Coopération Cameroun-Nigéria : Dans les secrets du face à face BUHARI/BIYA
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Coopération Cameroun-Nigéria : Dans les secrets du face à face BUHARI/BIYA :: CAMEROON

D’après plusieurs sources les sujets traités par les deux Chefs d’Etats se résumeront à : La lutte contre Boko Haram, L’évaluation de l’Etat des relations entre le Cameroun et le Nigéria, La mise en place de la force  multinationale, Le renforcement de la coopération bilatérale et multilatérale et enfin le dossier « épineux » concernant Bakassi qui a été rétrocédé au Cameroun et dont la matérialisation des limites tardent à fournir ses résultats jusqu’aujourd’hui.

La confirmation de l’arrivée en terre camerounaise de S.E Muhammadu Buhari ce mercredi met en gestation plusieurs réformes à enclencher dans la lutte contre Boko Haram. La nébuleuse islamiste qui, jusqu’aujourd’hui possède sa base opérationnelle et de repli au Nigéria continue à faire des incursions sporadiques en terre camerounaise où ses attaques continuent à faire des victimes. Récemment, dans le Logone et Chari, la localité d’Afadé a vu sa brigade de gendarmerie incendiée avec 4 morts au compteur et les membres des services de sécurité porté disparus. Emportant 4 motos, les membres de Boko Haram ont incendié toute la logistique mobile de ce poste militaire.

Aujourd’hui en parlant de la longue relation qu’entretient les deux pays, il faudrait noter que le Cameroun et le Nigéria partagent une frontière de 1 600 kilomètres s’étendant du Grand Nord (Adamaoua, Nord et Extrême Nord), au Nord-Ouest jusqu’au Sud-ouest du Cameroun. Cohabitation obligatoire au regard de tout cela.

D’après les statistiques connues, les ressortissants nigérians sont comptabilisés à 4 millions au Cameroun. Exerçant dans divers domaines, ils sont le relais de leurs compatriotes restés au pays mais écoulant leurs marchandises. Ce volet économique hautement important qui a permis en 2013 au Nigéria d’être classé comme le 2e pays fournisseurs du Cameroun et le 14e en terme de client. Au cours de la même année, les exportations de marchandises en direction du Cameroun ont été évaluées à 452 milliards 18 millions de Fcfa alors que le Cameroun exportait vers le Nigéria des marchandises d’une valeur de 39 milliards 531 millions de Fcfa. Enorme gap alors que ce partenaire économique compte plus de 100 millions d’habitants. Toujours d’après certaines statistiques, 4% d’entreprises recensées au Cameroun appartiennent au Nigérians soit en valeur réelle 3 127 PME exerçant dans divers domaines tels que le commerce de détail et gros, l’industrie lourde, les BTP, la métallurgie, l’import-export, etc.

Dans l’optique de densifier encore plus les échanges économiques, les deux pays ont signé le 11 Avril 2014 un accord qui permet d’élargir les gammes de produits commercialisables entre les deux Etats et qui bénéficieront d’un traitement particulier en terme de paiement de taxe, etc. La participation du Cameroun à plusieurs manifestations économiques et commerciales sont-là pour l’attester. En 2009 à Calabar, le Cameroun a eu à organiser des journées économiques. A Port-Harcourt en 2010 et Lagos 2011, ceux-ci permettent d’améliorer les échanges et les partages d’expériences. Par contre le pays de Paul Biya a eu à participer à la prestigieuse « Lagos International Trade Fair » ou encore à la « African Arts and Crafts Expo ». Deux évènements majeurs au Nigéria qui voient converger les entreprises les plus prestigieuses du pays et les hommes d’affaires les plus sérieux.

Pour densifier les échanges, très certainement et comme l’à préciser le MINCOM Camerounais Issa Tchiroma, les deux Chefs de l’Etats vont aussi s’attarder sur les projets futuristes des deux pays à savoir : « le projet de construction de l’axe routier Kousséri-Maltam-Fotokol ; le projet de construction de la route transfrontalière reliant Bamenda au Cameroun, à Enugu au Nigeria, et dont les travaux ont démarré le 21 juin 2010 ; le projet d’interconnexion électrique en vue du transfert de l’énergie du Cameroun vers le Nigeria, finalisé au cours de la 5ème session de la Grande Commission Mixte de Coopération qui s’est tenue en 2010 à Abuja, et dont l’Accord a été signé le 18 février 2011 à Yaoundé ; le projet de construction d’un pont sur la Cross River ; le projet de construction d’un pont sur le fleuve Mayo-Tiel dans la Région du Nord Cameroun, frontalière de l’État fédéré de l’Adamawa au Nigeria, dont le Mémorandum d’Entente et les termes de référence y relatifs sont en cours de négociation. »

Boko Haram à diner

Si ce n’est un secret, l’un des premiers sujets que les deux Chefs de l’Etats vont débattre concerne de l’éradication de la secte islamiste Boko Haram qui a récemment fait allégeance à l’Etat islamiste pour se muter en Etat Islamique en Afrique de l’Ouest. Nouvelle carapace qui ne leur permet pas encore de revendiquer les récentes attaques car pas encore adoubé officiellement par Daech, le Chef de l’EI. D’après quelques analyses, cet état de fait est dû à la mise à l’épreuve de Daech pour évaluer la capacité de nocivité pour comprendre si les idéaux poursuivis par Boko Haram ne vont pas parallèlement avec celui de l’EI. Mais quel que soit les objectifs des deux « institutions » terroristes, ce sont de nombreux crimes qui sont perpétrés au quotidien et dans plusieurs pays.

D’après plusieurs indiscrétions, le Chef de l’Etat du Nigéria sans flagornerie aucune, compte construire une alliance régionale forte pour affronter Boko Haram. Raison pour laquelle ces premiers voyages ont été orientés du côté du Niger puis du Tchad compte tenu du fait que ses premières informations parlaient d’une armée camerounaise bien outillée et prête à la riposte en tout temps. S’étant rendu d’abord aux USA pour demander une aide logistique fulgurante auprès de Barack Obama, il semble revenu du pays de l’Oncle Sam déçu.

S.E Paul Biya et Muhammadu Buhari devront ainsi trouver la solution miracle pour mise en œuvre une symbiose nécessaire pour lutter contre Boko Haram. Une coopération avait déjà fournit une esquisse de réponse entre Goodluck Ebele Jonathan et Biya le 28 Février 2012 à Abuja avec la signature d’un accord portant création d’un Comité de sécurité transfrontalière appelé CST. Après des années de bureacratie ponctuée de retrouvailles et d’échanges, des recommandations visant à harmoniser la lutte contre Boko Haram n’ont pas servi à grand-chose aujourd’hui ; le Nigéria n’acceptant toujours pas aux soldats camerounais de véritablement se déployer en plein territoire nigérians contrairement à l’accord avec le Tchad qui le permet jusqu’ici. D’après certains rapports, trois sessions du CST se sont déjà tenues avec la mise en route d’un atelier de coopération transfrontalière qui a permis d’identifier plusieurs secteurs d’intérêt commun. La prochaine session de cet atelier prévue en 2016 sera organisée au Cameroun. Que dire de la guerre contre Boko Haram dont on annonçait la « mort », il semble avoir plusieurs vies comme un chat. Les dirigeants camerounais ne devant plus aller vite en besogne revoient aujourd’hui leurs copies. Les débats s’annoncent ainsi houilleux entre les deux patrons de pays.

Mise en route de la force multinationale

Désormais 8 700 hommes vont être chargés de sécuriser le Nigéria, le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Bénin. Ces hommes recrutés dans les différents corps de police, militaires et civils, seront chargés de diriger les opérations de maintien de la paix et de sécurisation des frontières conjointes afin d’éviter des incursions perdues de terroristes dans les pays alliés. Si cette nouvelle devrait réjouir, il est primordial de noter que les structures de défense d’intégrité nationale des pays cités resteront en place et travaillerons en coordination et collaboration.  

Coopération bilatérale

Depuis 1999, plusieurs Chefs d’Etats Nigérians ont foulé le sol camerounais. S.E Muhammadu Buhari sera le 6e d’une liste non exhaustive de dignitaires et responsables Nigérian venus au Cameroun. D’un autre côté, S.E Paul Biya aura fiat le chemin inverse avec une participation remarquée à plusieurs évènements en terre Nigériane. En 2003 et quelques mois avant la grande victoire du droit dans l’affaire Bakassi, le Chef de l’Etat Camerounais se rendra au Sommet du Commonwealth et sera présent la même année lors de l’investiture et la prestation de serment du Président Olusegun Obasanjo. En 2007, Paul Biya se rendra une autre fois au Nigéria pour participer à l’investiture de S.E Umaru Musa Yar’adua. Un Chef de l’Etat qui va mourir en plein investiture pour laisser place à Goodluck Ebele Jonathan ; son Vice-président. En 2010, précisément le 1er Octobre, il va s’y rendre pour assister à la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Nigéria à Abuja, la capitale de l’Etat fédéral.

Aujourd’hui plusieurs accords sont à l’actifs des deux pays depuis 1963 jusqu’à nos jours. « Dans les domaines aussi divers tels que, la sécurité, la justice, la circulation des personnes et des biens, le transport, le sport, la culture, le développement de la jeunesse. Je citerai, entre autres :le protocole d’accord sur le contrôle du mouvement des personnes et des biens le 06 février 1963 ;l’accord culturel, social et technique du 22 mars 1972 ;l’accord commercial du 06 février 1963 révisé le 13 janvier 1982 et le 11 avril 2014 ;l’accord de coopération en matière de police du 27 mars 1972 ;l’accord de coopération judiciaire du 27 mars 1972 ;l’accord sur le transport aérien du 19 mai 1978 ;l’accord de Greentree du 12 juin 2006 ;l’accord de coopération dans le domaine du sport et de l’éducation physique, signé le 18 février 2011 ;l’accord de coopération dans les domaines des sciences et des technologies, signé le 11 avril 2014 à Yaoundé. » Dixit Issa Tchiroma Bakary, Ministre camerounais de la communication, ils ont permis d’ameublir cette coopération fructueuse et diverse.

Nos deux pays possédant respectivement trois représentations diplomatiques dans chacun des pays justifient d’une égalité diplomatique. En citant pour ce qui concerne le Cameroun à savoir des représentations à Abuja (Haut Commissariat) et 2 Consulats à Lagos et Calabar alors que le Nigéria dispose d’un Haut Commissariat à Yaoundé et deux consulats à Douala et Buéa et envisage même ouvrir un Consulat général à Garoua.

La matérialisation des frontières

Un sujet épineux. D’après plusieurs indiscrétions, Paul Biya remettra sur la table le problème de matérialisation des frontières après la victoire consolidée à la Haye. Selon plusieurs témoignages, si le Cameroun a réussi à gagner le combat du droit, sur le terrain, il est encore difficile d’affirmer que tout va pour le mieux car plusieurs zones encore occupées par les ressortissants nigérians ne voient pas encore une administration camerounaise s’installer. Les rapts de dirigeants et ressortissants camerounais sont à répétition sans que les autorités nigérianes ne fassent un effort de coopération pour les retrouver. Ce qui fait craindre à plusieurs fonctionnaires de s’y rendre.

Malgré tout, le génie militaire déployé sur le terrain abat un travail remarquable de désenclavement. Qu’à cela ne tienne, plusieurs marchés fictifs sont enregistrés dans les localités sensées abriter à ce jour un grand nombre d’ouvrage de développement sans que Paul Biya ne réagisse ni ne fasse interpeller les coupables.

© Camer.be : Yannick Ebosse

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