Paul Biya: Quel Heritage?
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Mis à part la Tunisie qui semble avoir réussi sa transition démocratique après la mort du président Beji Caid Essebsi, la plupart des transitions politiques pacifiques et démocratiques dans les pays africains ont échoué.

Au Cameroun, même si M. Paul Biya et ses sycophantes vivent dans le fantasme et l’illusion d’une immortalité obscène, la réalité est que M. Biya est toujours un être humain et non un dieu. De plus, nous devrions vivre dans un État-nation moderne doté d’institutions fonctionnelles et non dans une chefferie tribale où parler de la succession du chef alors qu’il est encore en vie est un crime de lèse-majesté sanctionné par la mort ou d’autres formes de rituels de lynchage public.

Il est temps de penser à la continuité de l’État pour éviter une rupture politique brutale dans un pays où M. Biya, en tant que disciple digne de Sun Tzu, s’est efforcé au cours des 37 dernières années de nettoyer le champ de bataille politique de tous les héritiers potentiels et capables. Jusqu’à présent, M. Biya s’est montré expert en la matière et a ainsi pu se maintenir indéfiniment au pouvoir depuis sa succession d’Ahmadou Ahidjo le 06 novembre 1982.

POURQUOI DONC LE CL2P EST FAVORABLE À L’OPTION D’UNE TRANSITION DÉMOCRATIQUE AU CAMEROUN?

De manière dépassionnée et non partisane, le Cameroun pourra-t-il faire l’économie d’une transition politique, en vue de la restauration souhaitée de la démocratie réelle? Nous ne le croyons pas.

Nous voyons surgir et se multiplier des procès d’intention contre celles et ceux qui privilégient cette option, laissant notamment entendre qu’ils voudraient empêcher l’accès à la magistrature suprême à celui que nombre de ses partisans considèrent – à tort ou à raison – comme le « président élu » à l’issue du scrutin controversé du 07 octobre 2018, M. Maurice Kamto, principal opposant arbitrairement incarcéré depuis le 28 janvier 2019, chef du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC).

Si nous ne sommes pas sourds à cette revendication et que nous l’avons même endossée au sortir de l’élection présidentielle contestée, c’est précisément parce qu’il est établi que celle-ci a été émaillée de multiples fraudes à tous les niveaux, n’a jamais respecté le minimum de transparence et de pluralisme, puisque tous les candidats y compris Maurice Kamto se sont parfaitement accommodés avec les règles iniques en vigueur et surtout avec l’exclusion judiciaire de fait de candidats potentiels sous des accusations fallacieuses de détournements dits de deniers publiques.

M. Kamto a formé un recours devant la cour constitutionnelle, mais peu de personnes s’attendaient à ce qu’elle annule les résultats de l’élection frauduleuse.

Mais il établi aujourd’hui y compris par les instances internationales (ONU, UA, Département d’État américain…) auxquelles se réfèrent désormais le candidat malheureux du MRC pour contester la « victoire électorale » de Paul Biya, que certains de ces hommes incarcérés par le même tyran camerounais au motif qu’ils se sont opposés à son maintien au pouvoir à vie et/ou auraient affichés des ambitions présidentielles (déplacées), sont tout autant des prisonniers politiques que M. Maurice Kamto et ses camarades, pour lesquels nous demandons tous la libération immédiate.

C’est l’occasion de marteler que la démocratie au Cameroun ne sera pas éternellement celle du rafistolage électoral permanent, puis de l’accommodement partisan avec des règles iniques qui excluent délibérément certains camerounais en fonction de leur origine ethnique, de leurs opinions politiques, ou même de leurs religions. Aussi l’après Paul Biya qui se dessine inéluctablement exige au préalable – à travers une période de transition démocratique – une refonte complète et en profondeur de tout le dispositif institutionnel, pour construire un système politique qui protège les libertés publiques, assure les droits individuels, et surtout qui soit fondé sur les principes de liberté, d’égalité, de citoyenneté et de justice.

Nous devons privilégier un processus de réconciliation nationale dans le cadre d’un dialogue national qui s’attaque à la tension inévitable entre l’obligation de rendre des comptes sur les crimes de guerre et contre l’humanité perpétrés ces trois dernières décennies, avec la nécessité d’une unité nationale. Sans cela nous ne viendrons pas à bout des crises multiples et aucun vainqueur réel ou supposé ne saura jouir de la légitimité nécessaire à la reconstruction du Cameroun.

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