Dans la bataille de Tripoli, le sort des migrants inquiète
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À Tripoli, alors que les groupes armés se livrent bataille pour le contrôle de la capitale libyenne, une frange de la population pourrait payer pour sa vulnérabilité. Les migrants, confinés dans les geôles des gardes libyens et pris dans l‘étau des combats, attendent désespérément d‘être libérés.

Candidats malheureux de l’aventure vers l’Europe, plusieurs migrants n’ont toujours pas regagné leur pays d’origine. Interpellés sur la Méditerranée par les gardes-côtes libyens, ils restent détenus dans les prisons du pays d’Afrique du Nord. Depuis l’offensive du maréchal Khalifa Haftar sur la capitale Tripoli le 4 avril, le flou règne davantage sur le sort des migrants. En dépit des appels à leur libération, rien n’avance dans le bon sens.

Bien au contraire. Certains migrants craignent désormais d‘être embarqués par les milices pour combattre à leur côté. Des migrants d’un centre de la détention de la capitale ont confié leurs craintes à The Guardian. “La police et les soldats forcent les migrants à effectuer des travaux de nettoyage et à charger des armes. Ils [disent] aux migrants que si vous savez tirer avec une arme à feu, nous vous inciterons à rester avec nous”, a déclaré l’un d’eux au média qui dit avoir recueilli le témoignage par message. The Guardian affirme également avoir reçu des photos de migrants portant des tenues similaires à des uniformes militaires.


Si ces informations venaient à se confirmer, ces actes constitueraient des crimes de guerre, prévient l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. “Forcer des civils à stocker des armes dans une zone de guerre est un travail forcé abusif, illégalement cruel et met inutilement [le migrant] en danger”, a déclaré Judith Sunderland, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale de Human Rights Watch. “Leur faire porter des uniformes suggère qu’ils sont utilisés comme otages ou boucliers humains, deux crimes de guerre”, a-t-elle ajouté, enjoignant les autorités à “libérer tous les migrants arbitrairement détenus et assurer leur sécurité”. Un appel également lancé par les Nations unies.

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Aide contre liberté
Le Premier ministre du Gouvernement d’union nationale en Libye, Fayez Al-Sarraj, a toutefois attiré l’attention de la communauté internationale sur l’impact d’une éventuelle guerre sur toute l‘étendue du territoire libyen. Il a du reste prévenu que jusqu‘à 800.000 Africains et Libyens pourraient tenter de gagner les côtes européennes. Sans compter les quelque “400 prisonniers” du groupe djihadiste Etat islamique (EI) qui pourraient être libérés dans la foulée de l’avancée des troupes du maréchal Haftar.

Une menace à peine voilée alors que le gouvernement internationalement reconnu tente de s’attirer un support de la communauté internationale face à l’offensive de son rival. “Ces prisonniers sont des terroristes et nous travaillions de concert avec la communauté internationale pour les garder et les détenir. En même temps, nous voyons certains partenaires internationaux soutenir l’attaque et soutenir Haftar”, a ajouté Ahmed Meitig, vice-Premier ministre du GNA, lors d’une visite à Rome.

L’Union européenne dépense des millions d’euros dans la formation et l‘équipement des garde-côtes libyens afin de freiner la migration des Africains vers l’Europe. Une politique vigoureusement dénoncée par les défenseurs des droits de l’homme qui pointe l’implication de l’UE dans les méthodes souvent violentes des garde-côtes dans l’interpellation des migrants.

Environ 6 000 réfugiés et migrants sont actuellement enfermés dans des centres de détention ostensiblement sous le contrôle de la direction libyenne chargée de la lutte contre la migration illégale, associée au gouvernement de Fayez al-Sarraj. Par contre, de nombreux centres clandestins gérés par des milices pullulent sur le territoire, en violation flagrante des droits de l’homme.

En 2017, un reportage de la chaîne américaine CNN avait révélé l’existence d’un marché d’esclaves, suscitant une vague de réactions à travers le monde.

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