Afrique - Dévaluation: Il ne peut pas avoir de dévaluation brutale
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Il faut absolument injecter de l’argent dans les économies de la zone Cemac pour que le peuple survive à la montée des prix sur le marché. En cas de dévaluation du Franc CFA en Afrique Centrale nous serons confrontés à deux conséquences diamétralement opposées. La présente analyse portera sur la première conséquence

La chute libre vers un état de pauvreté avancée - Dans le cas où nous faisons sortir beaucoup trop d’argent.

La privatisation des secteurs les plus productifs aux mains des seuls étrangers va entrainer le rapatriement des recettes d’investissement vers l’extérieur. Avec une valeur monétaire basse, la conversion en Euro, en Dollar ou en Yen de ces recettes demandera un montant doublement supérieur à celui qu’on avait l’habitude de dépenser. Si nous sommes dans un état de non-retour aujourd’hui, c’est parce que la plupart des secteurs de production sont déjà privatisés. Le FMI en imposant un plan de réajustement des structures publiques s’est rendu compte que le Cameroun et le Gabon par exemple, ont confié presque la totalité de leurs entreprises publiques aux investisseurs étrangers : Chinois, Français, Coréen, Américain etc. Celles-ci travaillent pour le compte de leur pays d’origine en gardant un partenariat flou avec les pays de la zone. La plupart des produits dérivés de leur labeur sont directement rapatriés dans leur pays. 

La Corée du Sud par exemple qui est très pauvre en terre agricole mais très riche en devise s’est lancée dans l’achat ou la location des terres en Afrique. Aujourd’hui elle est le premier acheteur des terres dans le tiers monde avec plus de 2.306.000 hectares, soit une superficie supérieure à l’ensemble des terres cultivables de Corée. L’objectif principal c’est de ne pas laisser les Sud-Coréens mourir de faim. 

Au Cameroun, selon Les résultats de la recherche publiée en mars 2013 par Rights and Ressources Initiative (RRI) plus de 10 millions sur 22 millions d’hectares de terre et de forêts ont été soit vendues ou louées. 500.000 hectares de terres arables ont déjà été attribués à des firmes multinationales. L’entreprise française Vilgrain par exemple, a acquis 20.000 hectares de terres dans la région de la Haute-Sanaga. La canne à sucre qui est cultivée n’entre pas dans le marché de la consommation des Camerounais, mais va directement vers les structures françaises. C’est aussi le cas pour la banane du pays dont le domaine le plus important, les Plantations du Haut Penja (PHP), est détenue à 60 % par la Compagnie fruitière, basée à Marseille, et près de 40 % par l’américain Dole et par des actionnaires privés (selon camervoice).  

Selon l’index de la compagnie fruitière de France, « chaque année, plus de 166 000 tonnes de bananes sont chargées dans les bateaux de la Compagnie Fruitière au port de Douala. ». C´est dire qu’au final nos économies ne sont pas aussi importatrices que nous l’imaginons. Elles importent ce qui est produit localement car malheureusement, les terres arables locales ont été concédées aux investisseurs étrangers.

Avec la nouvelle valeur présumée du futur CFA - CEMAC, l’homme d’affaire de Paris, de Washington ou de Pékin pèsera encore deux fois plus fort dans le marché intérieur au Cameroun qu’avant. Avec son pouvoir d’achat, il pourra dompter toute compétitivité des producteurs locaux, mais il faudra qu’il gagne en retour en Euro et non en franc cfa, ce qui signifie que les prix des produits sur le marché vont rapidement doubler. Je m’explique. 

Pour récupérer le bénéfice sur le prix de vente d’une brosse à dent qui coûte 90 centimes en France et dont le prix au Cameroun s’élèvera à 655 fr cfa, soit un euro, le revendeur, Dove, Carrefour ou autres supermarchés de l’import, vendra désormais 1 brosse à dent à 1300 fr cfa pour obtenir un euro.  Les petits commerçants subiront le même sort avec d’autres partenaires au Nigéria ou partout ailleurs où il faudra dépenser plus, pour vendre et donc demander plus d’argent au consommateur.

Lorsque nous engageons la construction d’une route, d’un stade, d’un chemin de fer ; lorsque nous confions l’approvisionnement en eau et en électricité et même l’entrainement de nos équipes nationales aux étrangers, ceux-ci demandent en retour à l’Etat une rémunération à l’image des règles salariales de leur pays d’origine. Si l’entraineur Hugo Broos de l’équipe nationale de football du Cameroun touche par mois 160 000 euros (un peu plus de 76 millions fr cfa)  comme l’a révélé certains proches du Comité exécutif de la Fécafoot aux journalistes de Camerfoot, il gagnera désormais : 116000 fois 1300, soit l’impossible montant de 150 800 000 fr. cfa.

Ajoutons à tout cela, le non-paiement des impôts par les entreprises étrangères, la fuite des recettes fiscales et leur transformation en pot de vin pour  construire les hôtels de Luxe de nos dirigeants. Les dépenses abusives des membres du gouvernement à l’étranger : exp. Si lors de ses multiples congés en Suisse à l’hôtel Intercontinentale, le président et sa clique dépensaient plus d’un millions d’Euro en 1 mois, soit près du milliard de Franc cfa, il donnera désormais deux fois plus que d’habitude. La petite Brenda qui ne se déplace qu’en limousine de 400 dollars, soit 400 milles franc cfa, déboursera désormais pour ses marches quotidiennes plus d’un millions de cfa par limousine empruntée.

La liste est longue. Et je souhaite m’arrêter là pour aujourd’hui. Mais retenons que pour dévaluer une monnaie, il faut injecter de l’argent dans l’économie pour soutenir les futures pertes, sinon la chute peut être catastrophique. Cependant, une dévaluation peut profiter à un pays s’il concentre ses investissements vers l’intérieur, s’il fait rentrer des sous et surtout s’il évite par tous les moyens de faire sortir trop d’argent (round 2).

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