Abel Elimby Lobe : L’activiste qui défiait Fru Ndi
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48 heures après sa démission, le cadre du Social Democratic Front envisage de jouer sa partition en vue de la mise en place d’une plateforme de l’opposition en 2018.

Abel Elimby Lobe a claqué les portes du Social Democratic Front dimanche, au lendemain de sa suspension par le National Executive Committee (Nec) de ce parti politique réuni à Bamenda au palais de son chairman Ni John Fru Ndi. Quarante-huit heures après, il dit ne pas regretter sa décision qu’il assume entièrement. Il ne faut donc pas mettre action sous le coup des émotions. « Cette organisation [le Sdf, ndlr] est extrêmement abimée sur le plan moral, elle présente beaucoup de lacunes dans son administration interne, ce qui n’est pas de nature à convaincre les Camerounais quant à nos capacités à remplacer le système qui est en place. Elle est en délitement par rapport à elle-même, elle n’a plus aujourd’hui les aptitudes nécessaires pour mener un combat contre le Rdpc », déclare-t-il ce lundi à quiconque l’interroge sur les motivations de sa démission du principal parti politique de l’opposition.

Où trouvera-t-il l’alternance tant souhaitée ? Surtout pas au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti au pouvoir, où il ne compte pas déposer ses valises. Une formation politique sur laquelle le Sdf, son ancien parti a calqué son modèle de gouvernance, selon ce pourfendeur de Ni John Fru Ndi. A ceux qui lui rappellent que les partis politiques camerounais partagent en commun les maux « cancérigènes » qu’il reproche au Sdf, Elimby Lobe répond qu’il en existe qui le sont moins.

« Je cherche non pas un parti politique fait d’anges, mais qui est peu malade (…) Le Sdf est malade d’un cancer. Beaucoup d’autres partis politiques ne sont pas aussi gravement affectés par la corruption. Je n’ose pas croire que le Mrc, le Mp, l’Udc, le Cpp, sont des partis qui marchent la nuit. Donc il existe des partis politiques moins pollués que le Sdf, avec lesquels on peut envisager de travailler et d’organiser une alternative politique plus crédible. Je n’ai pas oublié le PAP de Paul Ayah Abine, ni l’Add de Garga Haman Adji », déclare celui qui pense qu’en faisant alliance avec Garga Hamaon, « on est plus proche du but ».

Injustices

Dans laquelle de ces organisations politiques jettera-t-il son dévolu ? Elimby Lobe se veut circonspect et prudent face à cette question. Pour lui, avec Kah Walla, « on a plus d’activité politique parce qu’il y a de l’effervescence dans ce parti, on a plus de proximité avec le potentiel électoral plus élevé. Il y a dix mille et une raisons d’avoir des ententes avec de nombreux partis politiques dans la perspective du contournement des blocages inscrits dans le code électoral, dans le cadre des articles 151, 171 et 217 qui empêchent les partis politiques de l’opposition d’avoir des alliances officielles, ouvertes, publiques, et d’aller aux élections devant les électeurs en gardant leur spécificité politique ».

En clair, Elimby Lobe envisage la perspective la  mise en place d’une plateforme de l’opposition « sérieuse » en 2018, face à Paul Biya. A condition que les principaux acteurs de la scène renoncent à leur égo et fassent des compromis indispensable. Réussira-t-il sur ce terrain où ont échoué de nombreux autres leaders de l’opposition ?

Rien n’est plus sûr. Le combat d’Elimby Lobe contre les injustices est aussi vieux que son baccalauréat en série D, qui lui ouvre les portes de la Facultés des Sciences de l’Université de Yaoundé en 1984. Inscrit dans la filière physique-chimie, son parcours académique sera interrompu entre le 2 janvier et le 5 août 1988, par sa détention à la direction de la Sécurité militaire du ministère de la Défense. A sa libération, son père, un ancien diplômé de l’Ecole camerounaise d’administration (ancêtre de l’Enam) employé à la Régifercam, l’envoie poursuivre ses études en Côte d’Ivoire, puis au Sénégal.

A l’université Cheikh Anta Diop, il était président de l’Association des étudiants camerounais. Nanti d’une licence, l’ancien secrétaire général de l’Amicale des étudiants de la Fac sciences de l’université de Yaoundé (1986) retourne au bercail en 1998 et milite au Sdf sous le parrainage du Dr Njakoua, alors président régional Littoral. Grâce à sa formation parallèle dans la maintenance industrielle au Centre national d’enseignement à distance du Vanves en France, ce père de quatre enfants est recommandé par la coopération française comme stagiaire à l’hôpital général de Douala, puis à l’hôpital Laquintinie où il supplée le technicien de maintenance envoyé en stage en Europe.

Il renonce à ces fonctions et crée son entreprise de maintenance industrielle, Cameroun et Techniques, avant de migrer vers la blanchisserie. Au Sdf, il devient tour à tour président de la cellule Makepe Persévérance et vice-président de la circonscription électorale de Douala V-1 pendant huit ans. Au moment de sa démission, il occupait la fonction de secrétaire national adjoint à la communication.

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