Quand les militaires jouent aux douaniers
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Le 27 juin 2016, une importante cargaison de marchandises a été saisie par les éléments de la 3e Région militaire Interarmées (Rmia 3) sur le fleuve Bénoué entre la localité de Barnake et la ville de Garoua.

Le conducteur de la grande pirogue qui contenait ces marchandises, et dont le nom ne nous a pas été révélé, était parti du Nigeria à destination de Lagdo, avec à bord de sa pirogue, du sucre, de la farine, des moteurs de pirogues hors bord, des motos en pièces détachées et près d’une cinquantaine de fûts de carburant. Cette importante cargaison, dont un bilan d’évaluation chiffré n’a pas encore été opéré, était jusqu’à hier, 29 juin 2016, stocké dans la cour principale du poste de commandement du Rmia 3.

Selon nos informations, les militaires ont saisi cette cargaison de marchandises au prétexte que le responsable de la pirogue et les propriétaires n’auraient pas déclaré au poste de douane de Barnake ou dressé une déclaration sommaire de douane, que la pirogue contenait du carburant. Ils ont ainsi intercepté l’embarcation et acheminé tout son contenu à la base du Rmia 3 sans passer par le poste de douane de Garoua, où l’embarcation devait s’arrêter pour les formalités d’usage.

«La destination finale de cette embarcation était Lagdo. Son itinéraire n’a pas été dévié. Si les militaires avaient constaté que quelque chose ne tourne pas rond, le principe c’était qu’ils informent au moins les douaniers ; ce qui n’est pas le cas. A ce jour, nous ne savons pas encore ce qui sera fait de notre marchandise », indique un membre de l’équipage.

C’est la troisième fois que les éléments du Rmia 3 saisissent des produits et des marchandises dans les eaux du fleuve Bénoué et les stockent dans leur camp avant de procéder plus tard à la mise à la disposition de la douane. En 2015, à la suite d’une saisie, le gouverneur de la région du Nord et son état-major avaient effectué une descente  sur le terrain pour s’assurer du bon déroulement des procédures à appliquer dans le cas d’espèce.

Près de 200 fûts de carburant, des huiles végétales et des bidons vides avaient alors été saisis. En février 2016, une nouvelle saisie des produits commerciaux avait également été opérée par les éléments du Rmia 3 et stockés dans leur camp avant d’être rétrocédés à la douane. Le gouverneur, une fois de plus, avait dû intervenir en mettant sur pied un comité de gestion regroupant les représentants des administrations impliquées dans la gestion des produits saisis.

INSÉCURITÉ

A la suite des fortes exactions de la secte Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, courant 2015, et de la découverte de la maladie Ebola au Nigeria, le gouverneur de la région Nord avait pris des mesures spéciales pour sauvegarder son territoire des effets néfastes de ces deux fléaux. Il avait été ainsi décidé de l’accentuation de la sécurité aux frontières.

Des patrouilles mixtes composées des éléments des forces de l’ordre et des éléments de la douane devaient désormais opérer au niveau des frontières. Il s’agissait, entre autres, pour les éléments des forces de l’ordre, d’appuyer les agents de la douane dans leur tâche.

D’après nos sources, ce travail en groupe n’a jamais fonctionné comme prévu. «Normalement dans leur travail, les militaires, s’ils observent quelque chose qui ne va pas avec les marchandises, doivent simplement conduire vers les douaniers l’embarcation et sa cargaison. C’est à celle-ci de prendre ses responsabilités.

Ce que prévoient les textes. S’ils soupçonnent une embarcation de contenir des produits prohibés ou autorisés à l’importation, tout ça relève de la compétence de la douane. Il n’est donc pas normal que des marchandises se retrouvent dans un camp militaire avant qu’on ne procède plus tard à leur rétrocession à la douane.

D’après les mesures qui avaient été  arrêtées par le gouverneur, ils devaient procéder aux patrouilles avec les douaniers. Mais à chaque fois, c’est quand l’opération est pratiquement terminée qu’on envoie les produits saisis», s’indigne un brigadier de douane.

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