Fermeture d’Afrique Media : le passage en force du Cnc
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La télévision panafricaine émet depuis hier de Malabo, en Guinée Equatoriale, alors que ses bureaux de Douala et de Yaoundé sont sous-scellés.   
 
Les irréductibles de la chaîne à capitaux privés Afrique Media continuent à recevoir les images sur le petit écran. Mais, selon un crawl émanant de ce média, ils seront privés des débats en direct pendant trois jours. Le temps, pour la technique, faire procéder aux aménagements nécessaires. La télévision panafricaine a en effet été contrainte de déménager du Cameroun pour la Guinée Equatoriale «sous la pression des autorités camerounaises et d’une certaine puissance occidentale», apprend-on.

Ses bureaux de Ndogbong et d’Akwa, à Douala, ont été fermés hier sous l’œil vigilant d’une escouade de gendarmes et de policiers. Les populations, venues nombreuses s’opposer à la pose des scellés, on été dispersées à la trique et n’ont pas réussi l’exploit du 6 août où des manifestants avaient empêché la fermeture des locaux d’Afrique Media dans la métropole économique alors que ceux de la capitale avaient été fermés quelques jours plus tôt sans résistance.

Le 4 juin dernier le Conseil national de la communication, organe régulateur du paysage médiatique camerounais, avait suspendu, pour un mois, la chaîne de télévision pour «[s]a généralisation des manquements professionnels» ainsi que «des confusions préjudiciables entre liberté d’opinion et les atteintes à la dignité des personnes» dans deux émissions. A l’époque, alors que le média continuait d’émettre, ses dirigeants avaient fait appel de cette décision devant le Tribunal administratif, contestant la procédure ainsi que les raisons invoquées par le Conseil.

Ils sont tout aussi nombreux, ceux qui contestent ladite sanction du Cnc. Les responsables du Cnc, aveuglés par des intérêts inavoués, ont manqué de méthode dans leur acharnement. L’on s’accorde ainsi à dire, dans certains milieux, que le régulateur aurait pu se limiter à des rappels à l’ordre au lieu de faire autant de publicité à une télévision qui n’en demandait pas tant. Pire, son vice-président Peter Essoka et sa troupe ne se sont pas souciés de l’image de marque du Cameroun, qui en prend forcément un sérieux coup à l’international.

À entendre nombre d’observateurs avertis, le parallélisme des formes dans la sentence contre Afrique Media fait aussi problème, la tutelle des médias au Cameroun n’étant autre que le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd). Et même, en matière professionnelle, selon l’article 10 de la Charte de Munich (1971) portant sur les droits et devoirs du journaliste, tout journaliste digne de ce nom n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.

Or, le Cnc n’est, à l’évidence, qu’une émanation du gouvernement placée sou la tutelle du Premier ministre. Sans compter que le régulateur perd, chaque jour, des procès devant des juridictions camerounaises pour déni de droit. Ce fut le cas avec le groupe de presse L’Anecdote de Jean Pierre Amougou Belinga et le journal La Nouvelle de Jacques Blaise Mvié, à qui le tribunal administratif a donné gain de cause. Ainsi caricaturé, le Cnc est désormais étiqueté comme un bras armé au service de lobbies et de gourous, de tueurs à gages des libertés. Hélas !

© Source : La Météo

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