Carnage de Fotokol : Le mutisme de Paul Biya inquiète
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Malgré le nombre important de civils camerounais égorgés par les fidèles de Boko Haram dans cette partie du pays le message de condoléances du chef de l’Etat reste toujours attendu.

«Ce n’est pas possible. Nous ne nous aimons pas. Tu te rends compte que depuis l’attaque de Fotokol où on a tué plus d’une centaine de Camerounais, le président de la république n’a pas réagit. Même pas de message de condoléance. On dirait que ça ne lui dit rien. Dans un pays normal on devait déclarer une journée de deuil national en mémoire de ces victimes et mettre le drapeau en berne. Malheureusement chez nous ce n’est  pas le cas. C’est quand même surprenant. On dirait que cette situation laisse  l’Etat indifférent».

Cette déclaration est de William T.,  un jeune camerounais étudiant en filière de communication à l’Université de Douala. Dans une discussion  avec ses amis au sujet de l’actualité sur Boko Haram, il s’étonnait de la réserve du  président de la République Paul Biya et de celui de son gouvernement quelques jours après le carnage de Kolofata où plus d’une centaine de civils camerounais ont été égorgés par les membres de la secte islamique Boko Haram, le 5 février 2015 pendant une incursion dans ce territoire, à l’insu des soldats camerounais et tchadiens, occupés à combattre cette ennemie sur d’autres fronts.

D’après ce citoyen  camerounais désagréablement surpris par cette attitude du gouvernement camerounais et  de celui du chef de l’Etat préoccupé en premier chef par cette lutte contre Boko Haram, celui-ci pour marquer sa solidarité avec les populations de cette partie du triangle national meurtries par la guerre, devrait à défaut de descendre lui même sur le site de ce massacre, dépêcher un émissaire du gouvernement à Fotokol pour aller consoler les familles des  victimes et  les rassurer de ce que l’Etat ne les a pas abandonnés.

A  côté de William T, Germain Yossa, commerçant au marché central est lui aussi surpris  du gouvernement. Germain Yossa  demande à l’Etat camerounais de souvent copier le bon exemple. Après l’attaque de Charlie hebdo en France, on a vu le président Hollande et son gouvernement mobiliser toute la France et même les africains pour la marche de solidarité. «12 personnes seulement étaient décédées.  Chez nous au Cameroun aujourd’hui, on perd plus de 81 camerounais selon les déclarations du ministre délégué chargé de la Défense, et personne ne bouge le petit doigt. C’est embarrassant», fait-il.

C’est la plupart des camerounais qui s’interrogent sur l’absence de message de condoléances du président de la République Paul Biya aux rescapés du carnage de Fotokol. En dehors des sorties de Issa Tchiroma au lendemain de cette attaque qui faisait l’apologie des forces de coalition et de celui de Edgard Alain Mebe Ngo’o apportant des précisions sur le nombre de décès pendant cette attaque, les familles des victimes ont légitimement besoin de réconfort des plus hautes instances de la République. Tandis que certains parlent du laxisme du gouvernement d’aucuns évoquent la froideur du chef de l’Etat Paul Biya  qui  agit rarement quand  on l’attend. «Si vous attendez le président Paul Biya, vous l’attendrez longtemps. Il n’est jamais pressé quand il fait ses choses.  

C’est son tempérament. Vous voyez quelqu’un qui a lui-même déclaré que son gouvernement ne travaillait pas bien. Mais, jusqu’aujourd’hui, il  maintient le même gouvernement au pouvoir depuis bientôt deux ans. Vous vous attendez à quoi ? », dit un enseignant qui relativise le procès fait au président de la République. Pour une autre frange plus optimiste, le président de la république ne voudrait pas faire deux discours. «Il le fera une fois le 10 février  2015 prochain, durant son adresse à la jeunesse camerounaise», pense-t- elle.

© La Nouvelle Expression : Hervé Villard Njiélé

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