I en 2006, respectivement pour deux et quatre ans, ensuite pour réclamer une enquête à propos de ces suspensions parce qu’elles sont entachées du sceau du tribalisme et du cynisme politique le plus répugnant.

Lorsqu’on me suspendait, à ma grande surprise, celui qui avait signé la décision avait dit que j’avais violé une étudiante, fait gravissime qui a seulement été sanctionné par une suspension de deux ans. On avait refusé de m’amener au tribunal pour une enquête et une condamnation pénale ; ce que j’avais demandé en vain. La même autorité avait accusé le Professeur Jean Bahébeck d’avoir fait je ne sais pas quoi, Bahébeck même ignore ce qu’il avait fait de mal. Bref, nous étions comme des personnages du livre de Frank Kafka, Le Procès. Nous ne comprenions pas ce qui nous était reproché mais on nous condamnait quand même à mort. Car en fait, on ne peut suspendre un Assistant pour deux ans ! Cela revient implicitement à se débarrasser de lui, à le tuer professionnellement. Ce que les décrets du Président interdisent. Le signataire de la décision a fait plus. On avait aussi suspendu les étudiants en spécialisation orthopédie de Bahébeck pour deux ans ; ce qui est une autre hérésie. Nulle part sur le terre on a vu un ministre aller en justice avec des étudiants et un Assistant, jusqu’à ce qu’il sollicite la Cour suprême qui finit par le désavouer.

Or, il n’y avait rien dans le dossier, pas d’avertissement, pas de blâme préalable, pas de faits établis, rien, rien ! Ce qui a triomphé, c’est le cynisme du directeur des affaires juridiques, le nommé Abané Engolo Patrick. Ce qui tenait lieu de loi, de droit, c’est une fumée compacte de la vanité, de la méchanceté et la vacuité propres aux personnalités sans épaisseur ontologique et politique. Nous avions demandé pardon au vide, pour rien ; il n’y a rien eu pendant trois ans. Le signataire est resté inflexible sur sa position. Vous-mêmes là-bas en haut vous ne compreniez pas cette surdité. Tout cela m’a intrigué. En ce début d’année, j’ai donc initié une médiation fructueuse entre les deux médecins et, parallèlement, j’ai conduit une enquête minutieuse auprès de notre administration pour réunir les preuves. Au terme de mes recherches, il ressort les constances suivantes :

1/ Le professeur Jean Bahébeck est la victime du tribalisme et du cynisme d’État qui a permis d’imposer une personne d’un certain clan dominant dans une position où ladite personne était en concurrence avec lui, au détriment d’un Eton et d’un Bassa ! À preuve, tous les complices du crime sont de ce clan…

2/ Je suis la victime collatérale de cette sorcellerie des parvenus et des forces démoniaques. Ces créatures n’ont pas demandé mon avis pour accompagner Bahébeck sur la croix. Me privant de toutes mes ressources financières (0 Franc de salaire pendant deux ans en violation de la réglementation en vigueur), j’ai perdu tout, y compris mon frère aîné qui est mort faute de soins appropriés à cause de l’indigence qu’on m’avait imposée. 

3/ Bahébeck et moi sommes tous deux des victimes collatérales d’une malchance … Quelqu’un dans votre système suspectait un concurrent de convoiter sa place de ministre. Pour se débarrasser de ce concurrent, les forces démoniaques qui animaient cet acteur ont manipulé les amis d’hier, profitant de leur inimitié occasionnelle, et elles ont complété leur projet meurtrier avec le sacrifice rituel d’un jeune enseignant (moi) pleine de vie et dont l’avenir était prometteur.

Je détiens les preuves de mes allégations. De plus, la correspondance du 19 novembre 2019 que cette autorité vient de vous envoyer, qu’elle devait d’ailleurs écrire en 2016 pour reporter sa décision suivant les désidératas de certains d’entre vous, contient des indices qui vont dans le sens de mes accusations.

Monsieur le Secrétaire Général de la Présidence de la République,

Mesdames et messieurs les membres des services secrets,

Daignez songer au nombre de Camerounais qui ont été privés de soins de santé et aux dizaines de personnes mortes à cause du bannissement injustifié d’un médecin spécialiste des hôpitaux publics pendant quatre ans ! Consentez à imaginer le préjudice en termes de formation de jeunes penseurs et de médecins spécialistes d’orthopédie que notre absence prolongée a provoqué ! Souffrez de subodorer les souffrances inouïes que ces suspensions ont causées dans nos familles, chez nos proches et chez nos étudiants ! Mesurez le niveau de stupre et de bassesses ineptes dans lesquels certains d’entre vous recourent pour se maintenir cyniquement dans leur poste, pour entretenir leur soif inextinguible du pouvoir et abuser impunément de la confiance de Paul Biya ! Mesurez le tort que vous causez aux Camerounais en laissant les intrigues criminelles, l’incompétence, l’arrogance, l’imposture et une haine imputrescible prospérer ainsi dans vos cœurs et dans notre société !

Je réclame donc une enquête multiforme. J’exige que justice soit faite. Et advenant votre impuissance du fait de la proximité biologique du mis en cause avec le Prince, je requiers au moins que vous ne fassiez plus obstruction aux poursuites pénales que nous avons engagées contre l’autorité que j’incrimine/ 

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