Transparency International épingle la police camerounaise : Les faits et l’intox
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Transparency International épingle la police camerounaise : Les faits et l’intox :: CAMEROON

Le dernier rapport de Transparency International place la police camerounaise en tête de liste des services publics les plus corrompus au Cameroun. Un classement qui a ignoré les faits pour jeter le discrédit sur ce corps pourtant en pleine mutation et ses dirigeants. Chronique d’une tentative de déstabilisation de la police camerounaise.

Transparency International, à la faveur de son dernier rapport, a remis en débat la poursuite de la lutte contre la corruption que le Délégué général à la sûreté nationale a inscrite, depuis sa nomination le 31 août 2010, au rang de ses actions prioritaires pour assainir les comportements au sein de ce corps. Dans une enquête où s’entrechoquent des intérêts divergents, voire conflictuels, il n’est pas étonnant que par intermittence, des proclamations sentencieuses le disputent à des analyses biaisées, à des insinuations malveillantes. Avec, en toile de fond, des surenchères à peine voilées. Ce faisant, certains protagonistes de Transparency International font malheureusement abstraction des actions positives qui émaillent le fonctionnement de la police camerounaise depuis quelques années.

Il convient cependant de relever que la police camerounaise ne peut prétendre être entièrement exempte de la corruption. Mais, lorsque celle-ci prend des proportions telles qu’elle risque de contrarier les efforts accomplis en vue d’instaurer une bonne gouvernance, elle entraîne la dégénérescence générale du tissu social. Obstacle au développement durable, la corruption peut éventuellement favoriser la criminalité organisée. En fait, si la corruption se développe sans entrave, la démocratie peut difficilement s’épanouir, la liberté se répandre, la justice prévaloir. Ainsi, cette nuance établie, l’on note que depuis la publication du dernier rapport de Transparency International, c’est de nouveau le grand emballement autour de la police camerounaise. avec des appréciations tendancieuses qui tendent à ignorer les faits pour jeter le discrédit sur la police camerounaise et ses dirigeants, soupçonnés ou carrément accusés sans preuve, de tirer les ficelles. Or, la sagesse renseigne utilement que « les faits sont sacrés », les commentaires relevant d’un tout autre registre.

POLICE CITOYENNE

Les faits ? Ils mettent en évidence un service public, la police camerounaise d’une part. Et ses dirigeants d’autre part. nommé par décret présidentiel n°2010/263 du 31 août 2010 à la tête de la Délégation générale à la sûreté nationale pour assumer la lourde charge de conduire la destinée de l’institution policière suivant les grandes orientations de la politique sécuritaire définie par le chef de l’état, Martin Mbarga Nguélé a  été confirmé dans ses fonctions le vendredi 2 octobre 2015 par le président de la république. Pour mémoire, Martin Mbarga Nguélé a déjà occupé le poste de DGSN (délégué général à la sûreté nationale) entre 1983 et 1984 camer.be, il y’a trente et un ans. Il a été inspecteur de police à 19 ans, avant de gravir tous les échelons dans le corps puis d’embrasser une carrière de diplomate qui l’a, tour à tour, conduit au Congo-Kinshasa (à l’époque Zaïre), au Brésil et en Espagne. C’est de ce pays qu’il était parti en septembre 2010 pour être réinstallé à la tête de la police.

Ce renouvellement de la confiance faite en la personne de Martin Mbarga Nguélé par Paul Biya le vendredi 2 octobre dernier serait-elle la preuve que la conscience professionnelle est enfin de retour au sein de la police camerounaise ? En tout cas, plus qu’hier, cette police, dans un environnement difficile, complexifié par les mutations socio-politiques, abat de plus en plus un travail remarquable. Un constat est indéniable : ces dernières années, les flics camerounais sont devenus courtois et serviables. Surtout ceux exerçant dans les grandes agglomérations, désormais voués qu’ils sont aux patrouilles nocturnes, à la facilitation de la circulation routière et à une présence dissuasive dans les lieux publics. Du coup, l’on (ré) découvre un corps presque sympathique, à visage humain, citoyen. Les camerounais retrouvent cette police citoyenne qui n’aurait jamais dû cesser de l’être. Il y a comme un retour de la courtoisie et de la confiance.

On n’aurait pas pu en dire autant dans les années antérieures à 2010, au moment où la présence d’un homme en tenue, loin de rassurer, constituait plutôt le début des tracasseries de toutes sortes. C’est que la police camerounaise avait fini par revendiquer, et avec aplomb, une image répressive et corrompue formatée depuis l’école de formation. Comme une force d’occupation, elle arnaquait, mendiait, intimidait publiquement, se pavanait dans la rue avec ses armes et insignes. Pays hospitalier par essence, le Cameroun donnait l’impression d’un territoire au bord de l’implosion où la force de sécurité, l’œil inquisiteur, accueille le visiteur avec des armes menaçantes et non la fleur au fusil. Pourtant, quand les contrôles de police ont été suspendus sur la voie publique par le Délégué général à la sûreté nationale, Martin Mbarga Nguélé, le pays ne s’est pas embrasé pour autant. Et c’est bien la preuve que ces opérations étaient contreproductives et ruinaient l’image de toute une communauté nationale, qu’on dit tournée vers la recherche d’investisseurs et la bonne gouvernance.

Cependant, face aux problèmes d’insécurité grandissante, les terroristes de Boko Haram ayant changé leur fusil d’épaule au regard de leur nouveau mode opératoire, les attentats-suicides, il était plus que jamais nécessaire pour le patron de la police camerounaise de ressusciter, bon gré mal gré, les contrôles de police dans le cadre du maintien de la paix et de la stabilité de notre pays. Au-delà de certaines dérives, ces policiers, au cours des contrôles de routine, s’investissent également jusqu’au sacrifice suprême. L’exemple de l’inspecteur de police principal, Elie Ladé, tué dans le double attentat-suicide du 20 septembre 2015, est patent. Dès sa nomination, Martin Mbarga Nguélé  avait embouché le discours de la lutte contre la corruption, l’indiscipline, le trafic d’influence et le laxisme. Après l’ère de l’immobilisme affirmé de Pierre Minlo’o Medjo, après la main de fer généreuse d’Edgar Alain Mebe Ngo’o, après la période presque lisse d’Emmanuel edou, on avait fini par croire que la police camerounaise était plus que jamais immunisée contre l’assainissement. De lourdes sanctions plurent certes, surtout sous m. Mebe Ngo’o, mais les policiers camerounais semblaient avoir fait le vœu de malhonnêteté.

SANCTIONS

À cette fermeté, m. Mbarga Nguélé  a allié la séduction : «Tout policier qui ira ou agira à l’encontre de la loi sera puni convenablement, et ceux qui se démarqueront positivement par leur travail seront promus et récompensés». Ainsi, des policiers ripoux ont sévèrement été sanctionnés ces dernières années. Des sanctions qui n’ont pas épargné les hauts gradés. Et parmi les victimes de poids, l’on a encore en mémoire le commandant du groupement mobile d'intervention n°1 de la région du centre, le commissaire de police principal Josué Nna Nna. Il a été suspendu de ses fonctions pour «violation de consigne» : il avait envoyé ses éléments «chasser» le «tchoko» en route. L’on ne peut ne pas relever le cas de l’inspecteur général n°1 à la Délégation générale à la sûreté nationale. Le commissaire divisionnaire Nkome Ntungwa Charles Nsong a été relevé de ses fonctions pour avoir fait libérer un dangereux trafiquant.

Des mesures et bien d’autres qui ont d’ailleurs été saluées en leur temps par Léopold Nzeusseu, directeur exécutif de Transparency International Cameroun. Autre illustration : la transparence et la sérénité qui ont caractérisé les derniers concours d’entrée à la police (commissaires de police, officiers de police, inspecteurs de police et gardiens de la paix). À preuve, huit personnes ayant tenté de monnayer les places pendant lesdits concours ont été interpellées et présentées chez le procureur de la république. Il s’agit entre autres d’hommes et de femmes en civil pour certains. D’autres appartiennent tout simplement au corps de la police.

VENTS CONTRAIRES

Alors qu’on se disait naturellement que la discipline est de retour au sein de la police, c’était sans compter avec les vents contraires qui soufflent violemment dans ce corps où les batailles d’intérêts personnels et les mauvaises pratiques semblent avoir supplanté l’éthique. Il n’est donc pas exclu aujourd’hui que quelques nostalgiques essayent, par des moyens divers et des actions pernicieuses, de saboter ce travail de salut public engagé par Martin Mbarga Nguélé. Auquel cas, les choses deviendraient difficiles, sinon impossibles à gérer. Il est plus que jamais urgent pour le Délégué général à la sûreté nationale d’élucider une nouvelle stratégie de lutte contre ce malaise social qui gangrène inlassablement la police camerounaise. La lutte contre la corruption passe inévitablement par le pouvoir de sanction et de coercition. Dans bien des cas, la peur de la sanction est le commencement de la sagesse. Tous ceux et celles qui se rendent coupables d’actes de corruption doivent pouvoir rendre compte devant la justice selon les termes d’un procès équitable.

© L'Equation : Richard BONDOL

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